Petite escale en fantasy, ce soir, avec un roman de plus
à entrer dans la catégorie « les rattrapages estivaux du Drille ». Un
roman de fantasy, c’est vrai, mais construit comme un thriller et même comme un
roman de guerre dans sa deuxième partie. Mais ne vous arrêtez pas simplement à
cela, la réflexion qui porte le roman touche à des sujets qu’on peut tout à
fait appliquer à notre monde : l’Histoire et comment on la raconte,
l’éternel choix entre la guerre et la paix et, parfois, la nécessité de
recourir à la première pour atteindre la seconde, les questions de dogmes
religieux aussi, et ce qu’ils peuvent souvent dissimuler, l’intégrité et le besoin
de vérité… Enfin, comment tirer des enseignements de tout ce que je viens
d’évoquer. Avec « Druide » (disponible en poche chez J’ai Lu),
Olivier Peru nous offre donc un roman de fantasy de fort belle facture et
récolte une moisson de prix amplement mérité (dont le récent Prix des Lycéens
Imaginales). Par la serpe et par le gui, en route au cœur de la forêt !
Imaginez un monde avec au nord, les Royaumes de Sonrygar
et de Rahimir, toujours prompts à guerroyer l’un contre l’autre, au sud, la
Terre des Tribus Unies, à l’est, un territoire mystérieux, interdit, séparé du
reste du monde par un mur empoisonné, le Mur du Rôdeur, et, enfin, au centre,
ou plutôt au cœur de ce monde, la Forêt.
Depuis plus d’un millénaire, cet ensemble essaye de vivre
en harmonie autour d’un texte, le Pacte Ancien, sorte de document fondateur du
monde tel qu’on le découvre au début du roman, et qui impose à tous les
couronnés, comprenez les dirigeants des différents Royaumes, des règles très
strictes, à respecter et à faire respecter absolument par tous.
« Inviolable est la forêt », voilà comment
commence ce texte, qui fait de cet endroit précis une sorte de sanctuaire où
seuls les druides, qui en sont ses gardiens, ont le droit d’évoluer librement. Ils
y ont d’ailleurs tous les droits et « l’ennemi de la forêt est l’ennemi de
tous », affirme-t-il encore. Gare à celui qui ne respecte pas ces
commandements, il en sera châtié par tous les autres.
Le Pacte Ancien définit également quatre catégories de
druides, les loups et les corbeaux, d’une part, qui peuvent sortir de la forêt
et servir d’intermédiaires entre la forêt et les hommes, et les cerfs et les
ombres, qui sont des prêtres, dirions-nous avec notre langage, chargé de rendre
le culte à l’Arbre-vie, la divinité de la forêt.
Voilà pour la situation générale, un peu d’histoire et de
géographie, maintenant, j’ai évoqué les deux royaumes du nord, Sonrygar et
Rahimir. Le Sonrygar se trouve à l’ouest, son emblème est un aigle à trois
têtes et son roi actuel, Yllias, jeune monarque de 25 ans, est assis sur le
trône d’or. Le Rahimir, son éternel rival, à l’est, a pour emblème un ours
dressé sur ses pattes arrière. Une grande partie de son territoire est occupée
par des montagnes et les glaciers de Thorsen, c’est pourquoi son roi actuel, Tiriekson,
siège sur le trône de glace. Entre les deux royaumes, une frontière naturelle,
un grouffre baptisé « la Cicatrice », dont la formation est au cœur
de nombreuses légendes.
Quand commence le roman, le druide Obrigan, maître loup
qui a pour particularité d’avoir les yeux blancs, chevauche vers le Sonrygar,
accompagné de ses deux apprentis, Tobias et Kesher, âgés de 16 et 17 ans.
Obrigan a été envoyé dans ce royaume par le conseil de la porte du nord, une
assemblée de druides âgés, chargés d’examiner les requêtes venus de chez les
couronnés.
Or, un massacre vient d’avoir lieu dans une des
forteresses du Sonrygar, toute proche de la Cicatrice, et, déjà, Yllias a fait
savoir qu’il soupçonnait sérieusement le Rahimir voisin d’en être responsable.
