vendredi 1 février 2013

"En Russie, tout est mystère, rien n'est secret..." (Madame de Staël).

Je me dis souvent que le terme "roman historique" est un oxymore... L'histoire, ce sont des faits, alors que le roman laisse place à l'imagination. Et pourtant, parfois, lorsque les faits ne suffisent pas, le recours à l'imaginaire peut nous permettre d'appréhender différemment les faits historiques, de réfléchir à ce qui a pu se passer, mais aussi, à ce qu'est l'Histoire et comment naît l'Histoire qu'on qualifie d'officiel. Voilà un bel exemple, sur un des plus grands mystères du XXème siècle, aujourd'hui officiellement expliqué, mais sur lequel planent encore de nombreux doutes et qui a pris des allures de légendes : la mort de la famille Romanov, en 1918, sous les balles des Bolcheviks. Avec "Nous, Anastasia R.", les bédéistes devenus romanciers, Patrick Cothias et Patrice Ordas (en grand format chez Grand Angle), se penchent sur cette énigme et nous en offre une version très originale. Un livre qui ne retrace sans doute pas la vérité, mais très documenté et finalement, assez plausible.


Couverture Nous, Anastasia R.


Après l'abdication du Tsar Nicolas II, en mars 1917, la famille impériale de Russie (le couple impérial, leurs 4 filles, les Grandes Duchesses Olga, Tatiana, Maria et Anastasia) et leur fils, Alexis, pas encore 14 ans) a été mise aux arrêts. D'abord en résidence surveillée à Tsarskoie Tselo, elle a été envoyée à l'été 1917 à Tobolsk, en Sibérie Occidentale. Mais, après la Révolution d'Octobre, le Tsar est devenu encombrant pour les Bolcheviks. Le pouvoir des Soviets n'est pas encore très solide, l'opposition monarchiste perdure et les nouveaux maîtres du pays redoutent une évasion du souverain, derrière lequel les Armées Blanches pourraient se rallier, s'unifier et mettre à mal la Révolution...

Alors, au printemps 1918, la famille Romanov va être transférée à Ekaterinbourg, ville de l'Oural, à près de 2000km de Moscou, sur la ligne du Transsibérien. Là, ils sont installés dans la Maison Ipatiev, du nom de son ancien propriétaire. Une maison qui va vite devenir une prison, cernée d'une palissade de bois... La famille y est surveillée par des Bolchaviks fervents, volontiers violents, souvent ivres, qui multiplient les humiliations à l'encontre de la famille et des personnes qui l'ont accompagnée dans cet exil : Anna Demidovna, dame de compagnie de la Tsarine, Evgueni Botkine, le médecin du Tsarévitch, atteint d'hémophilie, Alexis Trupp, valet de pied du Tsar et Ivan Kharitonov, cuisinier.

Lorsque s'ouvre le roman de Cothias et Ordas, c'est le mois de juillet 1918. Voilà plusieurs mois que les Romanov sont à la villa Ipatiev. Les rumeurs d'avancées des armées blanches se font de plus en plus fortes. En face de la maison où est détenue la famille, viens de s'installer un jeune homme. Il loge chez une veuve de guerre, Dora Koster. Il s'est présenté comme un menuisier et a proposé de reprendre l'activité du défunt mari contre un logement, ce qu'a accepté Dora, femme simple mais sensible et, surtout, quasiment muette...

Mais, ce jeune homme n'est pas menuisier. Félix Volodine, pas encore 20 ans, est, malgré son jeune âge, déjà officier dans l'armée blanche. Il a accepté, malgré le risque, de venir chercher des renseignements sur la situation de la famille impériale, qui pourront servir à une éventuelle offensive visant à libérer les prisonniers. Aussi, fréquente-t-il, quand c'est possible, la villa Ipatiev et ses habitants. C'est ainsi qu'il va faire connaissance des membres de la famille impériale... et tomber fou amoureux de la plus jeune des filles de la famille, Anastasia.

Mais le charme des Grandes Duchesses a frappé ailleurs, de façon bien plus inattendue, encore. Parmi les Tchékistes présents à Ekaterinbourg, se trouve Alexandre Tzchaïkowski, ancien médecin de la marine qui a rejoint les Bolcheviks après les émeutes de 1905. Mais, gros souci, l'homme est tombé sous le charme de la Grande Duchesse Tatiana, qu'il sait inaccessible... C'est pourtant bien pour la voir en chair et en os qu'il a réussi à se faire envoyer à Ekaterinbourg, comme gardien de la villa Ipatiev.

