Allez, zou ! En route pour la révolution française avec un test. Je suis à la régulièrement à la recherche d'auteurs de romans historiques dont je pourrais souffler le nom aux organisateurs des Imaginales à Epinal (ils sont plus SF et Fantasy, genres que je connais mal, alors on se répartit les tâches.
Récemment, je découvre par hasard un livre qui s'appelle "la Sibylle de la Révolution" d'un certain Nicolas Bouchard (précédemment auteur d'une série de Fantasy). Ce polar historique (en poche chez 10/18), tirant légèrement sur le fantastique, vous allez comprendre, est vite arrivé en haut de ma PAL et je l'ai lu sans déplaisir.
Mais commençons par le début, avec un résumé. Un crime aussi mystérieux qu'horrible est commis à Paris, en cette période instable qu'est la Terreur. Danton a déjà été raccourci, Robespierre s'impose petit à petit comme un tyran sans partage. L'époque est à l'exaltation de la raison, au culte de l'Etre Suprême et aux jugements expéditifs.
Gabriel-Jérôme Sénart est un gratte-papier, secrétaire rédacteur au Comité de Sûreté Générale, l'institution cousine et rivale du Comité de Salut Public dirigé par Robespierre. Aucune expérience de l'activité policière. Et pourtant, c'est lui que son chef, Marc Guillaume Alexis Vadier, envoie chercher pour examiner la scène de crime et lui confier l'enquête ultra-secrète sur ce meurtre.
Sur place, il découvre un corps disloqué, comme écartelé, et des membres disposés pour représenter des symboles maçonniques. Un meurtre d'une violence inouïe, à tel point qu'il paraît improbable qu'un humain ait pu le commettre. Epouvanté, Sénart doit obéir et trouver l'assassin, s'il ne veut pas risquer la disgrâce, souvent synonyme d'échafaud en ces temps périlleux.
Alors il s'y colle. Mais Vadier lui impose de rencontrer d'abord quelqu'un, quelqu'un capable de l'aiguiller dans ses recherches. Sauf que cet allié... est en prison. Elle (car c'est une femme) s'appelle Marie-Adélaïde Lenormand et elle est médium. Elle lit l'avenir, utilisant le tarot pour masquer son don véritable.
Et voilà Sénart parti pour une enqûete dans des milieux dont il ignorait l'existence : la franc-maçonnerie, les messmériens, les libertins, les illuministes, les satanistes... Un bestiaire qui a de quoi décontenancer ce pauvre Sénart, républicain sincère quoi que troublé par les dérives sanguinaires de la Révolution. Marie-Adélaïde, en revanche, évolue dans ce monde comme un poisson dans l'eau.
Petit à petit, l'idée naît dans l'esprit de Sénart qu'il ne poursuit pas un homme mais un démon.
Croisant l'étrange Comte de Saint-Germain, le philosophe Saint-Martin ou encore Fragonard, les deux enquêteurs se retrouvent bien vite pris au piège d'une machination où politique, science et ésotérisme s'allient pour le pire.
Avec une Sybille qui perçoit, en outre, l'arrivée imminente d'un fléau terrible qui mènera la France à sa perte, elle le sent.
Etonnant roman, comme si Dan Brown se mettait au roman historique, dans lequel on découvre des personnages attachants. Sénart, droit et maladroit, naïf et sincère dans ses convictions, pur au milieu d'une meute de révolutionnaire dévoyé. Et Marie-Adélaïde, dont on découvre la vie étrange, conditionnée par ce don à la fois merveilleux et effrayant : connaître l'avenir.
Le roman vaut aussi par son contexte historique. La Terreur s'est emballée, Robespierre est en passe de devenir un tyran sans partage, loin des idéaux premiers de la Révolution, éliminant ses opposants politiques par charrettes, prônant le culte de cet Etre Suprême, nouvelle idole des foules, exaltant la Nature.
Ce siècle des Lumières, tout dédié à la Raison, l'a complètement perdue. La religion y est traquée mais se développent sectes et mouvements pseudo-religieux à tire-larigot. Les scientifiques se prêtent aux expériences les plus improbables et aux recherches les plus délirantes...
Dans cette France en plein délire, l'enquête de Sénart et Lenormand est plutôt bien troussée, intéressante etenlevée. Mais, il m'a manqué un je-ne-sais-quoi pour que je sois franchement enthousiaste. Le hic, c'est que je n'arrive pas à dire quoi... Alors, si je vous encourage à découvrir cette Sybille, je vais me procurer bientôt sa seconde enquête, "le traité des supplices", sorti récemment chez Belfond.
Je pense qu'à la lumière de cette deuxième expérience, je saurai si j'ai envie ou pas de poursuivre l'aventure, non pas avec Marie-Adélaïde Lenormand, mais avec Nicolas Bouchard.
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