Un véritable casus belli, affirme le
jeune et ambitieux souverain… L’autre raison de cet emballement est une
prophétie qui fait d’Yllias celui qui réunira les deux royaumes du nord sous la
même couronne…
Mais, de cela, Obrigan n’en a cure. Sa mission est de venir
voir exactement ce qui s’est passé dans la forteresse de Wishneight, enquêter
sur ces faits, découvrir les responsables et s’assurer, puisque c’est le rôle
primordial des druides, que la paix sera maintenue. Une mission forcément
délicate pour laquelle on a choisi un druide qui n’est pourtant pas le plus
doué de sa génération, mais qui sait se montrer à la fois diplomate et
autoritaire.
Sur place, Obrigan découvre une scène de pure horreur. Un
massacre, effectivement, le mot est juste. A se demander si des hommes ont pu
commettre de tels crimes : 49 soldats littéralement éventrés ou décapités
au cœur même de la forteresse, dans la salle où trône le roi lorsqu’il vient en
visite… Personne n’a rien vu venir, l’ennemi est arrivé et est reparti comme si
de rien n’était…
Le seul survivant a apparemment complètement perdu la
raison après avoir été témoin de cette innommable boucherie, qui a fait
flancher même les plus endurcis des soldats du Sonrygar. C’est dire s’ils sont
remontés contre le Rahimir, forcément coupable, et donc prêts à se venger dans
un conflit forcément sanglant…
Il faut donc agir vite, mais Obrigan a du mal à cerner ce
qui a pu se passer à Wishneight, tant l’équation à résoudre paraît
inhabituelle. Et, pour couronner le tout, son seul témoin se suicide sans lui
donner d’indice viable à peine a-t-il vu le druide… Etrange attitude… Obrigan
apprend alors que Yllias a convoqué une institution : le Toit des Sages.
Ce lieu accueille des pourparlers pacifiques entre rois
des deux royaumes du nord autour de la Table-anneau, un meuble séculaire autour
duquel on essaye, de longue date, de régler les conflits avant qu’ils ne
dégénèrent en guerre. Or, Obrigan entend bien peser sur cette rencontre de tout
son poids de druide afin d’empêcher Yllias de déclarer à la guerre à Tiriekson.
La rencontre est houleuse, l’animosité entre les deux
camps est palpable, particulièrement entre Yllias et Jarekson, fils du roi
Tiriekson, qui ont, depuis des années, un lourd contentieux personnel. Obrigan,
pourtant, va obtenir un délai avant que n’éclate la guerre. Oh, pas énorme,
surtout eu égard à la situation qu’il a découverte dans la forteresse… Mais un
délai, tout de même…
Il a 21 jours, pas un de plus, pour amener à Yllias les
coupables du massacre de Wishneight afin qu’ils soient justement châtiés. Si au
bout de ces trois semaines d’enquête Obrigan n’a pas découvert le coupable ou
n’a pas réussi à le traduire devant le roi du Sonrygar, ce sera la guerre. Une
guerre qui ne se terminera que par la reddition d’un des deux royaumes.
Alors, il faut se mettre au travail, et vite. Pour cela,
Obrigan décide de lancer Tobias et Kesher dans le grand bain. Les apprentis
druides n’ont pas encore travaillé en solo sur une affaire, eh bien voilà le
moment venu : Obrigan veut en effet rentrer à la Forêt pour y quérir des
renseignements qui pourraient être utiles à son enquête, mais il veut, étant
donné la brièveté de son délai, avoir plusieurs fers au feu.
