mercredi 17 juillet 2013

« La guerre n’engendre que des martyrs, pas des héros ».

Petite escale en fantasy, ce soir, avec un roman de plus à entrer dans la catégorie « les rattrapages estivaux du Drille ». Un roman de fantasy, c’est vrai, mais construit comme un thriller et même comme un roman de guerre dans sa deuxième partie. Mais ne vous arrêtez pas simplement à cela, la réflexion qui porte le roman touche à des sujets qu’on peut tout à fait appliquer à notre monde : l’Histoire et comment on la raconte, l’éternel choix entre la guerre et la paix et, parfois, la nécessité de recourir à la première pour atteindre la seconde, les questions de dogmes religieux aussi, et ce qu’ils peuvent souvent dissimuler, l’intégrité et le besoin de vérité… Enfin, comment tirer des enseignements de tout ce que je viens d’évoquer. Avec « Druide » (disponible en poche chez J’ai Lu), Olivier Peru nous offre donc un roman de fantasy de fort belle facture et récolte une moisson de prix amplement mérité (dont le récent Prix des Lycéens Imaginales). Par la serpe et par le gui, en route au cœur de la forêt !




Imaginez un monde avec au nord, les Royaumes de Sonrygar et de Rahimir, toujours prompts à guerroyer l’un contre l’autre, au sud, la Terre des Tribus Unies, à l’est, un territoire mystérieux, interdit, séparé du reste du monde par un mur empoisonné, le Mur du Rôdeur, et, enfin, au centre, ou plutôt au cœur de ce monde, la Forêt.

Depuis plus d’un millénaire, cet ensemble essaye de vivre en harmonie autour d’un texte, le Pacte Ancien, sorte de document fondateur du monde tel qu’on le découvre au début du roman, et qui impose à tous les couronnés, comprenez les dirigeants des différents Royaumes, des règles très strictes, à respecter et à faire respecter absolument par tous.

« Inviolable est la forêt », voilà comment commence ce texte, qui fait de cet endroit précis une sorte de sanctuaire où seuls les druides, qui en sont ses gardiens, ont le droit d’évoluer librement. Ils y ont d’ailleurs tous les droits et « l’ennemi de la forêt est l’ennemi de tous », affirme-t-il encore. Gare à celui qui ne respecte pas ces commandements, il en sera châtié par tous les autres.

Le Pacte Ancien définit également quatre catégories de druides, les loups et les corbeaux, d’une part, qui peuvent sortir de la forêt et servir d’intermédiaires entre la forêt et les hommes, et les cerfs et les ombres, qui sont des prêtres, dirions-nous avec notre langage, chargé de rendre le culte à l’Arbre-vie, la divinité de la forêt.

Voilà pour la situation générale, un peu d’histoire et de géographie, maintenant, j’ai évoqué les deux royaumes du nord, Sonrygar et Rahimir. Le Sonrygar se trouve à l’ouest, son emblème est un aigle à trois têtes et son roi actuel, Yllias, jeune monarque de 25 ans, est assis sur le trône d’or. Le Rahimir, son éternel rival, à l’est, a pour emblème un ours dressé sur ses pattes arrière. Une grande partie de son territoire est occupée par des montagnes et les glaciers de Thorsen, c’est pourquoi son roi actuel, Tiriekson, siège sur le trône de glace. Entre les deux royaumes, une frontière naturelle, un grouffre baptisé « la Cicatrice », dont la formation est au cœur de nombreuses légendes.

Quand commence le roman, le druide Obrigan, maître loup qui a pour particularité d’avoir les yeux blancs, chevauche vers le Sonrygar, accompagné de ses deux apprentis, Tobias et Kesher, âgés de 16 et 17 ans. Obrigan a été envoyé dans ce royaume par le conseil de la porte du nord, une assemblée de druides âgés, chargés d’examiner les requêtes venus de chez les couronnés.

Or, un massacre vient d’avoir lieu dans une des forteresses du Sonrygar, toute proche de la Cicatrice, et, déjà, Yllias a fait savoir qu’il soupçonnait sérieusement le Rahimir voisin d’en être responsable. Un véritable casus belli, affirme le jeune et ambitieux souverain… L’autre raison de cet emballement est une prophétie qui fait d’Yllias celui qui réunira les deux royaumes du nord sous la même couronne…

Mais, de cela, Obrigan n’en a cure. Sa mission est de venir voir exactement ce qui s’est passé dans la forteresse de Wishneight, enquêter sur ces faits, découvrir les responsables et s’assurer, puisque c’est le rôle primordial des druides, que la paix sera maintenue. Une mission forcément délicate pour laquelle on a choisi un druide qui n’est pourtant pas le plus doué de sa génération, mais qui sait se montrer à la fois diplomate et autoritaire.

