jeudi 18 août 2011

Gore-texte

Tobe Hooper est un cinéaste culte, réalisateur de "Massacre à la tronçonneuse" et "Poltergeist". Rien d'étonnant, donc, à le voir publier un premier roman... gore, forcément ! C'est Michel Lafon qui publie en France ce "Midnight Movie, sorti il y a quelques semaines.




Avant de revenir sur les originalités de ce livre, un mot de l'histoire : un beau jour, Tobe Hooper, icône des amateurs de cinéma d'horreur, reçoit un coup de téléphone l'invitant à participer à un festival à Austin, Texas. L'occasion est en effet exceptionnelle, puisque l'organisateur a déniché les bobines du premier film réalisé par Hooper lorsqu'il avait 15 ans, Destiny Express. Ne gardant aucun souvenir de ce film et curieux de redécouvrir ses débuts de cinéaste, Hooper, ours mal léché, accepte de quitter sa tanière.

A Austin, la projection a lieu dans un rade où la fine fleur des nerds et fans de gore s'est donné rendez-vous. Sont aussi venus Eric, journaliste et critique cinéma pour une publication locale et même Gary, qui tient le premier rôle... Pourtant, le film est loin d'être un chef d'oeuvre, mais la projection se passe bien, malgré quelques réactions, disons, surprenantes, soit d'affection, soit de violence. Mais, une fois le film achevé, plus rien n'y paraît et chacun semble vouloir repartir comblé par sa soirée.

A peine quelques jours plus tard, d'étranges évènements commencent à se produire. De chastes jeunes filles se métamorphosent en nymphomanes impossibles à combler, les accidents se multiplient dans des laboratoires de fabrication de méthamphétamines, des actes de violence incontrôlés sont signalés ici et là, on chuchote même que des zombies auraient fait leur apparition.

Bientôt, plus aucun doute n'est permis, la situation dégénère gravement, sexe et violence se répandent comme un traînée de poudre, et les personnes atteintes commencent à se découvrir d'étranges fluides corporels bleu turquoise...

La situation s'envenime tellement qu'on commence à parler d'un virus à l'extension très rapide : le "Game". Mais d'où pourrait donc venir cet étrange phénomène ?

Evidemment, ceux qui ont assisté à la projection de Destiny Express et qui échappent encore aux effets les plus terrifiants du Game, commencent à faire le rapprochement. Si c'est le film de Hooper qui est la cause de tout cela, alors, Hooper doit pouvoir trouver une solution...

Je n'en dis pas plus sur l'histoire, parce qu'il faut en découvrir... le sel ? Mais parlons du livre, parce que c'est un peu un Objet Littéraire Non Identifé. D'abord, par l'usage dans un récit gore de l'auto-fiction, puisque le personnage central est Tobe Hooper lui-même. Ensuite, par le choix narratif, très réussi pour moi, effectué par Hooper.

Sur la couverture, le livre est co-signé par Alan Goldsher. Il est journaliste et retrace, après les événements, la terrible période du Game. Et pour cela, il interviewe les témoins, produit des archives, des extraits de journaux, des blogs et des sites web et même des twits.

On n'a donc pas un récit linéaire avec un narrateur et des personnages intervenant dans un cadre narratif classique, on a une succession d'intervention des personnages racontant ce qu'ils ont vécu. Exactement comme ces documentaires dont nous sommes si friands relatant des faits divers, où les acteurs du drame témoignent face caméra.

Cela donne un rythme étonnant à l'histoire et le recoupement de ces témoignages est aussi propice à des ressorts comiques et dramatiques.

Mais "Midnight Movie" est aussi une satire du monde du cinéma, de ceux qui font les films à ceux qui les produisent sans oublier ceux qui les regardent. Hooper n'épargne personne, pas même lui, n'hésitant pas, d'ailleurs, à se mettre dans des situations embarrassantes, ridicules ou violentes.

A l'arrivée, tout ça passe au shaker d'un maître du gore qui en ressort un livre à lire au 20ème degré, une boisson fraîche et du pop-corn à portée de main. Car le lecteur (et, en cela, le titre est excellemment choisi) se retrouve comme dans ces vieux cinémas de quartier où l'on allait rire, crier, hurler de peur devant des films gore de série Z, aux effets spéciaux foireux, à la mise en scène grand-guignolesque, au jeu d'acteurs affligeants et à l'histoire finalement sans grand intérêt.

Attention, je ne dis pas que l'histoire de "Midnight Movie" est inintéressante, elle est même pleine de trouvailles et assez drôle, pleine de sexe, de violence, de couleurs et de coulures, d'odeurs, même, d'effets spéciaux à refaire chez soi et à l'arrivée, on sort de cette lecture comblée comme de ces séances de gore où l'on aura autant ri que tremblé.

Merci, M. Hooper, pour ce bon moment et... Aaaaaaaaaargh....

5 commentaires:

  1. Pas certaine que cela me plairait mais si jamais il arrive jusqu'à moi je tenterai... juste pour le fun :)

    RépondreSupprimer
  2. J'aimerai bien essayé de le lire si il me passe sous la main, parce que j'ai peur de pas aimé, mais j'aimerai quand même bien découvrir ce livre ! ^^

    RépondreSupprimer
  3. J'ai bien aimé ce roman mais les scènes "sexuelles" vraiment très crues et assez nombreuses m'ont un peu dérangée.

    RépondreSupprimer
  4. @ Sloopy : oui, mais le gore a toujours été un genre mêlant sang et sexe. Avant de lire le livre, je me suis demandé pourquoi Hooper avait choisi le support livresque au lieu de réaliser un film. De prime abord, j'ai pensé à des problèmes de budget. Mais après lecture, il me semble que ce sont justement ces scènes très explicites qui peuvent expliquer ce choix. Reste que les sécrétions corporelles ont un rôle importants dans l'histoire et sont des symptômes, disons, spectaculaires du mal...

    Un dernier mot sur violence et sexe : voilà un mal bien contemporain ! On s'offusque de représentations sexuelles trop crues, alors que c'est une fonction naturelle de l'être humain. En revanche, zigouillez votre prochain de toutes les manières possibles, et ça passera comme une lettre à la poste. Aux USA, une scène de sexe vaut une interdiction aux mineurs, pas des centaines de victimes...

    RépondreSupprimer