Mais, il n'est pas venu seul dans l'Oural. Il est accompagné d'une très jeune femme, Franziska, sa maîtresse, mais pas exclusive, car la jeune femme entretient une liaison avec Grigori Nikouline, le n°2 des Tchékistes chargés de surveiller les Romanov. Un jaloux, celui-là, qui n'hésite pas à frapper la jeune femme, et férocement... C'est d'ailleurs le cas en cette mi-juillet. A tel point que la jeune femme est laissée pour morte devant la villa Ipatiev.

C'est Félix qui va la ramener chez la veuve Koster et la soigner. Puis, il va aider Tzchaïkowski à fuir avec elle avant l'arrivée imminente des Blancs. Ce que ne sait pas Félix, c'est que les évènements vont se précipiter. En effet, dans la nuit du 17 au 18 juillet, sous prétexte de prendre une photo des 7 membres de la famille impériale et des 4 membres de leur suite, Yakov Yourovski, intendant de la villa Ipatiev, les fait réveiller et leur ordonne de descendre dans une cave de la villa.

Là, les attendent un véritable peloton d'exécution qui va perpétrer un vrai massacre. Ordre a été donné à Yourovski d'exécuter toute la famille impériale, Tsar et Tsarévitch en priorité, les autres pour éviter tout témoignage pouvant nuire aux Bolchéviques. La pièce est minuscule pour accueillir tant de monde et les Romanov sont abattus à bout portant puis achevés sans ménagement à la baïonnette.

Félix n'a pas le temps de réagir, il comprend trop tard que le drame a eu lieu. Mais, il va en constater les épouvantables résultats de visu, puisqu'on vient le chercher pour aider à sortir les corps de la souillarde, à les charger sur un camion et à les transporter dans une forêt voisine où se trouve un puits de mine, idéal pour se débarrasser des corps et empêcher qu'on les retrouve avant longtemps...

Mais, lorsqu'il prend dans ses bras le premier corps qu'on lui apporte, il constate que ce n'est pas un cadavre. Miraculeusement, cette personne n'a succombé ni aux balles, ni aux coups, même si ses blessures sont aussi nombreuses que sérieuses... Et cette survivante, c'est Anastasia, il la reconnaît, malgré sa mâchoire fracturée. Anastasia, celle qu'il aime...

Alors, prenant tous les risques, Volodine "escamote" le corps meurtri de la Grande Duchesse, unique survivante du massacre, en la cachant, comme il l'avait fait quelques jours plus tôt, avec Franziska, dans sa chambre, chez sa logeuse, Dora, dont les sympathies et la foi religieuse, discrètes mais sincères, vont vers les idées monarchistes...

Il retourne ensuite aux côtés des autres tchékistes cacher les corps des autres condamnés à mort, brûlés à l'acide et jeté dans ce fameux puits de mine... A leur insu, il devient témoin du lieu de sépulture plus que sommaire du dernier Tsar de toutes les Russies et de la quasi totalité de sa famille. Pour ce fervent tsariste, le coup est dur, mais il devient plus que jamais important d'aider Anastasia à se cacher, peut-être à fuir la Russie, au cas où les offensives blanches échoueraient. Il ne doute pas un instant de la menace qui pèse sur la jeune femme, si on découvre qu'elle s'est sortie du piège de la Villa Ipatiev...

A partir de cette funeste soirée, Volodine va véritablement devenir le témoin privilégié des évènements relatifs à la mort des Romanov. Et pour cause, Anastasia, remise de ses blessures et devenue sa cousine, va l'accompagner toute sa vie durant. Mais Félix sera aussi aux côtés du juge Sokolov quand celui-ci fera son enquête officielle concluant à l'assassinat de la famille impériale, dans laquelle il va jouer un rôle précieux. Il fuira de Russie en Allemagne puis d'Allemagne en France pour échapper aux tueurs qui poursuivent la Grande Duchesse, témoin encombrant...

Dans cette fuite, Anastasia et Félix vont obtenir un renfort involontaire mais bien réel : celui de Franziska. Je vous ai parlé de cette jeune femme, dont la trajectoire ne s'est pas arrangée depuis son départ de Russie. C'est dans un hôpital psychiatrique de Berlin qu'il la retrouve. Elle est mutique, se cache le visage sous ses draps. Et pourtant, le bruit court qu'elle est Anastasia et qu'elle a survécu au massacre de sa famille...

