lundi 8 août 2011

O, "Rage", ô, forte histoire...

"Rage" (en format poche chez Milady) est refermé depuis quelques minutes (le temps d'éplucher quelques carottes pour le diner, en fait...) et je suis bien embêté...





Bien embêté parce que j'ai plein de choses à dire, mais le faire sans spoiler, dur, dur... Et puis parce que je sors de cette lecture avec des sentiments très contrastés...

L'histoire... Nous sommes en Angleterre, dans une ville moyenne. Danny est marié et le père de trois enfants. Il travaille comme fonctionnaire à la mairie, mais il ne s'épanouit pas dans ce boulot ennuyé et où il est souvent la proie de la colère de ses concitoyens. A la maison, il est un peu débordé, comme son épouse, par sa turbulente progéniture et, côté financier, c'est loin d'être génial.

Un matin, en allant au turbin, il est témoin d'une agression pas banale : un homme bien habillé s'est attaqué sans raison apparente à une vieille dame. Après l'avoir rouée de coups, il lui a planté un parapluie dans le ventre. Il a fallu l'intervention de la foule et des forces de l'ordre pour empêcher l'homme de massacrer sa victime...

Ce que ne sait pas encore Danny, c'est que c'est le prélude d'une incompréhensible vague de violence qui va voir des personnes s'en prendre soudainement et sans véritable motif, à des proches ou a des inconnus. Une violence terrible, sanglante, meurtrière. Les agresseurs semblent réagir comme si leurs victimes les avaient menacés, comme si il leur avait fallu agir avant que l'agressé n'ait attaqué le premier...

Peu à peu, la psychose gagne la population et Danny et sa famille ne sont pas épargnés au fur et à mesure qu'ils sont témoins de violentes agressions. Les politiques et les policiers semblent débordés, les médias n'ont que peu d'explications à apporter et la peur gagne. La méfiance aussi, car il devient de plus en plus évident que n'importe qui peut être touché à n'importe quel moment et s'en prendre à ceux qui l'entourent.

Danny essaye de mettre sa famille à l'abri dans leur appartement, mais les meurtres se rapprochent inexorablement. Danny et sa famille sauront-ils échappé à cette vague de violence qui se répand comme une épidémie ? Connaîtront-ils les causes exactes de ce désastre ?

Attention Spoiler !!

Non, évidemment, et la deuxième partie du livre suit le basculement de Danny dans cet état d'"enragé", les changements qui vont s'opérer en lui et la traque dont il va faire l'objet... Une traque aussi impitoyable que les actes dont Danny et ses semblables se rendent coupables. Mais avec une organisation des plus effroyables. Car, ce n'est pas d'une maladie dont il s'agit mais bien des prémices d'une guerre sans merci...
J'ai commencé à lire "Rage" comme j'aurais pu regarder un film gore : avec le sourire aux lèvres, tant la description des premières agressions tourne parfois au grand-guignol. Mais, progressivement, l'angoisse s'installe et le malaise grandit. Car l'étau se resserre sur Danny et sa famille et l'on sent le drame inéluctable. Sous quelle forme ? Lisez-le !

Et après ce début presque divertissant, nous voici face à des évènements qui deviennent de plus en plus malsains. Parce que les comportements de tous les acteurs du drame renversent cul par-dessus tête tout notre système rationnel de valeurs.

Attention Spoiler !!

Entre "la Route" de Cormac McCarthy et les récits de déportation, "Rage" devient un roman sur la déshumanisation, qu'elle soit contrainte par des évènements incompréhensibles et incontrôlables, mais aussi organisée et voulue par d'autres hommes. A tel point que, comme Danny, on en vient à se demander sérieusement qui sont véritablement les agresseurs et les agressés... Et si "les enragés" avaient vu juste ? Si on leur en voulait vraiment, si les autres voulaient vraiment les éliminer ? Le doute persiste jusqu'au dénouement final. Et c'est effrayant, presque choquant.
Bref, je suis entré dans "Rage" avec le sourire aux lèvres, j'en sors avec une impression bizarre au ventre. Tout simplement parce que le livre et ce qu'il raconte nous rappelle que, à chaque instant et sans prévenir, le pire de ce qu'il y a en nous peut se réveiller.

2 commentaires:

  1. On y sent le malaise ressenti quand tu en parle. Ça fait penser dans le genre cinématographique à l'épidémie des morts vivants qu'on y voit dans les films. Sait on à la fin d'où vient cet accès de rage?

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  2. Ma chère amie, je ne peux pas te répondre, il faut lire le livre pour le savoir !

    Au-delà de cette "épidémie", c'est d'abord les comportements humains décrits par Moody qui font l'intérêt du livre, car, au final, est-on capable de dire qui sont les "bons" et qui sont les "méchants" ? Je n'en suis pas sûr...

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