ATTENTION, CE BILLET CONCERNE LE 3e TOME D'UNE TETRALOGIE.
- "Origines, tome 1 : le Château des Millions d'années".
- "Origines, tome 2 : le Marteau de Thor".
Une série qui me fait trépigner, dont je vais attendre maintenant fébrilement (si, si, fébrilement...) l'ultime tome. Mais quel plaisir de retrouver cet univers qui mêle habilement les codes du roman d'aventures dans un contexte historiques et ceux d'un roman de SF (en lorgnant vers le pulp). J'évoquais dans le billet consacré au deuxième tome, "le Marteau de Thor", la bascule que j'avais ressenti dans cette série, confirmation avec ce nouveau volet, arrivé avec l'été, qui nous fait entrer dans une nouvelle dimension. Et pas uniquement parce que la guerre a été déclarée, mais parce qu'un nouveau personnage entre en force dans l'histoire (regardez le titre du billet) : l'Amérique. Enfin, pas tout à fait... "Club Uranium", de Stéphane Przybylski, aux éditions du Bélial, nous propose une course-poursuite haletante, mais surtout un sacré jeu d'alliances et de trahisons avec son lot de surprises, jusqu'aux dernières lignes, en ouverture d'un bouquet final très attendu...
La guerre a débuté et, plus que jamais, la maîtrise de l'arme miracle découverte en Irak par Saxhäuser devient un enjeu capital. Les Allemands et les Anglais ont chacun des vues sur cet armement d'origine extraterrestre (même si cela doit rester secret, bien sûr), mais chaque camp n'a pas toutes les cartes en main.
Les Anglais ont la momie et le fameux bracelet, les Allemands ont une fiole dont ils ignorent le contenu véritable. Et seul Saxhäuser, l'insaisissable Saxhäuser, détient le mode d'emploi, si l'on peut dire, de tout cela. De part et d'autre, les services secrets sont en ébullition pour trouver le moyen de rassembler tous les éléments afin de comprendre le fonctionnement de cette arme.
Côté nazi, entre l'Abwehr du vieillisant Whilhelm Canaris et le SD du très ambitieux Reynhard Heydrich, on se tire la bourre et son se fait des cachotteries, chacun voyant l'occasion de griller l'autre pour obtenir les faveurs de Hitler. Côté anglais, on est bien décidé à découvrir l'origine de cet armement pour en comprendre le fonctionnement au plus vite.
Voilà pourquoi, alors que la guerre tonne en Europe, c'est du côté du Moyen-Orient que les agents secrets trouvent refuge, afin de retrouver le fameux Château des Millions d'années et ses extraordinaires secrets. Mais, la région elle aussi est très instable, entre protectorats britanniques et percées nazies.
Mais, une nouvelle donnée est à prendre en compte dans cette guerre archéologique : l'irruption dans tout cela d'un homme rapidement aperçu dans "le Marteau de Thor", mais qui va tenir un rôle central dans "Club Uranium", M. Lee. Alias l'homme du 92e étage de l'Empire State Building. Et donc, le cousin américain.
Il a tout d'un espion, mais pour qui roule-t-il exactement ? Difficile à dire, tant il semble qu'il agisse en électron libre, avec des commanditaires assez mystérieux. Mais, l'atout de Lee, il est ailleurs : lui a réussi le coup de force d'entrer en contact avec les extraterrestres et de négocier directement avec eux. Une alliance bien trouble, une belle partie de poker menteur...
Lee aussi espère bien mettre la main sur les trésors du Château des Millions d'années. Et dans ce but, il profite de la position neutre de son pays en cette année 1940 pour composer un groupe de spécialistes dans des domaines aussi bien intellectuels que physiques afin de lancer une expédition vers l'Irak sur les traces de cette civilisation venue d'ailleurs.
Mais n'allez pas imaginer que Lee rassemble une espèce de Ligue super-héros, non, son groupe, c'est plutôt les "Têtes brûlées", si vous voyez ce que je veux dire... Disons qu'on a plutôt choisi des personnalités qu'on puisse contrôler aisément en raison de, euh, certains travers. Ce qui n'enlèvent rien à leurs compétences, mais permet de s'assurer leur entière discrétion...
Les acteurs sont en place. Ou presque. Car, bien sûr, il faut toujours compter sur Saxhäuser, l'homme à l'origine de toute cette histoire, bien malgré lui, et qui a choisi depuis, de jouer sa carte personnelle. Le SS en plein doute sur la direction prise par Adolf Hitler, dont il fut l'un des premiers gardes du corps, a laissé la place à un redoutable combattant ne roulant plus que pour lui-même...
Voilà le décor de ce troisième tome planté, pour les péripéties en elles-mêmes, là, il vous faudra lire le roman. Mais vous voyez que, non seulement, il y a pléthore de personnages, mais aussi différents camps, pas franchement unis, ni les uns, ni les autres. Et ce raisonnement ne vaut pas que pour les humains, car, du côté extraterrestre aussi, des signes de dissension apparaissent...
Bref, si les enjeux sont enfin relativement clairement définis, eh oui, il reste encore deux, trois détails à éclaircir, quand même, le nombre de joueurs a augmenté de manière importante et le contexte guerrier et la montée féroce des ambitions nazies vient changer sérieusement les choses. Le bras de fer est enclenché, reste à savoir qui sera le plus malin, le plus habile... Et le plus efficace.
Autour des personnages que l'on suit depuis le début, Saxhäuser et Erchingen pour les personnages fictifs, Heydrich, Canaris, Himmler pour les personnages historiques, viennent s'agréger de nouveaux visages qui montent en puissance. Le monde des espions est petit, les bruits circulent vite et les alliés d'hier peuvent rapidement devenir les adversaires de demain, et vice-versa.