Et il est vrai qu'il y a quelque chose dans le visage de la jeune femme qui rappelle les Romanov. Elle a le même regard que Nicolas II, ces yeux si particuliers qu'on retrouvait chez le père et ses enfants... Mais, curieusement, et c'est ce qui avait attiré l'attention de Tzchaïkowski sur elle, Franziska ressemble plus à Tatiana qu'à Anastasia. Il n'empêche, la légende est en marche et celle que le grand public connaîtra bientôt sous le nom d'Anna Anderson, va semer juste ce qu'il faut de doute dans les esprits pour servir de contre-feu idéal à la fuite des Volodine...

Une fois la menace rouge définitivement écartée, Anastasia et Félix auront une vie tranquille, aisée mais loin des fastes impériaux, la Grande Duchesse devenant une femme de la haute société mais consciente qu'elle ne régnerait jamais et s'en accommodant parfaitement. "Je suis, je fus, Anastasia Nicolaïevna Romanova. Qui est morte. Je suis morte aussi. Je suis le spectre d'un faux mensonge", dit Anastasia, sous la plume de Cothias et Ordas.

Ensemble, Anastasia et Félix traverseront le XXème siècle et ne reviendront en Russie qu'en 1978. Là, ils retourneront à la Villa Ipatiev que le pouvoir communiste veut raser, afin d'éviter que, la détente aidant, l'endroit ne devienne un lieu de pèlerinage. Coïncidence ou cynisme, la date choisie pour cette destruction se situe 60 ans jour pour jour après la mort des Romanov, à la demande du responsable local du Parti, un certain... Boris Eltsine ! La visite sera éprouvante, effrayante, décisive pour le couple, projeté violemment dans ce passé terrible qui leur semble encore si proche...

Mais Anastasia et Félix vont connaître une longue vie commune, très longue, malgré tous les dangers encourus, malgré le traumatisme de cette visite à Ekaterinbourg, malgré le grand âge. Leur vie accompagnera les ultimes rebondissements ayant trait à la mort des Romanov, jusqu'à la réhabilitation en grande pompe. Et, finalement, même la mort ne saura les séparer...

Cothias et Ordas ont su parfaitement mêler faits historiques avérés, faits historiques supposés, faits historiques tenus comme les plus vraisemblables, mais aussi injecter leur imagination galopante et même, un de leur péchés mignons, un soupçon de fantastique dans leur roman pour nous offrir une histoire qui relève autant du thriller que du roman historique traditionnel et de la saga familiale (par procuration).

Leur mode de narration aussi est étonnant. Il y a en fait trois narrateurs, Félix, Anastasia et, présente mais beaucoup moins que les deux autres, Franziska. Et chacun raconte ce qu'il a vécu dans des journaux intimes que nous découvrons peu à peu. Choix aussi de trois époques, avant l'exécution, les années 20, entre fuite, actions diplomatiques et entrée dans le grand monde, enfin l'époque contemporaine et le communisme finissant. Un grand merci aux auteurs qui ont pensé à ajouter en annexe une dizaine de pages pour rappeler

J'ai beaucoup aimé ce roman où le vrai, le vraisemblable et la fiction se mêle parfaitement, au moins pour ce qui est des deux premières époques. La troisième époque, elle, joue sur des ressorts différents, presque une parabole, le couple se frottant de nouveau au communisme, puis, suite à cette visite en URSS, connaissant une fin de vie très particulière mais jamais sans un profond amour et un immense respect réciproques.

Le titre du roman, "Nous, Anastasia R.", peut être lu de deux façons différentes, me semble-t-il. D'abord, le Nous de majesté, utilisé par les souverains. Après tout, Anastasia ayant survécu, elle est l'héritière légitime du trône de Russie, qui a fait bien des envieux après 1918. Certes, elle y renonce très tôt, comprenant que, quelque soit l'issue du nouveau régime dirigeant de son pays, il sera bien difficile de rétablir une monarchie bien peu populaire au moment de sa chute. Sans doute aussi se dit-elle que ce serait bien trop difficile de succéder à son père dans ces conditions...

Et puis, ce Nous, c'est aussi la dualité du personnage d'Anastasia : la vraie et celle que dit être Franziska; Deux Anastasia au parcours aussi différent que parallèle. Une qui se fait extrêmement discrète même si son identité semble parfois être un secret de Polichinelle, une autre qui défraye régulièrement la chronique, croit sincèrement être devenue la Grande Duchesse survivante, se bat pour être reconnue comme telle, etc. Etonnante dualité...