A Tobias de trouver un dessinateur capable de reproduire
les cadavres découverts à Wishneight afin qu’Yllias, qui n’a pas vu la scène,
puisse juger par lui-même et comprendre que celui ou ceux qui ont fait ça n’ont
rien d’humain et donc, ne peuvent venir du Rahimir. Tâche délicate, car le
Sonrygar accuse très souvent son voisin de recourir à la sorcellerie…
Quant à Kesher, son travail sera plus délicat
encore : s’imprégner de la scène de crime, si je puis dire, et faire
fonctionner son don pour essayer de mieux comprendre ce qui a pu se passer dans
cette forteresse… Le don, c’est une aptitude réservée aux druides qui
s’acquiert avec l’apprentissage et la patience, et qui permet d’entrer en
contact avec les créatures vivantes, mais aussi, avec les pierres, par exemple,
pour ce qui concerne le cas présent…
En fait, Obrigan est persuadé que Kesher sera bientôt
capable de développer un don remarquable, bien plus fort que le sien, même, un
don qui pourrait lui permettre de visualiser mentalement les événements de
Wishneight comme s’il y assistait, ou du moins de recueillir des vibrations
suffisamment fiables pour aguiller l’enquête. Obrigan a conscience du
traumatisme que cela peut représenter, mais il n’a pas assez de temps devant
lui pour se passer de cette possibilité.
Voilà donc les trois druides chacun dans leur enquête.
Mais, vous vous doutez bien que rien ne va se passer comme prévu. Yllias n’aura
que faire des dessins présentés par Tobias, mais le monarque va prendre en
sympathie l’apprenti qui va l’accompagner pendant quelques jours… Kesher, lui,
reste devant cette pièce inexorablement muette, en attendant le déclic qui
tarde à venir. Et quand il vient, c’est pour l’emmener dans des territoires
particulièrement dangereux…
Enfin, Obrigan, de retour dans la Forêt, se sent suivi…
Piégeant son poursuivant, il découvre qu’il n’est autre que Jarekson, prince de
Rahimir, qui a enfreint le Pacte Ancien pour s’introduire secrètement dans la
Forêt… Malgré sa colère, Obrigan va pourtant devoir faire confiance au prince,
pourtant fort peu recommandable et fiable, s’attendant à chaque instant à un
mensonge ou une trahison…
Mais, confronté violemment, en plein cœur de la Forêt, à
de mystérieuses entités, sans doute les mêmes qui ont fait couler le sang au
Sonrygar, Obrigan comprend vite que rien dans tout cela n’est ordinaire… Et si
le massacre de Wishneight n’était qu’une diversion ? Et si l’ennemi
recherché dans les royaumes du nord jusque-là, se trouvait en fait au cœur même
de la Forêt ?
Commence alors une toute autre histoire, dont personne ne
sortira indemne et qui va remettre en cause tout l’équilibre établi depuis un
millénaire et dont la pierre angulaire est le Pacte Ancien. Obrigan lui-même va
voir sa vie bousculée, ses croyances malmenées, son sens du devoir remis en
question et sa fidélité à l’Arbre-vie et à tout son enseignement druidique
ébranlé…
Si vis pacem, para
bellum. J’aurais pu choisir cette maxime latine comme titre de ce billet
tant elle semble s’appliquer au roman d’Olivier Peru… Si tu veux la paix,
prépare la guerre, voilà ce qu’elle signifie, si vous n’êtes pas latiniste… Ce
sont donc les druides qui vont devoir se
battre, et sans calcul, croyez-moi, pour sauver ce monde dans lequel ils sont
censés garantir la paix…
La faute à un ennemi qui n’a rien à voir avec les litiges
permanents entre les deux royaumes du nord, un ennemi monstrueux à l’histoire
déroutante, qui se réveille comme un volcan, brutalement… Pour quelles raisons
et dans quels buts ? Ah, ça, je vous laisserai les découvrir, c’est
évidemment la fin du roman qui vous le dira.
Mais, « Druide », qui commence comme un polar
médiéval dans un monde imaginaire, prend soudain une tout autre tournure quand
Obrigan est attaqué dans la Forêt. Car, c’est le Pacte Ancien, respecté depuis
des siècles presque sans anicroche, qui, d’un seul coup, est littéralement piétiné
par un ennemi imprévisible, puissant et disposant de facultés hors normes…
Le seul moyen pour les druides de défendre leur Forêt,
leur divinité, l’Arbre-vie, leurs croyances, leurs dogmes, l’équilibre même de
leur société, entre les quatre clans, Loups, Corbeaux, Cerfs, Ombres, et, bien
évidemment, leur rôle de « force d’interposition » entre les royaumes
ennemis, c’est de devenir des guerriers, farouches et déterminés, sans peur ni
reproche. Il va falloir combattre et vaincre l’ennemi sinon… le chaos !