Sur place, Obrigan découvre une scène de pure horreur. Un massacre, effectivement, le mot est juste. A se demander si des hommes ont pu commettre de tels crimes : 49 soldats littéralement éventrés ou décapités au cœur même de la forteresse, dans la salle où trône le roi lorsqu’il vient en visite… Personne n’a rien vu venir, l’ennemi est arrivé et est reparti comme si de rien n’était…

Le seul survivant a apparemment complètement perdu la raison après avoir été témoin de cette innommable boucherie, qui a fait flancher même les plus endurcis des soldats du Sonrygar. C’est dire s’ils sont remontés contre le Rahimir, forcément coupable, et donc prêts à se venger dans un conflit forcément sanglant…

Il faut donc agir vite, mais Obrigan a du mal à cerner ce qui a pu se passer à Wishneight, tant l’équation à résoudre paraît inhabituelle. Et, pour couronner le tout, son seul témoin se suicide sans lui donner d’indice viable à peine a-t-il vu le druide… Etrange attitude… Obrigan apprend alors que Yllias a convoqué une institution : le Toit des Sages.

Ce lieu accueille des pourparlers pacifiques entre rois des deux royaumes du nord autour de la Table-anneau, un meuble séculaire autour duquel on essaye, de longue date, de régler les conflits avant qu’ils ne dégénèrent en guerre. Or, Obrigan entend bien peser sur cette rencontre de tout son poids de druide afin d’empêcher Yllias de déclarer à la guerre à Tiriekson.

La rencontre est houleuse, l’animosité entre les deux camps est palpable, particulièrement entre Yllias et Jarekson, fils du roi Tiriekson, qui ont, depuis des années, un lourd contentieux personnel. Obrigan, pourtant, va obtenir un délai avant que n’éclate la guerre. Oh, pas énorme, surtout eu égard à la situation qu’il a découverte dans la forteresse… Mais un délai, tout de même…

Il a 21 jours, pas un de plus, pour amener à Yllias les coupables du massacre de Wishneight afin qu’ils soient justement châtiés. Si au bout de ces trois semaines d’enquête Obrigan n’a pas découvert le coupable ou n’a pas réussi à le traduire devant le roi du Sonrygar, ce sera la guerre. Une guerre qui ne se terminera que par la reddition d’un des deux royaumes.

Alors, il faut se mettre au travail, et vite. Pour cela, Obrigan décide de lancer Tobias et Kesher dans le grand bain. Les apprentis druides n’ont pas encore travaillé en solo sur une affaire, eh bien voilà le moment venu : Obrigan veut en effet rentrer à la Forêt pour y quérir des renseignements qui pourraient être utiles à son enquête, mais il veut, étant donné la brièveté de son délai, avoir plusieurs fers au feu.

A Tobias de trouver un dessinateur capable de reproduire les cadavres découverts à Wishneight afin qu’Yllias, qui n’a pas vu la scène, puisse juger par lui-même et comprendre que celui ou ceux qui ont fait ça n’ont rien d’humain et donc, ne peuvent venir du Rahimir. Tâche délicate, car le Sonrygar accuse très souvent son voisin de recourir à la sorcellerie…

Quant à Kesher, son travail sera plus délicat encore : s’imprégner de la scène de crime, si je puis dire, et faire fonctionner son don pour essayer de mieux comprendre ce qui a pu se passer dans cette forteresse… Le don, c’est une aptitude réservée aux druides qui s’acquiert avec l’apprentissage et la patience, et qui permet d’entrer en contact avec les créatures vivantes, mais aussi, avec les pierres, par exemple, pour ce qui concerne le cas présent…

En fait, Obrigan est persuadé que Kesher sera bientôt capable de développer un don remarquable, bien plus fort que le sien, même, un don qui pourrait lui permettre de visualiser mentalement les événements de Wishneight comme s’il y assistait, ou du moins de recueillir des vibrations suffisamment fiables pour aguiller l’enquête. Obrigan a conscience du traumatisme que cela peut représenter, mais il n’a pas assez de temps devant lui pour se passer de cette possibilité.

