lundi 1 juillet 2013

« Nous vous tuons ! »

Oui, je reconnais que ce titre est un peu… radical. Et qu’il mérite une petite explication avant d’entrer dans le vif du sujet… « Nous vous tuons ! », c’est la traduction du mot « Ololo », qui fut le cri de guerre des Zoulous avant de devenir un des slogans de la branche la plus dure de l’Inkhata, parti zoulou, sous l’Apartheid. Vous l’aurez compris, nous partons en Afrique du Sud pour notre roman du jour, un thriller sombre, violent et passionnant, signé par un auteur français. Un roman qui nous parle de ce pays, la plus grande démocratie du continent africain, pourtant gangrenée par une violence endémique, la drogue, le sida, les rivalités ethniques et les derniers feux d’un ancien régime ségrégationniste… Voilà longtemps que j’avais mis « Zulu », de Caryl Férey (en poche chez Folio) sur ma liste de livres à lire, mais, vous savez ce que c’est, « tant de livres, si peu de temps ». Et puis, voilà que l’adaptation cinématographique du roman fait la clôture du festival de Cannes… L’occasion était trop belle, et je ne le regrette pas une seconde !




Ali Neuman est le chef de la police criminelle du Cap, une des plus grandes villes d’Afrique du Sud. Pas mal pour un homme issu de la communauté zoulou et qui s’est hissé à ce poste sans passer par la case « discrimination positive », mais bel et bien par ses compétences, son intégrité et son intransigeance.

Une réussite d’autant plus remarquable que Neuman vit depuis son enfance avec un drame terrible en mémoire : sous l’Apartheid, son père et son frère son morts, tués lors d’un règlement de comptes entre les deux grands partis rivaux de la communauté noire, l’Inkatha, à majorité zoulou, et l’ANC, le parti de Nelson Mandela, à majorité xhosa.

Une nuit funeste qui a marqué de façon indélébile le jeune Ali qui n’oubliera jamais ce dont il a été témoin, pas plus que ce qu’il a subi lui-même. Pourtant, Ali Neuman ne parle jamais de ces événements terribles. Il a même caché certains faits à sa mère, on ne les découvrira qu’en fin de roman. Mais ce qu’il a vécu en a fait une boule de colère bien décidée à faire de son mieux pour lutter contre la violence qui frappe partout dans un pays devenu le moins sûr du monde…

Une violence qui le touche encore directement, puisque, lorsque s’ouvre « Zulu », Josephina, la mère d’Ali, vient d’être agressée en pleine rue. Un gamin d’une dizaine d’années lui a volé son sac, la laissant évanouie sur un trottoir… Un gamin que Josephina connaît, ainsi que sa mère, mais sans savoir ce qu’ils sont devenus après avoir quitté le township…

Neuman, sur le chemin, assiste également à l’agression d’un enfant par deux ados, pas encore des adultes, mais déjà des brutes armées sans aucun repère moral. Le flic parvient à faire fuir les agresseurs, plus par la menace que par son autorité de chef de la police, mais ne réussit pas à rattraper la victime, qui a détalé.

Autant de petits faits qui auront leur importance, car Ali n’est pas du genre à mettre sous le boisseau ce genre d’affaire. Mais, bientôt, c’est un autre dossier qui va accaparer non seulement le chef de la police, mais toute son équipe. En effet, on vient de retrouver dans un jardin botanique le corps d’une jeune femme blanche assassinée, complètement défigurée et peut-être violée…

Dans un pays où, plus de 15 ans après la fin de l’Apartheid, les tensions raciales restent fortes, inutile de dire que cette affaire a tout d’un nid d’emmerdes. Surtout pour un chef de la police noir. En outre, la victime s’avère être la fille d’un des champions du monde de rugby de 1995, une vraie personnalité médiatique, aux idées conservatrices affichées, cela ne va rien arranger…

Pourtant, rapidement, l’enquête montre que la victime n’était peut-être pas ce que ses parents auraient voulu qu’elle soit… Le portrait de la jeune fille modèle, sage et studieuse, vertueuse et respectueuse des règles, va vite voler en éclats… L’étudiante avait visiblement choisi de multiplier les expériences sexuelles et l’autopsie a montré qu’elle avait pris de la drogue avant d’être tuée…