A travers les contextes historiques des trois périodes, très bien rendus, on voit évoluer les deux femmes selon un parcours diamétralement opposé : Anastasia, née aristocrate de haut rang, élevée en tant que telle mais redevenant une femme du commun, certes, d'un commun aisé sur le plan matériel et d'une catégorie sociale encore élevée, mais bien plus enracinée dans le monde qui l'entoure que si elle avait régné. Sa douceur, sa modestie, son absence d'affectation frappe, comme si elle se rédimait de ce qui est arrivé à sa famille. Pourtant, l'autorité est là, la dame sait se faire respecter si besoin, comme on le voit en plusieurs circonstances. Anastasia vue par Cothias et Ordas a une vraie noblesse, celle du coeur.

Au contraire, Franziska, devenue Anna, ne va cesser de tout faire pour s'élever bien au-dessus de sa condition. Cothias et Ordas en font une fille de paysanne allemande mais qui n'a jamais paru appartenir à ce monde. Elle a toujours des manières sophistiquées qui, malgré son peu d'éducation, sauront tromper bien du monde, avant et après le drame d'Ekaterinbourg. Mais, son grand talent, si je puis dire, c'est d'avoir su se faire éponge pour s'imprégner non seulement de la vie d'Anastasia mais aussi de tout ce qui fait d'une femme une princesse. Qu'elle soit mythomane, une comédienne brillante ou une pauvre femme qui a voulu faire de ses rêves d'enfant une réalité, elle a su longtemps donner le change au point de convaincre certains membres des familles royales européennes.

Mais Cothias et Ordas insistent, c'est une vision romanesque des choses, pas une thèse. Juste un récit qui se veut plausible en fonction de ce que l'on sait. Avec un côté spectral qui ne quitte jamais Anastasia, comme l'évoquait la phrase citée plus haut. Même survivante, elle est une espèce de fantôme, un être sans existence qui traverse le XXème siècle sans imprimer sa marque. Jusqu'à ce terrible retour à la Villa Ipatiev et cette visite après laquelle on se pose bien des questions... Et si... Et si la légende Romanov se doublait d'une malédiction, comme l'on dit certains ?

Le récit des évènements des 17 et 18 juillet 1918 est à la fois redoutablement réaliste, poignant, quelles que soient nos opinions sur la monarchie russe et ses errements, remarquablement documenté, permettant ainsi de posséder tous les détails qui ont pu, par la suite, expliqué les rumeurs devenues légendes, les hypothèses parfois fantaisiste... Mais force est de constater que la possibilité de survivants à ce cauchemar d'une nuit d'été a perduré, divisant jusqu'aux familiers des victimes.

Pour l'anecdote, les auteurs font un incroyable recensement dans l'annexe du roman : outre Anna Anderson, dans les années qui ont suivi la mort présumée des Romanov, une femme s'est manifestée en prétendant être Olga, 3 autres ont dit être Tatiana, 4 ont affirmé être Maria, 2, Anastasia et 4 hommes se sont présentés comme étant le Tsarévitch Alexis, pourtant condamné par la maladie à brève échéance... Sans oublier la rumeur qui veut que la Tsarine Alexandra se soit réfugiée en Italie, où elle serait morte en 1942, dans un couvent de Florence...

Bref, malgré les évènements récents qui ont mis officiellement un terme aux légendes Romanov pour en faire un mythe, religion à l'appui, les rumeurs persistent, les thèses s'opposent et il est bien difficile de savoir ce qui s'est réellement passé à la Villa Ipatiev. Voilà un terreau idéal pour un roman passionnant, ce qu'on réussit Cothias et Ordas.

Et, pour ceux qui voudraient approfondir la réflexion, non pas sous la forme romanesque, cette fois, mais bel et bien à travers une enquête historique, je vous conseille de regarder "l'ombre du doute", émission de Franck Ferrand diffusée sur France 3 et consacrée à ce sujet. Etonnant hasard, j'ai découvert en court de lecture la diffusion de cette émission et j'ai fini le livre mercredi après-midi, quelques heures avant sa diffusion.

Vous n'avez pas vu cette émission ? Que diriez-vous d'une séance de rattrapage ?

Voilà de quoi voua aidez à vous faire un avis personnel sur le sujet...





5 commentaires:

  1. Voilà une période de l'Histoire mondiale que je méconnais totalement si ce n'est, justement, au détour de certains romans lus.
    Je ne suis pas certaine non plus que cela m'intéresse au point de lire ce roman qui me semble assez dense. Et pourtant, à lire ton billet, quelque chose m'attire... Alors disons que je vais garder ce titre dans un coin de ma tête car les vide-grenier et les salons littéraires réservent parfois de belels rencontres...