Voilà donc les trois druides chacun dans leur enquête. Mais, vous vous doutez bien que rien ne va se passer comme prévu. Yllias n’aura que faire des dessins présentés par Tobias, mais le monarque va prendre en sympathie l’apprenti qui va l’accompagner pendant quelques jours… Kesher, lui, reste devant cette pièce inexorablement muette, en attendant le déclic qui tarde à venir. Et quand il vient, c’est pour l’emmener dans des territoires particulièrement dangereux…

Enfin, Obrigan, de retour dans la Forêt, se sent suivi… Piégeant son poursuivant, il découvre qu’il n’est autre que Jarekson, prince de Rahimir, qui a enfreint le Pacte Ancien pour s’introduire secrètement dans la Forêt… Malgré sa colère, Obrigan va pourtant devoir faire confiance au prince, pourtant fort peu recommandable et fiable, s’attendant à chaque instant à un mensonge ou une trahison…

Mais, confronté violemment, en plein cœur de la Forêt, à de mystérieuses entités, sans doute les mêmes qui ont fait couler le sang au Sonrygar, Obrigan comprend vite que rien dans tout cela n’est ordinaire… Et si le massacre de Wishneight n’était qu’une diversion ? Et si l’ennemi recherché dans les royaumes du nord jusque-là, se trouvait en fait au cœur même de la Forêt ?

Commence alors une toute autre histoire, dont personne ne sortira indemne et qui va remettre en cause tout l’équilibre établi depuis un millénaire et dont la pierre angulaire est le Pacte Ancien. Obrigan lui-même va voir sa vie bousculée, ses croyances malmenées, son sens du devoir remis en question et sa fidélité à l’Arbre-vie et à tout son enseignement druidique ébranlé…

Si vis pacem, para bellum. J’aurais pu choisir cette maxime latine comme titre de ce billet tant elle semble s’appliquer au roman d’Olivier Peru… Si tu veux la paix, prépare la guerre, voilà ce qu’elle signifie, si vous n’êtes pas latiniste… Ce sont donc les druides  qui vont devoir se battre, et sans calcul, croyez-moi, pour sauver ce monde dans lequel ils sont censés garantir la paix…

La faute à un ennemi qui n’a rien à voir avec les litiges permanents entre les deux royaumes du nord, un ennemi monstrueux à l’histoire déroutante, qui se réveille comme un volcan, brutalement… Pour quelles raisons et dans quels buts ? Ah, ça, je vous laisserai les découvrir, c’est évidemment la fin du roman qui vous le dira.

Mais, « Druide », qui commence comme un polar médiéval dans un monde imaginaire, prend soudain une tout autre tournure quand Obrigan est attaqué dans la Forêt. Car, c’est le Pacte Ancien, respecté depuis des siècles presque sans anicroche, qui, d’un seul coup, est littéralement piétiné par un ennemi imprévisible, puissant et disposant de facultés hors normes…

Le seul moyen pour les druides de défendre leur Forêt, leur divinité, l’Arbre-vie, leurs croyances, leurs dogmes, l’équilibre même de leur société, entre les quatre clans, Loups, Corbeaux, Cerfs, Ombres, et, bien évidemment, leur rôle de « force d’interposition » entre les royaumes ennemis, c’est de devenir des guerriers, farouches et déterminés, sans peur ni reproche. Il va falloir combattre et vaincre l’ennemi sinon… le chaos !

Tout cela est très simple, ainsi écrit. Mais n’oublions pas un certain nombre d’éléments : dans 21 jours, la guerre éclatera entre les deux royaumes du nord ; peu de druides, dans la Forêt, sont aguerris au maniement des armes ; il y a parmi eux un grand nombre de femmes et surtout d’enfants qu’il faut protéger avant même de penser les faire combattre ; l’ennemi est difficile à identifier, possède un sens du combat aiguisé et des armes qui dépassent de loin les capacités humaines, même celles des druides…

Le seul moyen d’empêcher que la Forêt se transforme en une seconde version de Wishneight et que l’ennemi, surgi d’on ne sait où, ravage tout sur son passage et, pourquoi pas, ensuite, s’en prenne au royaume voisin, c’est de faire jouer une des clauses du Pacte Ancien : « l’ennemi de la forêt est l’ennemi de tous ». Autrement dit, si la Forêt est attaqué, Sonrygar et Rahimir devront cesser leurs querelles et s’allier pour combattre aux côtés des druides…

A condition d’être au courant de ce qui se passe dans la forêt où, en principe, ils n’ont pas le droit de venir, juste la traverser par le chemin des rois, vaste artère centrale qui permet d’aller du nord au sud. Or, chaque tentative pour envoyer des messagers se solde par un échec, la Forêt est encerclée, livrée à cet ennemi démoniaque…

