mercredi 17 août 2011

"Jéricho", sans tambour, ni trompette...

Première expérience contrastée avec Josef Ladik (pseudonyme choisi par un juge d'instruction pour publier des thrillers, eh oui !). Avec "Jéricho" (en grand format chez First), il nous entraîne dans un labyrinthe dans lequel je me suis jeté à coeur perdu, mais dont j'ai eu un peu de mal à ressortir...




Comment raconter ce livre, dont l'intrigue mêle étroitement plusieurs histoires... Alors que la police française est sur les dents à cause d'un gang de "saucissonneurs" qui prend des directeurs de banques en otage pour mieux dévaliser leurs succursales, se produisent des évènements sans rapport apparent.

D'abord, un sous marin-nucléaire français, le Terrible, disparaît sans laisser de trace alors qu'il croise dans le Golfe d'Aden, zone ultra-sensible. Par ailleurs, un corps atrocement mutilé est découvert dans les sous-sols de la Gare d'Austerlitz. C'est l'oeuvre d'un meurtrier multiple dont nous suivons les pensées pas toujours très cohérentes en même temps que les actes sauvages... Dans la même salle, les policiers découvrent ce qui ressemble à une sépulture, et un deuxième corps, vieux de près de 200 ans, celui-là.

La disparition du sous-marin est revendiqué par un groupe mystérieux baptisé "Jéricho", qui affirme pouvoir contrôler l'appareil et exige une rançon phénoménale et la libération d'un scientifique iranien. L'inquiétude est grande au plus hauts sommets de l'Etat, car le sous-marin est équipé d'armes nucléaires. Une équipe secrète est mise sur le coup avec toute latitude pour que les exigences de Jéricho soient satisfaites.

C'est le commissaire Lazare qui mène l'enquête sur le meurtre de la gare d'Austerlitz. Un flic pas comme les autres, car ses idées penchent vers l'anarchie, la peinture est sa passion et le hasard est son ennemi quotidien. Mais les pistes se font rares...

Quel est le lien entre ces histoires qui vont se croiser, s'intercepter ? Peut-être Géricault... Le peintre du "Radeau de la Méduse", un "fait divers" datant du début du XIXème siècle dont on ne connaît peut-être pas tout et à propos duquel de nombreuses légendes courent...

Je suis entré dans "Jéricho" (si j'ose dire) tambour battant, avalant la moitié du livre en peu de temps. Il faut dire que la construction très particulière du livre, sorte de mosaïque ou de puzzle à remettre petit à petit dans l'ordre, est très efficace : on veut comprendre où on a mis les pieds, ou plutôt les yeux.

L'histoire, elle aussi, qui flirte par moments avec le fantastique, mais joue aussi sur les codes du thriller politique et militaire et de roman d'espionnage, est alléchante. Là aussi, la curiosité est titillée et on avance pour savoir quel est le rôle de chacun des personnages et à partir de quand ils seront mis en présence les uns des autres.

Mais voilà, la deuxième moitié de ce roman a été bien plus difficile a avaler. Je me suis un peu perdu dans les méandres de l'histoire. La profusion de personnages et de scènes différentes m'a un peu lassé. Le dénouement final m'a laissé sur ma faim, car précipité et trop elliptique.

Enfin, j'ai trouvé que Ladik enfilait par moment les poncifs et les idées reçues comme des perles. Le militaire, forcément de droite et raciste, l'officier sans pitié et qui bat bobonne quand il rentre le soir, les politiques bêtes à bouffer du foin, le steward d'une compagnie aérienne qui est forcément homosexuel...

Sans oublier des héroïnes caricaturales à souhait, des bombes à faire jaunir les photos des pin-up de magazines... Dès qu'on les voit entrer quelque part, se mouvoir, c'est le bouillonnement des sens, le coup de foudre général, l'overdose de testostérone et un gigantesque concours d'érections... On se croirait dans les mauvais comics où chaque personnage féminin se doit d'être un objet de fantasme. Pas loin d'être consternant.

Bref, lecture mitigée pour ce thriller pourtant plein d'éléments intéressants, au rythme haletant, mais ça ne suffit pas toujours. Le mélange des genres brouille agréablement les pistes mais la fin, rabotée, plus que condensée, gâche un peu l'effet.

Non, je ne suis pas enthousiaste, mais je retenterai ma chance avec Ladik, c'est certain. Parce que je veux voir le verre à moitié plein.

3 commentaires:

  1. Je ne suis plus trop tentée par le livre. La 1ère moitié a beau être dévorée...non, franchement, je passe mon chemin. Je ne prends pas en note, pour une fois ;)

    RépondreSupprimer
  2. Eh, ce n'est qu'un avis personnel, je n'essaye pas de jouer les critiques professionnels ou les arbitres des élégances. Mon billet a aussi pour objectif d'ouvrir un dialogue, alors si personne ne lit ce livre, avec qui je vais dialoguer, moi ? Et qui viendra me contredire et m'expliquer que je n'ai rien compris à ce livre, que je suis passé complètement à côté ?

    RépondreSupprimer
  3. Comme je te l'aies déjà dit, après réflexion, je verrai s'il est à ma médithèque. Sauf qu'il n'y est pas. Donc, si je le trouve en occaz' un jour, j'essaierai de l'acheter.
    Sinon, je suis en total accord avec toi, c'est un très bon concept de discuter d'un livre avec quelqu'un d'autre (les forums ont été conçus pour ça d'ailleurs, tout comme les blogs !). On peut voir les différences et les points communs, c'est plus sympa ;)

    RépondreSupprimer