Au coeur de ce troisième tome, l'inquiétant M. Lee. Inquiétant, parce que tout sent l'embrouille en lui, de son nom, sans doute fictif, à son boulot, qui fleure bon la couverture, les commanditaires et plus encore les objectifs... Stéphane Przybylski joue avec le contexte historique tel qu'on le connaît et, en particulier, l'émergence progressive des Etats-Unis comme première puissance mondiale.
Pendant que l'Allemagne et l'Angleterre concentrent leurs forces à se faire la guerre en Europe, principalement, l'Américain, libre de toute contrainte, pour le moment, peut alors tirer son épingle du jeu et espérer coiffer les autres belligérants au poteau et emporter la mise. Une arme pareille dans les mains américaines, et la puissance du pays sera acquise. Enfin, du pays... A voir...
Mais Stéphane Przybylski joue aussi très bien avec les faits historiques qu'il intègre à son histoire, leur donnant un sens particulier (on reste dans un univers qui flirte avec l'uchronie, rappelons-le) ou s'en servant de moteur pour faire avancer son intrigue. Je n'entre pas dans les détails ici, mais je dois dire que ces faits, en Europe comme en Irak, s'imbriquent parfaitement.
Ajoutez quelques clins d'oeil qui entrent en résonance avec l'imaginaire collectif, comme "Rencontre du 3e type", évidemment, "les Envahisseurs", et même le Watergate et le film que cette affaire a inspiré dans les années 1970... Ah, j'oubliais le clin d'oeil le plus évident, c'est Indiana Jones, bien sûr, encore plus d'ailleurs que dans le premier volet, avec un passage qui devient aussitôt très amusant.
Parlons enfin des extraterrestres, car, peu à peu, ils se dévoilent. Très discrets dans les deux premiers tomes, nous laissant des informations parcellaires, malgré quelques interventions spectaculaires. Avec ce troisième tome, on commence à mieux voir pourquoi la tétralogie s'appelle "Origines". Et, là encore, l'auteur s'amuse avec quelques idées très intéressantes.
Ce troisième tome est plus que jamais entre guerre mondiale et guerre des mondes, puisque, outre le conflit ouvert qui monte, qui monte (l'essentiel de l'action se déroule entre 1940 et 1942), on découvre quelques aspects de cette vie extraterrestre qui a accompagné l'évolution de l'humanité depuis une dizaine de millénaires à peu près.
Et là encore, Stéphane Przybylski joue sur les aspects classiques du genre, l'envahisseur venu d'ailleurs particulièrement menaçant, etc. Mais, il y ajoute quelques éléments de son cru qui devraient nous réserver quelques surprises supplémentaires dans le dernier tome... Et je ne parle pas que de l'improbable alliance scellée avec Lee.
Le dernier point que je vais aborder ici est peut-être le plus délicat. Depuis le début de cette tétralogie, Stéphane Przybylski brouille allègrement les cartes et on peut parfois être surpris de la place donnée aux nazis. Peut-être est-on trop habitué à les voir systématiquement comme les grands méchants, forcément.
Ici, c'est bien moins net. Saxhäuser, même si c'est un repenti, en tout cas, en bonne voie de l'être, reste un SS. Les personnages historiques sont traités dans leur monstruosité, leur côté diabolique, opportuniste et trouble (les ambitions personnelles et l'idéologie donnant une bonne émulsion lorsqu'on essaye de les mélanger).
Mais, ils sont au premier rang des personnages de cette histoire et, en face, le camp du bien qu'on pourrait attendre n'est pas franchement au rendez-vous. Lee incarne parfaitement cette ambiguïté, tant il est cynique, détestable, dangereux... Ne parlons même pas de ceux qui se cachent derrière lui et qui, finalement, visent à peu près les mêmes buts que Hitler et sa clique, mais par des moyens différents.
C'est assez dérangeant, tout cela, mine de rien. Peut-être aussi parce que l'on connaît, ou que l'on croit connaître la suite : l'effondrement du Reich, la victoire des Alliés, l'instauration d'un monde libre et pacifique (si l'on excepte, oh, rien du tout, quelques décennies de Guerre Froide), etc. Mais aussi parce qu'il y a en jeu les apports extraordinaire des ET, capables de tomber dans de très mauvaises mains (et celles qui se tendent semblent toutes l'être...).
Attendons maintenant de voir comment va se dénouer cette tétralogie et où elle va nous emmener. "Club Uranium" est un roman qui va à toute vitesse, qui comme les autres tomes, est construit avec des chapitres très courts, des rebondissements permanents, des sauts dans le temps, passé et futur, et dans l'espace qui n'arrêtent pas jusqu'à parfois désorienter le lecteur...
On est happé par cette lecture, qui ne perd pas son rythme au fur et à mesure de son avancée, et l'on attend un bouquet final à l'avenant. Cette inquiétude suscitée par tous les personnages ou presque, les quelques éléments futurs qui nous sont jetés en guise d'appâts au fil des pages, tout cela renforce les sensations d'inconfort du lecteur qui ne sait plus à qui se vouer, à qui se fier...
Ca sent l'entourloupe, et de première qualité, tout ça, sauf qu'on ne sait pas encore qui saura tromper son monde et dans quel but exact. Et ce n'est pas le cliffhanger sur lequel s'achève ce troisième tome qui changera les choses, tant il nous laisse comme deux ronds de flan... Et, aucun doute, avant d'entrer dans la dernière ligne droite, on a la paranoïa qui nous démange, et pas qu'un peu !
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