Le Père Noël est vraiment une ordure !

J'avais lu "Birdman" dès sa sortie, mais c'est avec "Tokyo" que je suis vraiment devenu un fidèle des thrillers de Mo Hayder. Depuis, chaque sortie en poche (oui, j'attends la sortie poche, c'est comme ça...) d'un de ses livres me fait courir (j'en fais trop, là, hein ?) chez le libraire le plus proche.

C'est le cas encore avec "Proies" (tout juste sorti chez Pocket), d'autant plus attendu qu'on y retrouve Caffery et Marley, laissés à la fin de "Skin", dans le doute le plus éprouvant (mais je n'en dis pas plus, si vous n'avez pas lu le diptyque "Rituel"/"Skin", lui aussi disponible chez Pocket).

"Proies" commence par un vol de voiture. Un homme portant un masque de Père Noël bouscule la propriétaire de la voiture sur le parking d'un supermarché et s'enfuit au volant du véhicule. Sauf qu'à l'arrière, se trouve une fillette...




Hasard malencontreux ? Sans doute, pense les policiers, Caffery en tête. Le voleur n'a pas vu la gamine, on va la retrouver rapidement avec la voiture, ils en sont sûrs. Mais les heures passent et rien. L'inquiétude va monter d'un cran quand Flea Marley va faire le lien avec d'autres enlèvements du même genre.

Et si on avait affaire à un pédophile qui épie les voitures dans lesquelles se trouvent un enfant ?

L'angoisse monte un peu plus quand le kidnappeur se met à narguer la famille de la dernière victime au nez et à la barbe des enquêteurs. Aucune piste ne se fait jour, le doute croît et le malaise de Caffery empire.

Mais quand enfin une piste apparaît, elle semble aboutir à chaque fois à une impasse, comme si, tel un joueur d'échecs, le kidnappeur possédait plusieurs coups d'avance sur les enquêteurs.

Faudra-t-il s'en remettre à l'intuition de Flea Marley, pourtant pas impliquée directement sur le dossier ? Toujours électron libre, toujours tourmentée par ce qu'elle a dû faire précédemment (cf "Skin"), elle décide de suivre son idée sur le sujet, ce qui va l'emmener dans un piège potentiellement mortel, au fond d'un tunnel immonde.

Comme souvent chez Mo Hayder, la tension est permanente de la première à la dernière page, l'atmosphère sombre et angoissée, les personnages centraux tourmentés et le criminel poursuivi, diabolique et insaisissable. Pourtant, cette fois, l'évidence du coupable m'est rapidement apparu. Pas forcément un défaut, mais je ne suis pas sûr que ce soit volontaire... Intéressant, une fois qu'on a opté pour cette solution, de voir ce personnage évoluer. Ca ne nuit pas au récit, je trouve, et d'une certaine manière, ça renforce encore l'impression que donnent Caffery et ses équipiers, de pédaler dans la semoule.

Autre chose qu'on pourra trouver ou intéressante ou regrettable, je pense, selon les goûts, les fausses pistes proposées par l'auteure et le renversement de situation qui va mener à la découverte de la vérité.

Mais, dans cette série, c'est aussi l'évolution des deux personnages principaux, Caffery, le commissaire, dépressif et taciturne, comme il se doit, arrivé il y a peu de Londres pour une ville bien plus petite et qui doit adapter son savoir-faire de flic chevronné à une sociologie et une géographie complètement différentes ; et "Flea" Marley, jeune femme dirigeant une brigade de plongeurs, une brigade d'hommes, indépendante, un peu trop, même, au passé familial (lointain et proche) très compliqué...

Depuis leur rencontre, l'attelage fonctionne efficacement, mais leur relation est très, particulière et suit les rails de montagnes russes. Au point que le doute et la froideur se sont installées entre eux. Et, la fin le laissant entendre, Flea n'est pas au bout de ses peines et on a hâte de connaître leur prochaine enquête pour savoir ce qui arrivera à ces deux flics et comment cela influera sur leur relation...

Quant à "Proies", ça reste un bon thriller, un moment agréable de lecture, un suspense efficace, malgré les défauts évoqués plus haut. Mais pas le meilleur Hayder, une sorte de roman de transition avant la tempête qui devrait se déchaîner sur Caffery et Marley.


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