D’ailleurs, quand j’ai dit qu’on ne savait pas d’où il venait, cet ennemi, je me suis peut-être un peu avancé… Et si cette force avait réussi à franchir le fameux Mur du Rôdeur ? Depuis la mise en place du Pacte Ancien, nul ne sait plus ce qui a été refoulé derrière ce mur, ni pourquoi. Sauf peut-être les plus anciens des druides, dont fait partie Freneon, le druide qui a formé Obrigan… Mais, avoir des réponses sera-t-il suffisant quand les druides risquent de crouler sous le nombre et a férocité d’ennemis presque insaisissables ?

La partie « roman de guerre » de « Druide » est passionnante, violente et pleine de rebondissements. Pleine d’abnégation, aussi, car les druides ont conscience de la situation désespérée dans laquelle ils se trouvent… Sans aide extérieur, ils auront beau se battre de toutes leurs forces, de toute leur conviction, ils seront voués à la défaite et le monde à l’atrocité… La forêt sera sans doute détruite et disparaîtrait avec elle le culte de l’Arbre-vie et le Pacte Ancien…

C’est dire si l’enjeu est immense, pour Obrigan qui porte sur ses épaules le poids de ce combat inégal… Un poids d’autant plus lourd que c’est dans ces moments tragiques et périlleux que son univers va vaciller… Ce qu’il va apprendre du monde dans lequel il vit et de son Histoire est particulièrement déroutant… De quoi remettre en cause jusqu’à sa vocation de druide, même.

Qui ne s’est pas retrouvé dans cette situation pénible : devoir remettre en cause son idéal, politique ou religieux, face à des événements qui viennent tout chambouler, tout remettre en question ? Bien sûr, Obrigan pourrait tout abandonner, fuir, laisser tout derrière lui, mais il se trahirait, alors. C’est son intégrité, peut-être sa dernière carte, qu’il perdrait ainsi…

Il lui faut combattre, sans se poser de questions, car il va devenir en quelque sorte, le général d’une armée en déroute, mais en gardant à l’esprit un très (trop ?) lourd secret dont il ne sait pas vraiment quoi faire… Le révéler maintenant serait catastrophique, les druides perdraient courage et détermination… Et s’ils survivent à ce combat, que faire ?

Oui, il y a bien des questions qui se posent à Obrigan et au lecteur, dans tout cela. Aux thèmes que j’ai évoqué en préambule, et que je ne peux pas développer tous, car il faudrait trop en dire sur le roman, j’ajouterais une notion presque paternelle, le sentiment inspiré au druide par ses deux apprentis, Tobias et Kesher.

Obrigan a été comme eux, apprenti du maître Freneon. Et, à ses côtés, il y avait un autre apprenti, Atrien. Obrigan considère le premier comme son père, même si le lien, avec leurs fonctions les ont éloignés l’un de l’autre, et le second comme son frère. Mais Atrien a disparu tragiquement, marque indélébile dans sa mémoire…

Il ne peut s’empêcher de se revoir avec Atrien quand il regarde Tobias et Kesher… Et il entend se montrer avec eux aussi juste, sévère et pédagogue qu’avec des fils… La confiance dont il les a honorés en leur confiant une part importante de la mission est le reflet de cela. Mais, il sait également qu’en agissant ainsi, il les met en danger.

Un danger dont Obrigan va mesurer un peu plus l’ampleur quand il va se retrouver au cœur de la bataille, face à un terrifiant ennemi. Pourtant, en se séparant de ses deux apprentis, Obrigan va, sans le savoir, placer deux pièces importantes sur l’échiquier qui se met en place. Deux pièces qui joueront leurs rôles à des moments-clés du récit. Ce qui ne veut pas pour autant dire que les dangers encourus seront moindres…

Tous les événements qui se déroulent dans les 600 pages (en version poche) de « Druide » auront pour conséquence de sérieusement redistribuer les cartes dans le monde construit sur et autour du Pacte Ancien. Des conséquences positives et pourtant plutôt inattendues, d’autres plus dramatiques. Mais surtout, des questions vont se poser à ceux qui auront survécu…

Pas à tous, certains n’ont pas conscience du bouleversement qu’aura entraîné cette funeste guerre. Mais, pour Obrigan et pour les monarques du nord. Ils se retrouvent détenteurs de secrets bien embarrassants et vont devoir choisir : restaurer la situation d’avant la guerre qui a bien failli faire disparaître la Forêt ou bien construire quelques chose de nouveau, en s’appuyant sur l’union qui s’est mise en place ?

