lundi 12 septembre 2011

Des cowboys, des indiens et... une femme louve

S'appeler Sylvie Wolfs et publier un roman intitulé "la légende de la femme-louve", voilà qui attire déjà l'attention. Mais quand vous saurez que cette saga (dont le premier volet "Traque sauvage", est paru aux éditions "les nouveaux auteurs") est un western mâtiné de fantastique, voilà qui devrait, comme pour moi, attiser votre curiosité.




Jewell O'Connor est une jeune femme d'origine irlandaise qui s'est retrouvée, très jeune, en plein Far West. Elevée par des Sioux, elle y a développé quelques pouvoirs, qu'elle ne maîtrise ni ne comprend vraiment. Quelques années plus tôt, elle a tué un homme, un notable. On ne sait rien des circonstances de ce crime, mais elle affirme qu'elle a agit en état de légitime défense.

Pas convaincant pour le juge McCarthy, étrange personnage albinos, en charge de l'affaire et ami de la victime. Voulant se venger de la meurtrière, il a envoyé aux trousses de Jewell un homme noir, un chasseur de primes effrayant et impitoyable, Wiley Hurt. C'est lui qui engage la traque sauvage visant à ramener, morte ou vive, Jewell au juge McCarthy.

Un traque qui les emmène à Woodson, paisible bourgade du Montana, que ce choc va ébranler sur ses fondations... Wiley, après avoir terrorisé la ville, finit par mettre la main sur Jewell. Mais, celle-ci le blesse grièvement avant d'être arrêtée par le shérif local. Le juge McCarthy, arrivé sur place pour présider le procès de la jeune femme, surprend son monde : au lieu de la condamner à la pendaison pour les crimes qu'il lui reproche, il lui impose un verdict qui ressemble plus à un chantage qu'à une décision de justice, car McCarthy dispose du moyen idéal pour menacer et faire plier la jeune femme.

Il libère la jeune femme, à une condition, qu'elle aille chercher le seul homme capable de ramener Wiley à la vie. Cet homme, c'est un apache, dont la tribu a été parquée dans une réserve à l'autre bout du pays, en Arizona. Commence un nouveau voyage pour la jeune femme, qui sait qu'il pourrait, quoi qu'il advienne, lui être fatal. Mais, elle n'imagine pas que ce voyage va surtout ouvrir une terrifiante boite de Pandore.

Voilà un genre qu'on peut dire obsolète, en tout cas laissé à l'abandon (n'oublions pas "Retour à Brokeback Mountain" ou "Bloodsilver", parus ces dernières années, par exemple, mais qui sont plus des romans où le western est un décor). Sylvie Wolfs (son vrai nom, précise-t-on en 4ème de couverture) remet donc au goût du jour les archétypes d'un genre qu'elle apprécie (et ça se sent, car les références sont nombreuses).

Mais, à l'image d'un Blueberry, version Kounen, elle ajoute aux situations classiques du western, une dimension fantastique, avec ces pouvoirs que possède Jewell, qu'elle a du mal à comprendre, encore moins à maîtriser. Pouvoirs dont disposent aussi d'autres personnages, ce qui va forcément conditionner le duel final, indispensable à tout bon western.

Mais Sylvie Wolfs ne s'arrête pas là dans les originalités : d'abord, bien sûr, en donnant le rôle central à une femme, dans un univers au combien masculin habituellement. Jewell n'est pas un clone de Calamity Jane, attention, elle conserve cette dimension très féminine, justement, qui la démarque totalement des personnages que l'on rencontre habituellement dans ce genre.

Ensuite, en ne misant pas du tout sur le politiquement correct. Qui poursuit, en effet, Jewell, animés, c'est peu de le dire, d'intentions franchement mauvaises ? Un noir, un albinos et un indien... On pourrait en rester là, mais poussons l'analyse un peu plus loin : qui sont ces hommes ? Des parias. Des hommes qu'on a mis à l'écart pour leurs couleurs de peau et qui, ayant acquis certains pouvoirs, terrestres, physiques ou magiques, prennent leur revanche sur un monde qui les a rejetés sans merci.