Tout cela est très simple, ainsi écrit. Mais n’oublions
pas un certain nombre d’éléments : dans 21 jours, la guerre éclatera entre
les deux royaumes du nord ; peu de druides, dans la Forêt, sont aguerris
au maniement des armes ; il y a parmi eux un grand nombre de femmes et
surtout d’enfants qu’il faut protéger avant même de penser les faire
combattre ; l’ennemi est difficile à identifier, possède un sens du combat
aiguisé et des armes qui dépassent de loin les capacités humaines, même celles
des druides…
Le seul moyen d’empêcher que la Forêt se transforme en
une seconde version de Wishneight et que l’ennemi, surgi d’on ne sait où,
ravage tout sur son passage et, pourquoi pas, ensuite, s’en prenne au royaume
voisin, c’est de faire jouer une des clauses du Pacte Ancien :
« l’ennemi de la forêt est l’ennemi de tous ». Autrement dit, si la
Forêt est attaqué, Sonrygar et Rahimir devront cesser leurs querelles et
s’allier pour combattre aux côtés des druides…
A condition d’être au courant de ce qui se passe dans la
forêt où, en principe, ils n’ont pas le droit de venir, juste la traverser par
le chemin des rois, vaste artère centrale qui permet d’aller du nord au sud.
Or, chaque tentative pour envoyer des messagers se solde par un échec, la Forêt
est encerclée, livrée à cet ennemi démoniaque…
D’ailleurs, quand j’ai dit qu’on ne savait pas d’où il venait,
cet ennemi, je me suis peut-être un peu avancé… Et si cette force avait réussi
à franchir le fameux Mur du Rôdeur ? Depuis la mise en place du Pacte
Ancien, nul ne sait plus ce qui a été refoulé derrière ce mur, ni pourquoi.
Sauf peut-être les plus anciens des druides, dont fait partie Freneon, le
druide qui a formé Obrigan… Mais, avoir des réponses sera-t-il suffisant quand
les druides risquent de crouler sous le nombre et a férocité d’ennemis presque
insaisissables ?
La partie « roman de guerre » de
« Druide » est passionnante, violente et pleine de rebondissements.
Pleine d’abnégation, aussi, car les druides ont conscience de la situation
désespérée dans laquelle ils se trouvent… Sans aide extérieur, ils auront beau
se battre de toutes leurs forces, de toute leur conviction, ils seront voués à
la défaite et le monde à l’atrocité… La forêt sera sans doute détruite et
disparaîtrait avec elle le culte de l’Arbre-vie et le Pacte Ancien…
C’est dire si l’enjeu est immense, pour Obrigan qui porte
sur ses épaules le poids de ce combat inégal… Un poids d’autant plus lourd que
c’est dans ces moments tragiques et périlleux que son univers va vaciller… Ce
qu’il va apprendre du monde dans lequel il vit et de son Histoire est
particulièrement déroutant… De quoi remettre en cause jusqu’à sa vocation de
druide, même.
Qui ne s’est pas retrouvé dans cette situation
pénible : devoir remettre en cause son idéal, politique ou religieux, face
à des événements qui viennent tout chambouler, tout remettre en question ?
Bien sûr, Obrigan pourrait tout abandonner, fuir, laisser tout derrière lui,
mais il se trahirait, alors. C’est son intégrité, peut-être sa dernière carte,
qu’il perdrait ainsi…
Il lui faut combattre, sans se poser de questions, car il
va devenir en quelque sorte, le général d’une armée en déroute, mais en gardant
à l’esprit un très (trop ?) lourd secret dont il ne sait pas vraiment quoi
faire… Le révéler maintenant serait catastrophique, les druides perdraient
courage et détermination… Et s’ils survivent à ce combat, que faire ?
Oui, il y a bien des questions qui se posent à Obrigan et
au lecteur, dans tout cela. Aux thèmes que j’ai évoqué en préambule, et que je
ne peux pas développer tous, car il faudrait trop en dire sur le roman,
j’ajouterais une notion presque paternelle, le sentiment inspiré au druide par
ses deux apprentis, Tobias et Kesher.