Et, là encore, le bât blesse… La drogue en question est inconnue au bataillon… Dans un pays où les gangs et les trafics sont un problème récurrent et quasiment insoluble, l’arrivée d’une nouvelle drogue (aux effets dévastateurs, on le découvrira plus tard) est forcément une nouvelle inquiétante, surtout si elle est destinée à la jeunesse blanche et huppée…

Ali Neuman doit donc agir, et vite, car, malgré la confiance totale dont il jouit de la part de son supérieur, la pression politique et médiatique risque de monter vite et fort… Pour l’aider, Neuman peut compter sur deux adjoints, aux personnalités totalement différentes, tout comme leurs états de service : Brian Epkeen et Dan Fletcher.

Dan Fletcher, d’abord. Un homme doux, aux manières bien différentes de ce qu’on peut penser d’un flic, surtout à la criminelle. Disons-le tout net, aux yeux de tous, Fletcher est efféminé, certains le pensent même homosexuel. Sans doute est-ce sa véritable orientation sexuelle, mais, en Afrique du Sud, on cache toujours ce genre de choses, pour ne pas risquer de représailles.

Dan Fletcher est un bon flic, consciencieux et intuitif. Pourtant, par moments, on se demande comment il a pu atterrir à la criminelle… Car il ne semble pas posséder les qualités pour être un homme de terrain, surtout lorsqu’il s’agit de s’occuper d’affaires criminelles, qui ne sont jamais sans risque. Attention, Fletcher n’est pas un lâche, je ne le crois pas, mais, dans le feu de l’action, il peut perdre le contrôle…

Dan Fletcher est marié, père de deux enfants, et son combat du moment est bien différent : son épouse, avec qui il vit une relation fusionnelle, soigne un cancer du sein, sans certitude aucune d’en guérir. Elle est en pleine chimiothérapie quand commence le livre et Fletcher est mort d’inquiétude, lui consacrant le plus de temps possible et se montrant intentionné pour l’aider de son mieux à surmonter l’épreuve.

Brian Epkeen, lui, est à la fois complètement différent de son chef, Ali, et pourtant, leurs parcours sont assez proches. Différent, parce que Brian est blanc, fils d’un magistrat afrikaaner, propriétaire d’une grande exploitation terrienne. Proche, parce que c’est son parcours familial difficile et douloureux qui a fait de Brian ce qu’il est.

S’il a grandi dans une tour d’ivoire, loin des réalités de l’Apartheid, dont son père était un des maillons forts, Brian a été le témoin direct de ce que ce système avait de pire. Oh, il n’a pas eu besoin d’aller loi, pour cela, non, puisque ce qu’il a vu s’est passé chez lui et que le coupable est son père lui-même…

Des actes que Brian ne pourra accepter et qui vont le pousser à rompre définitivement avec son père et à s’engager, au risque de sa vie, auprès des mouvements dénonçant l’Apartheid et surtout ses crimes. Brian participera aux fouilles pour déterrer et identifier les corps des victimes des exactions des nationalistes blancs, devenant de fait un hors-la-loi puis, une fois la démocratie restaurée dans le pays, entrant dans la police…

Mais, Brian n’est pas Ali. Là où le chef de la police se consacre tout entier à son métier et à ses enquêtes, Brian, lui, est plutôt dilettante, voire tire-au-flanc, et préfère consacrer la majeure partie de son temps à séduire les femmes… Et, comme le garçon est plutôt séduisant… Un « hobby » qui lui a coûté son mariage avec la belle Ruby, et une rancœur permanente de son ex, qui s’est remise en ménage avec un dentiste en vue, et de son fils…

Voilà pour le portrait de ces trois flics, personnages centraux du roman. Maintenant, il faut parler, sans trop entrer dans les détails, de leur enquête. Une enquête délicate, compliquée. La mort de la jeune femme du jardin botanique est sans doute liée au trafic de drogue, et, particulièrement, de cette nouvelle substance, qui inquiète tout le monde par les effets qu’elle provoque…