Et finalement, Jewsell est-elle si différente d'eux ? Non dans les faits, une femme, européenne mais élevée par des Indiens et déconsidérée, crainte, pour cela. La différence entre Jewell et ses adversaires réside dans les aspirations de la jeune femme qui voudrait en finir une bonne fois pour toutes avec ces histoires, les laisser derrière elle, passer à autre chose, une vie paisible, loin de conflits qui l'écoeurent.

Cédant initialement au découragement, prête à mourir pour mettre un terme à la traque et aux ennuis qui l'ont menée là, Jewell va finalement puiser en elle-même, au plus profond de son coeur, l'envie de se révolter contre ces injustices. Et elle va renverser tous les obstacles qui se présentent à elle, plus maligne que les autres, mais capable de se montrer aussi violente que les autres, malgré sa répulsion.

Et, avec elle, ce sont tous les personnages féminins conscients de leur soumission, qu'elle va entraîner à sa suite. Eh oui, un western peut aussi être un roman féministe, prônant l'émancipation de la femme. A condition, bien sûr, de réaliser qu'on est opprimer, de ne plus le supporter et de comprendre que, quelles que soient ses origines, on peut s'assumer parfaitement quand on appartient au sexe dit faible.

Je vais quand même mettre un bémol à ce billet : la narration m'a moyennement emballé. La limite perpétuellement floue entre rêve, transe et réalité m'a un peu fatigué, en particulier, dans la première partie qui amorce une histoire sans, je trouve l'exploiter à fond. L'usage régulier des ellipses aussi a gêné le lecteur que je suis, qui, en cours de récit, n'aime pas forcément devoir faire l'effort de remplir les vides. D'autant que Sylvie Wolfs a choisi d'écrire une saga, ce qui laisse la liberté de "faire long", non ?

En dépit de cette critique, la lecture de "Traque sauvage" a été un agréable moment de lecture qui redonne envie de se plonger dans cet ouest sauvage (sans forcément y mêler le fantastique, d'ailleurs) et j'ai bien envie de retrouver un de ces quatre Jewell, que nous laissons face à son destin en fin de roman.

Un autre chemin semé d'embuches l'attend désormais, le long duquel on a envie de galoper nous aussi.

5 commentaires:

  1. Heureux de voir que la rencontre avec Jewell fut plaisante, tout comme pour moi.

    Puisque vous avez aimé Traque Sauvage je ne saurais trop vous conseiller de vous procurer "Cheveux de Feu", le premier roman de Sylvie qui retrace justement le parcours de Jewell depuis son enfance jusqu'à l'épisode de Traque Sauvage. Sylvie l'a réédité pour ces lecteurs et il est disponible chez Lulu.com

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  2. Emballée voilà le mot qui m'est venue à l'esprit à la fin de la lecture ! je me suis totalement laissée emportée par Sylvie Wolfs où elle a voulu, comme elle l'a voulu et sans me poser plus de questions que cela y compris par rapport à la narration. J'aime être entre le rêve et la réalité et je trouve que c'est justement ce qui rend ce livre unique. J'espère que nous allons pouvoir avoir la suite... et en attendant je vais suivre le conseil d'El Jc :D

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  3. Merci pour ce billet ! J'aurai bientôt de très bonnes nouvelles éditoriales pour ma série, ..... à laquelle Cheveux-de-Feu sera inclus ;) Amicalement, Sylvie Wolfs

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  4. Merci à vous, Sylvie ! C'est toujours flatteur quand un auteur vient jeter un oeil sur son blog, plus encore quand le billet lui convient !

    Et merci pour cette bonne nouvelle qui ravira les nombreux amateurs de cette série !

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  5. Tiens ça a l'air pas mal comme roman, ça me tente bien!

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