Pour une fois, je ne suis pas allé chercher un titre alambiqué, à l'humour tordu ou aux allusions fines pour annoncé mon billet. Pas besoin d'artifice, car le titre de ce premier roman (en solo) se suffit à lui-même.
On connaît bien Nathalie Hug pour le duo qu'elle forme avec Jérôme Camut, et leur tétralogie "les voies de l'ombre", des thrillers très noirs et violents. Jérôme, avant leur rencontre, avait sévi dans le fantastique, genre qu'il devrait bientôt retrouver. Pour son premier ouvrage toute seule comme une grande, Nathalie Hug choisit le contre-pied avec un roman court, un drame contemporain aussi dur qu'il s'en dégage de la tendresse.
Adrien est un petit garçon malheureux et solitaire. Il a une maman, une demi-soeur, mais pas de papa. Et il cherche à combler ce vide terrible en sollicitant du père de sa demi-soeur quelques signes d'affection. En vain.
Mais, Adrien aimerait surtout ouvrir cette étrange boîte rouge, que sa mère a placée dans un endroit de l'appartement que le garçonnet ne peut atteindre. Sauf qu'Adrien est persuadé que cette boîte renferme le plus important de tous les secrets : l'identité de son père à lui.
Un jour, sa mère est victime d'un terrible accident. Une voiture la renverse et la laisse à l'état de "tas-de-fraises-à-la-crème", comme le dit Adrien lui-même. N'ayant plus de parent disponible pour s'occuper de lui, Adrien n'espère qu'une chose : qu'on le confiera à la famille de sa demi-soeur et qu'elle l'adoptera.
Mais le garçon, pour ne pas rester inutile, transparent, multiplie en fait les bêtises et ne s'intègre pas à cette famille qui n'a aucunement l'intention de l'accueillir. Il ne lui reste plus qu'à veiller sa mère dans le coma et à découvrir ce que recèle la boîte rouge...
Un roman de 130 pages, qui se lit d'une traite et qui nous emmène dans l'univers de ce gamin perdu, incapable de comprendre et d'accepter cette situation familiale difficile, envieux, plus que jaloux, de la vie de sa demi-soeur. De son oeil impitoyable, il croque sans merci ses proches et les gens qu'il croise. Sans méchanceté mais avec une certaine cruauté propre aux enfants de son âge.
"L'enfant-rien" est un livre sur l'enfance, sur la famille, sur la maternité, aussi, un livre dur par le sujet qu'il aborde mais qu'on sent rempli de tendresse pour ce petit bonhomme, lunaire, perdu. Loin du style très rude des livres co-écrits avec Camut, l'écriture de Nathalie Hug se fait fluide, sans singer le langage enfantin, puisque c'est Adrien le narrateur de la majeure partie du livre.
On est emporté d'emblée par ce récit émouvant, on a envie d'aider cet enfant, de le consoler comme on peut, de lui apporter les réponses qui lui manquent pour enfin, trouver cette sérénité sans laquelle on ne peut grandir, s'épanouir.
Seulement, ces réponses existent-elles ?
Pour un premier essai, c'est une réussite et j'ai déjà hâte de retrouver l'écriture de Nathalie Hug dans un futur roman. Ce qui ne veut pas dire que je souhaite qu'elle cesse l'écriture à 4 mains. Non, cette expérience plus solitaire est parfaitement complémentaire du duo d'auteurs qu'elle forme avec son homme (eh, oui, si vous ne le saviez pas...) et elle pourrait devenir une des voix importantes de la littérature contemporaine des années à venir si elle continue sur ce chemin.
Voilà, encore un billet ravageur pour mon âme de femme... L'histoire de ce petit garçon va me bouleverser mais je sens que je vais aimer son histoire et ainsi découvrir la plume de Nathalie Hug !
RépondreSupprimerMerci à toi :)
Mon âme de bonhomme a fondu aussi, rassure-toi ! Et je n'ai pas tout dit dans le billet, car ce livre est plein de surprises et ne peut que mettre la larme à l'oeil, foi de Drille !
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