Mais, là encore, les pistes suivies sont des impasses. Le dealer qui a fourni la victime est retrouvé mort. Overdose, dit l’autopsie, mais la scène de crime sent le meurtre à plein nez. Comme si on avait voulu faire taire le garçon… La piste des gangs est donc privilégiée… Une enquête qui va plonger nos flics en eaux plus que troubles…

Car, la mort de la jeune femme est juste la partie visible d’un épouvantable et effrayant iceberg que Neuman, Fletcher et Epkeen vont peu à peu découvrir… C’est alors une toute nouvelle enquête qui commencera, aux implications bien différentes. Pour la résoudre, ils devront prendre des risques terribles et aucun d’entre eux n’en sortira indemne…

Difficile d’en dire plus sans trop en dire sur ce roman très, très dur et riche. Mais, il ne faut jamais perdre de vue qu’au-delà des flics et de ceux qu’ils recherchent, le personnage principal de « Zulu », c’est l’Afrique du Sud. En choisissant le Cap pour décor, Caryl Férey fait d’ailleurs un choix très pertinent : la ville n’est pas celle qui connaît les pires violences dans le pays, mais elles commencent à s’étendre…

De plus, la ville est un parfait résumé de la situation du pays : une énorme agglomération, prospère, où la communauté blanche reste aux commandes économiques et sociales, si ce n’est politique. Les Noirs, eux, vivent toujours dans les Townships, ces bidonvilles qui se sont créés sous l’Apartheid et n’ont cessé de s’étendre. D’autant que, depuis quelques années, ils sont alimentés par une immigration africaine importante. Des populations qui fuient la pauvreté, la guerre, la famine, attirées par le miroir aux alouettes du miracle économique…

Certes, une classe moyenne s’est bien constituée, à laquelle se joignent des Xhosas et des Zoulous, pour citer les deux ethnies principales, mais les townships restent tentaculaires, accueillant une misère de plus en plus forte, sur laquelle prospère des gangs de plus en plus féroces. Sans oublier le sida, qui a ne cesse de faire des victimes supplémentaires, dans un pays où le port du préservatif est souvent considéré comme une atteinte à la virilité…

Caryl Férey dresse un portrait sans nuance d’un pays qui a quitté l’état de grâce né de la libération de Mandela puis de son accession au pouvoir dans un pays revenu à la démocratie. L’ANC est toujours à la tête du pays, mais le « miracle sud-africain » a sérieusement du plomb dans l’aile… La nouvelle Afrique du Sud est certes un pays riche, fort d’entreprises puissantes, mais une grande partie de la population reste sur le bord du chemin…

Et puis, parce qu’on ne peut faire l’impasse là-dessus, dans l’absolu et encore moins en parlant du roman de Caryl Férey, il y a les tensions raciales. Une certaine aristocratie blanche reste campée sur des idées très conservatrices en la matière, pour ne pas dire nostalgique de la ségrégation. Leur influence reste puissante et, pour ne parler que du début de « Zulu », la méfiance affichée vis-à-vis de Neuman par le père de la victime est sans fard. Au point que le chef de la police enverra un de ses adjoints blancs faire l’interrogatoire des parents…

La communauté noire aussi déchante. Les espoirs entrevus à la chute de l’Apartheid ont bien du mal à se concrétiser et la situation globale évoquée plus haut, chômage, pauvreté, violence, maladie, ne pousse pas à l’optimisme… On se débrouille, dans les townships, mais la multiplication des gangs est un terribles contrepoids aux initiatives menées par les associations sur le terrain. Josephina, la mère de Neuman est d’ailleurs, malgré son âge et sa cécité, très engagée dans toutes ces actions, et infiniment respectée pour cela.

