mardi 9 août 2011

Les piliers de la mer

Parmi les genres que j'apprécie particluièrement, il y a le roman historique. Avec "la cathédrale de la Mer", d'Ildefonso Falcones (en poche chez Pocket), j'ai pu assouvir cette passion.




Ce roman se déroule à Barcelone au XIVème siècle et retrace la vie d'Arnau Estanyol, son ascension, sa chute et, finalement, sa découverte d'un bonheur simple. Mais, au cours de ses 60 et quelques années de vie racontées au cours des 800 pages du livre, que d'obstacles va-t-il devoir franchir !

Né d'un père propriétaire d'une prospère exploitation agricole mais serf d'un seigneur cruel, Arnau doit la vie à son père qui le sauve des griffes du seigneur au sacrifice de toute sa vie. Devenu meurtrier pour sauver son enfant, il doit tout abandonner et choisit de s'enfuir à Barcelone, principauté la plus proche, où, au bout d'un an de résidence, on peut devenir un citoyen libre.

Mais, comme il est un fugitif, le père d'Arnau doit faire profil bas. L'enfance du garçon est donc très modeste. Privé de mère, le gamin trouve dans une statue de la Vierge un substitut. Une statue qui se trouve dans une église en pleine construction : Notre-Dame de la Mer. Une église qui n'appartient pas à l'église mais aux fidèles eux-mêmes, car c'est le peuple, chacun à auteur de ses moyens, qui finance sa construction.

Parmi ceux qui offre leur force de travail pour aider à la construction, il y a les bastaixos, des porteurs dont le véritable métiers est de charger et de décharger les bateaux qui mouillent au large de Barcelone, ville privée de port. Et, au sens propre du terme, ces costauds apportent leur pierre à l'édifice en transportant sur leur dos des blocs de roche venus d'une carrière voisine. Arnau, accompagné de Joan, un orphelin devenu comme son petit frère, est fasciné par ces hommes rudes mais bons.

A la mort brutale de son père, Arnau devient l'un des plus jeunes basataixos et, le temps passant, un des piliers de cette profession. Mais, en devenant adultère, il met en jeu sa vie et son métier. Le seul choix qui se présente à lui, fuir son épouse et surtout sa maîtresse en devenant soldat. Au retour de la guerre, il retrouve son poste, mais la grande peste de 1348 fait une nouvelle fois basculer sa vie.

Arnau y perdra énormément mais, ayant survécu, il va avoir l'opportunité de devenir riche. Une richesse immense qui va s'accompagner de hautes responsabilités politiques. Jusqu'à ce qu'il soit rattrapé par les gens malintentionnés, méchants, cupides et jaloux qui ont jalonné sa vie.

La chute sera dure, mais il comprendra avec cette expérience que le vrai bonheur qu'il recherchait depuis sa plus tendre enfance ne se trouve ni dans l'argent et l'aisance matérielle, ni dans le pouvoir.

"La Cathédrale de la Mer" est un véritable roman historique, en ce sens où certains passages se font didactiques pour dresser un panorama exhaustif du contexte de l'époque. Je trouve ça très intéressant, mais je comprends que certains lecteurs puissent trouver cela hermétique ou rebutant. Pourtant, ce roman mérite que le lecteur aille à son terme avec abnégation.

Car c'est aussi une fresque qui traverse le XIVème siècle, avec sesz vicissitudes, comme la féodalité et l'esclavage, les luttes se pouvoir, les trahisons permanentes y compris au sein d'une même famille régnante, les épidémies, l'ingérance permanente de l'Eglise, qui atteindra son paroxysme avec l'avènement d'une inquisition toute puissante et fanatisée.

Arnau traverse tout cela sans sembler vraiment comprendre ce qui lui arrive. C'est un homme juste, mais simple, emporté par le tourbillon de l'histoire. Et surtout, un garçon au caractère bien trempé, ce qui lui vaudra nombre d'ennemis mais aussi de solides et fidèles amitiés dont il saura jouer pour se sortir des pires difficultés.

Dans sa première partie, ce roman est un hommage au roman picaresque (quelques explications sur ce genre littéraire : http://www.livraddict.com/biblio/book.php?id=2433) avant de devenir un roman historique d'ampleur, cousin espagnol des "Piliers de la Terre" de Ken Follett.

Ce roman est aussi une ôde à la mer et à ceux qui vivent des activités qu'elle offre. Marins, bastaixos, marchands, etc. A partir du moment où Arnau arrive à Barcelone, son destin est lié à cette Méditerranée si proche et si grande, en ce Moyen-Age où les bateaux ne se déplacent qu'à la voile ou à la rame.

Mais ce qui m'a frappé, c'est le rôle au combien important que vont jouent les femmes dans "la Cathédrale de la Mer". Tout au long de sa vie, ce sont en effet des femmes qui vont le trahir, lui nuire ou ruiner ce qu'il essaye de construire. Mais, ce sont aussi des femmes qui vont parvenir à le sortir de l'ornière, parfois aussi pour se rédimer de leurs actions passées, parfois par amour.

Arnau lui-même se montre parfois dur et ingrat avec les femmes de sa vie, impuissant quelquefois à les rendre heureuse, sa trop grande probité, son respect des règles et des lois intransigeant le poussant aussi à les sacrifier.

Mais, au total, il devra tout à ces femmes, y compris le bonheur qu'il goûte à la fin de sa vie. Avec une fidélité sans borne à celle qu'il considèrera toute sa vie comme sa mère, la Vierge Marie, et l'écrin magnifique dans lequel repose la statue : la Cathédrale Notre-Dame de la Mer.

2 commentaires:

  1. J'ai bien aimé ce livre aussi même si je le trouve un ton en dessous d'un Ken Follett niveau style et puissance narrative. J'ai plus eu l'impression de lire une histoire romancée de Barcelone que l'aventure d'un homme et parfois ça faisait un peu remplissage. Mais c'était intéressant malgré tout. Au point que, dans le cadre d'un partenariat, je suis en train de lire son livre suivant publié en France: Les révoltés de Cordoue, un pavé grand format de 850pages! Ma critique devrait arriver d'ici fin août sur http://nourrituresentoutgenre.blogspot.com/!

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  2. Je suis d'accord, la puissance des "Piliers de la Terre" reposait sur l'absence d'un véritable personnage central. On avait un roman plus choral que "la Cathédrale de la Mer" qui, même lorsqu'il est physiquement absent, tourne autour d'Arnau. La différence aussi, et c'est une différence que je trouve vraiment remarquable, c'est le mode de financement de cette église ; alors que Follett doit faire avec les incessantes luttes de pouvoir qui président à la construction de sa cathédrale, Falcones montre à quel point la Catalogne pouvait se montrer en avance sur son temps, avec ce curieux hybride de religion et de marxisme avant l'heure. Oui, c'est un roman sur la Catalogne et tout ce qui en fait une région à part, en constante opposition avec les pouvoirs en place, religieux comme politiques.

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