Rétablir l’Histoire telle qu’elle est installée depuis plus d’un millénaire et la rédaction du Pacte Ancien ou tenir compte des informations qui ont été mises au jour pendant ces trois semaines terribles ? On est dans un dilemme qui relève de la philosophie politique, véritablement. Le soutien des rois du nord au choix final sera-t-il suffisant ou bien la conscience du druide qui ne cesse de le tarauder depuis qu’il a appris ce que cachait son univers quotidien ?

Allez, je vais lâcher le mot : peut-il cautionner un mensonge pour conserver un équilibre certes fragile, mais bien moins que par le passé ? Peut-il, du même coup, remettre en cause le statut de la Forêt et de tous ses compagnons druides, déjà durement éprouvés ? Est-ce que l’amour sera l’étincelle capable d’éclairer les brumes dans lesquelles se trouve Obrigan ?

Ce n’est pas moi qui vais vous apporter les réponses à toutes ces questions, mais Olivier Peru dans son roman, bien sûr. Enfin, toutes les réponses, vraiment toutes les réponses, je ne vous le garantis pas ! Certaines décisions sont trop difficiles à prendre à chaud, elles nécessitent un temps de réflexion, avec moins de pression que ce qu’a subi Obrigan en quelques semaines… Mais nul doute que ces choix seront sages et éclairés !

Un mot sur le titre de ce billet. C’est Obrigan qui la prononce, lors d’une conversation avec Jarekson, le prince du Rahimir. A cet instant, la seule guerre dont il est question, c’est celle que doit empêcher Obrigan entre les deux royaumes du nord. Il n’imagine pas à quel point cette phrase sera prémonitoire pour la communauté dont il est issu !

La réflexion est intéressante, surtout venant d’un auteur de roman, et de fantasy encore plus. La littérature, surtout les genres d’imaginaire dans lesquels on insuffle une bonne dose d’aventures, réclame presque cet archétype du héros. Obrigan serait plutôt un anti-héros. Peut-être même un héros malgré lui, car ce n’est pas ce qu’il recherche.

Au fil des pages et des événements, Obrigan prend des allures de héros grec. Et qui dit héros grec, dit héros tragique, forcément. Je vois Obrigan un peu à la façon d’Enée, sur qui repose l’avenir du peuple troyen. Le druide, sans forcément devoir s’exiler, devient le dépositaire du futur des druides. En fait, si exil il doit y avoir, il est intellectuel : quitter le Pacte Ancien pour refonder un monde voisin mais sur de nouvelles bases.

Autour de lui, une Forêt pas loin d’être dévastée, des druides dont le nombre a fondu comme neige au soleil, un enseignement qui, aux yeux d’Obrigan, pourrait être remis en cause… Tout est à reconstruire et ceux qui le feront n’ont rien de héros, bien au contraire, ce seront des survivants, des druides qui devront assumer un nouveau statut de maître pour que la population druidique soit régénérée…

Les martyrs, eux, ils sont innombrables, sans doute pas seulement parmi les druides. Hommage leur est rendu, en grande pompe dans le roman. Ils sont les victimes innocentes d’enjeux qui les dépassent, dont la plupart ne sauront jamais rien. Des martyrs, on en découvre ailleurs, pire, des damnés, eux aussi victimes de conflits sans doute inutiles…

Cette phrase, je crois qu’on peut la sortir de son contexte livresque. Elle pourrait s’appliquer à bien des noms inscrits sur nos monuments aux morts… Ne voyez pas dans ce mot « martyr » le sens que voudraient lui donner certains, ces temps-ci, un sens justement empreint d’un héroïsme de mauvais aloi… « Martyr », c’est d’abord le synonyme de « victime », ne l’oublions jamais…


Et puis, parce qu’on ne va pas rester sur cette note grave, « Martyrs », c’est aussi le titre du nouveau roman d’Olivier Peru ! Une lecture qui se fera dans les prochains mois, sans doute, avec, dans le viseur, la venue comme invité d’honneur du romancier au Festival Zone Franche, de Bagneux. Et je ne doute pas que cette lecture sera parfaite pour un nouveau billet…


2 commentaires:

  1. Tu te régaleras avec Martyrs, j'en suis certaine ! :)

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  2. Un livre que j'ai envie de lire depuis un bon moment maintenant^^

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