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  2. Il y a un bon moyen pour savoir si ces petites histoires de la grande Histoire t'intéresse : regarde l'émission que j'ai mise en lien à la fin de l'article. Cette histoire d'Anasatasia et, plus largement, le mystère qui plane toujours sur la mort des Romanov est un sujet absolument fascinant.

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  3. Ce livre entre définitivement dans ma wish-list :)

    Je suis fascinée par le mystère Anastasia et par le destin de la famille Romanov, et j'ai beaucoup lu sur eux depuis l'adolescence. J'ai notamment lu plusieurs ouvrages sur Anna Anderson, dont certains publiés avant que les tests ADN prouvant qu'elle n'était pas une Romanov aient été pratiqués.

    S'il ne fait aucun doute que le tsar et le tsarévitch ont bien été assassinés cette nuit-là en raison ce ce qu'ils représentaient (quoi que je doute qu'Alexis, s'il avait été laissé en vie, ait pu un jour reprendre le trône, en raison de son hémophilie il n'aurait probablement pas atteint l'âge adulte), je crois en revanche possible que
    les grandes-duchesses et peut-être même la tsarine aient pu survivre. Il y a une thèse qui soutient que plusieurs témoins les ont vues en vie plusieurs jours après leur massacre supposé. On dit que les révolutionnaires les auraient épargnées parce qu'en tant que femmes, elles ne représentaient pas de danger, et surtout parce que la tsarine Alexandra était allemande et la petite-fille de la reine Victoria, et son meurtre aurait pu créer des tensions avec l'Allemagne et la Grande-Bretagne. Ce qui suppose bien sûr que les gouvernements de ces deux pays étaient dans le secret et ont probablement protégé la tsarine et ses filles ensuite. Comme tu l'as dit, plusieurs femmes ont prétendu être les grandes-duchesses disparues dans les décennies qui ont suivi.

    Il y a aussi la théorie concernant la seule Anastasia, la même que dans le roman : laissée pour morte alors qu'elle respirait encore, elle aurait été sauvée puis cachée. Il faut savoir que plusieurs membres survivants de la famille Romanov ainsi que d'anciens domestiques ont formellent reconnu Anastasia en Anna Anderson, alors qu'on sait pertinemment que celle-ci n'était pas la grande-duchesse. Comme dans le roman, la thèse est qu'Anna Anderson était un leurre destiné à détourner l'attention de la véritable Anastasia qui vivait cachée quelque part. Et ceux qui l'ont reconnu participait également à la supercherie. Si on peut trouver la survivance des femmes Romanov improbable (ça fait beaucoup de monde à cacher), en revanche celle d'Anastasia (ou d'une autre grande-duchesse, après tout la survivante, s'il y en a une, n'est pas forcément Anastasia) est tout à fait plausible.

    Alors oui je sais, les corps ont été retrouvés et identifiés. Mais le doute plane sur les laboratoires qui ont effectués les tests, certaines thèses avancent qu'ils seraient faux et qu'en fait les corps ne seraient pas ceux des Romanov, ou du moins pas tous. Après on peut croire à la théorie du complot, vu qu'il n'y a pas qu'un labo russe qui a effectué les tests mais aussi un labo américain. Il faudrait donc supposer que tout le monde est dans le coup :)

    Certains partisans de la survivance trouvent aussi étrange que les deux corps manquants lors de la première exhumation (celui d'Alexis et d'une de ses soeurs, qui n'était finalement pas Anastasia, mais Maria) aient été retrouvés des années après et soupçonnent une machination là-dessous).

    Personnellement, je pense qu'il est possible qu'au moins une des grandes-duchesses aient pu survivre, et on va dire que mon esprit romanesque espère que c'est le cas :D Quoi qu'il en soit, presque un siècle après, le mystère plane toujours autour de la mort des Romanov et ils sont bien partis pour rester une de ces énigmes historiques insolubles...enfin pour qui croit à la survivance, pour les autres l'affaire est terminée !

    Désolée pour le pavé mais c'est un sujet qui me passionne :)

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  4. Tu es complètement en phase avec l'émission de Ferrand qui revient sur toutes ces hypothèses. Y compris une que je ne connaissais pas, qui est celle de la survie de la famille attestée par un télégramme allemand daté du 10 septembre, je crois, soit près de 2 mois après la date présumée des exécutions. Ce document, qu'on voit dans l'émission, forcément, pose des questions... Mais, qu'on pense qu'il y a eu des survivants ou pas, il n'y a que des présomptions, aucune véritable preuve matérielle, hormis les tests ADN, qui sont contestés.

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