Mais, parmi les populations noires aussi, les vieilles rivalités demeurent. Je ne parle pas des luttes terribles de territoire entre les gangs, non, des rivalités ethniques entre Xhosas et Zoulous, principalement. Lorsque l’Apartheid s’est installé (avec un soutien aussi discret qu’efficace de certains gouvernements occidentaux ; c’est la guerre froide et le nouveau régime est farouchement anticommuniste…), il a fallu qu’une minorité blanche impose sa loi à une majorité noire… Un tel écart en terme démographique qu’il était difficile pour le régime ségrégationniste de tenir tout le monde…

Alors, suivant les bonnes vieilles recettes qui, de tous temps, ont fait leurs preuves, les dirigeants nationalistes ont décidé de diviser pour mieux régner. Bref, de monter les communautés les unes contre les autres, pour qu’elles ne songent plus à s’allier contre le pouvoir totalitaire… Pour cela, un système de divisions administratives a été mis en place et délégué à ceux qui y vivaient, donc les Noirs. Ce système, l’ANC l’a toujours rejeté. L’Inkhata, lui, s’en est accommodé, pour faire simple, ce qui a créé des tensions terribles entre Xhosas et Zoulous…

C’est presque une guerre civile qui est née de cela entre les deux ethnies, sous le regard bienveillant du pouvoir blanc, pas mécontent de voir les populations noires s’entretuer… La famille d’Ali Neuman est au cœur de cette guerre fratricide, même si son cas n’est pas tout à fait aussi simple que ce que je viens d’évoquer.

Aujourd’hui, malgré la démocratie, les rancoeurs ne sont pas apaisées et surtout, la volonté de faire perdurer la culture zouloue dans une société dirigée par les Xhosas a repris du poil de la bête. Dans « Zulu », au cours de son enquête, Ali va rencontrer un personnage assez ambigu, une séduisante danseuse nommée Zina.

Elle donne au Cap des spectacles dans des boîtes de la ville où elle met en valeur les traditions zouloues. Zina est mêlée indirectement à l’affaire de meurtre sur laquelle enquête le chef de la police, lui aussi zoulou. Et, le moins qu’on puisse dire, c’est que Zina ne le laisse pas indifférent. Mais, lorsque l’enquête va se porter sur elle de façon plus précise, il va découvrir derrière l’artiste une vraie activiste, à qui il a bien du mal à reprocher quoi que ce soit…

Je ne fais pas un panorama complet de la situation en Afrique du Sud en 2007 (puisque c’est à cette époque que se déroule le livre), mais il me paraît important de contextualiser tout cela. Car, outre les difficultés évoquées, il est indispensable pour le pouvoir en place d’agir. En effet, le pays doit accueillir la Coupe du Monde de football en 2010 (oui, oui, cette coupe du monde où nous fûmes si brillants…), un événement planétaire qui braquera tous les projecteurs sur le pays. Pas question de montrer son mauvais profil !

Et l’image, que c’est important ! Confrontée à une gigantesque pandémie de sida, l’Afrique du Sud a pris le rôle de porte-parole des pays du sud dans la lutte contre les grands groupes pharmaceutiques mondiaux qui avaient refusé de pratiquer des tarifs abordables pour leurs traitements antiviraux, afin de soigner les populations les plus pauvres (qui sont aussi souvent les plus touchées).

Une action forte couronnée de succès, puisque l’Afrique du Sud a réussi à obtenir le droit de produire des antiviraux disponibles ensuite à des prix nettement plus abordables que ceux fabriqués par les transnationales occidentales. Un succès, disais-je, mais surtout sur le papier, car dans les faits, on est encore loin d’avoir endigué la pandémie sur le terrain…

Mais, ce que Neuman et ses hommes vont déterrer progressivement est énorme, véritablement. Bien au-delà de toutes les horreurs ou situations difficiles que je viens d’évoquer. Il s’agit d’un scandale aussi effrayant (si ses responsables arrivaient à leurs fins) qu’ambitieux (au mauvais sens du terme). De quoi faire vaciller un pays. Le prototype même du scandale qu’un Etat s’empresse d’enterrer avant qu’il n’éclate…

Vous allez me dire que je parle beaucoup du pays et peu du livre. Détrompez-vous, tous les éléments géographiques et politiques que je viens de vous donner apparaissent dans « Zulu » et y jouent même des rôles plus ou moins importants, mais, pour certains, décisifs. A vous de reconstituer le puzzle en lisant le roman !

Et tout ça est servi par un style incisif, une tension permanente, des rebondissements surprenants et une violence qui n’épargne personne. « Zulu » n’est pas forcément un thriller mené à une vitesse supersonique, mais c’est un roman redoutablement efficace et admirablement construit. Le final est impressionnant, tant par la tension qui règne que par les événements qui s’y déroulent.

Des impressions de lecture qui seraient impossible sans des personnages qui marquent. Je pense surtout aux 3 flics, que j’ai choisis de mettre en avant. La galerie de personnages est évidemment plus large, mais comme je ne veux pas vous parler de certains d’entre eux, pour ne pas trop en révéler, il reste essentiellement Ali, Dan et Brian (pas forcément dans cet ordre).

Ces trois-là ne sont pas des héros, ce sont des hommes en lutte, plein de failles, de faiblesses mais aussi de forces et de détermination. Ils sont conscients de la justesse de la lutte qu’ils mènent, même si elle paraît sans fin. Il y a un côté Sisyphe, chez ces hommes-là, contraints de toujours reprendre à zéro leur combat contre toutes ces violences qui sapent les fondations de la démocratie sud-africaine.

Ils n’ont rien de justiciers, en tout cas pas a priori. Non, ils font leur job, comme ils peuvent, essayant de lutter pas à pas contre la délinquance polymorphe qui fait des milliers et des milliers de victimes chaque année (et autant de dossier sur le bureau d’Ali et de ses homologues à travers le pays). Je l’ai dit plus haut, cette affaire est hors norme, elle ne va laisser aucun de ses acteurs indemnes…

Brian va retrouver un feu sacré qu’il n’avait plus connu depuis qu’il déterrait des cadavres sous l’Apartheid pour les identifier, au risque d’être passé à tabac ou même tuer par les policiers sans scrupule chargés de faire respecter la loi inique du régime. Dan Fletcher va laisser provisoirement ses problèmes personnels de côté pour se consacrer pleinement à une affaire qui le dépasse, mais pour laquelle il bénéficie de la pleine confiance de son chef. Enfin, Ali, le taciturne, l’introverti, le secret, le solitaire, va sortir de sa réserve, tout remettre en cause, son statut, son intégrité, sa vie, pour résoudre cette affaire.

Tous vont agir comme s’ils n’avaient plus rien à perdre, alors que c’est tout le contraire. Face à un ennemi à la redoutable puissance et capable de tout, le trio policier va tout mettre en œuvre pour quelque chose qui, en Afrique du Sud comme dans tout ce bas monde, ne vaut plus tripette : la justice et la vérité…

On s’attache à eux et à leur enquête. On avance, on vit, on souffre à leurs côtés, on est révolté comme eux, par ce qu’ils découvrent. On a la rage, la haine. On crie carrément vengeance au fil des pages, devant l’abomination de ce qu’ils mettent à jour… Et on reste pantelant, vidé, effondré plus qu’effrayé, cherchant quelques motifs d’espoir, après avoir lu la dernière page.

Oui, « Zulu » est un roman d’une profonde noirceur (sans jeu de mots aucun), qui témoigne de ce qu’il y a de pire en l’homme quand, à la simple cupidité, s’ajoutent la haine d’autrui, le racisme, l’absence de scrupule et la certitude d’avoir raison, quelles qu’en soient les conséquences… Et l’on se dit qu’il faudra encore longtemps avant que l’Afrique du Sud parvienne à l’égalité complète entre ses citoyens, que les rêves d’unité de Mandela se réalisent vraiment et, surtout, que le pouvoir de nuisance de l’Apartheid, pourtant aboli, cesse définitivement…

Bravo à Cary Férey tant pour le roman lui-même que pour le travail pédagogique fait pour que nous, lecteurs européens, ne soyons pas aveuglés par le miracle sud-africain qui ressemble beaucoup à un miroir aux alouettes. Bien sûr, tout n’est pas à jeter, mais que le chemin sera long avant de parvenir à une vraie paix civile.


Et, je dois dire, pour conclure, que je suis assez curieux de voir ce que donnera l’adaptation de « Zulu » au cinéma, signé par l’équipe qui a déjà porté à l’écran la bande dessinée « Largo Winch », avec, dans les rôles principaux, Forrest Whitaker et Orlando Bloom. En croisant les doigts pour que l’image n’aseptise pas la force et la violence brute de ce roman qui laisse des traces dans l’esprit du lecteur.


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