Obrigan a été comme eux, apprenti du maître Freneon. Et,
à ses côtés, il y avait un autre apprenti, Atrien. Obrigan considère le premier
comme son père, même si le lien, avec leurs fonctions les ont éloignés l’un de
l’autre, et le second comme son frère. Mais Atrien a disparu tragiquement,
marque indélébile dans sa mémoire…
Il ne peut s’empêcher de se revoir avec Atrien quand il
regarde Tobias et Kesher… Et il entend se montrer avec eux aussi juste, sévère
et pédagogue qu’avec des fils… La confiance dont il les a honorés en leur
confiant une part importante de la mission est le reflet de cela. Mais, il sait
également qu’en agissant ainsi, il les met en danger.
Un danger dont Obrigan va mesurer un peu plus l’ampleur
quand il va se retrouver au cœur de la bataille, face à un terrifiant ennemi.
Pourtant, en se séparant de ses deux apprentis, Obrigan va, sans le savoir,
placer deux pièces importantes sur l’échiquier qui se met en place. Deux pièces
qui joueront leurs rôles à des moments-clés du récit. Ce qui ne veut pas pour
autant dire que les dangers encourus seront moindres…
Tous les événements qui se déroulent dans les 600 pages
(en version poche) de « Druide » auront pour conséquence de
sérieusement redistribuer les cartes dans le monde construit sur et autour du
Pacte Ancien. Des conséquences positives et pourtant plutôt inattendues,
d’autres plus dramatiques. Mais surtout, des questions vont se poser à ceux qui
auront survécu…
Pas à tous, certains n’ont pas conscience du
bouleversement qu’aura entraîné cette funeste guerre. Mais, pour Obrigan et
pour les monarques du nord. Ils se retrouvent détenteurs de secrets bien
embarrassants et vont devoir choisir : restaurer la situation d’avant la
guerre qui a bien failli faire disparaître la Forêt ou bien construire quelques
chose de nouveau, en s’appuyant sur l’union qui s’est mise en place ?
Rétablir l’Histoire telle qu’elle est installée depuis
plus d’un millénaire et la rédaction du Pacte Ancien ou tenir compte des
informations qui ont été mises au jour pendant ces trois semaines
terribles ? On est dans un dilemme qui relève de la philosophie politique,
véritablement. Le soutien des rois du nord au choix final sera-t-il suffisant
ou bien la conscience du druide qui ne cesse de le tarauder depuis qu’il a
appris ce que cachait son univers quotidien ?
Allez, je vais lâcher le mot : peut-il cautionner un
mensonge pour conserver un équilibre certes fragile, mais bien moins que par le
passé ? Peut-il, du même coup, remettre en cause le statut de la Forêt et
de tous ses compagnons druides, déjà durement éprouvés ? Est-ce que
l’amour sera l’étincelle capable d’éclairer les brumes dans lesquelles se
trouve Obrigan ?
Ce n’est pas moi qui vais vous apporter les réponses à
toutes ces questions, mais Olivier Peru dans son roman, bien sûr. Enfin, toutes
les réponses, vraiment toutes les réponses, je ne vous le garantis pas !
Certaines décisions sont trop difficiles à prendre à chaud, elles nécessitent
un temps de réflexion, avec moins de pression que ce qu’a subi Obrigan en
quelques semaines… Mais nul doute que ces choix seront sages et éclairés !
Un mot sur le titre de ce billet. C’est Obrigan qui la
prononce, lors d’une conversation avec Jarekson, le prince du Rahimir. A cet
instant, la seule guerre dont il est question, c’est celle que doit empêcher
Obrigan entre les deux royaumes du nord. Il n’imagine pas à quel point cette
phrase sera prémonitoire pour la communauté dont il est issu !
La réflexion est intéressante, surtout venant d’un auteur
de roman, et de fantasy encore plus. La littérature, surtout les genres
d’imaginaire dans lesquels on insuffle une bonne dose d’aventures, réclame
presque cet archétype du héros. Obrigan serait plutôt un anti-héros. Peut-être
même un héros malgré lui, car ce n’est pas ce qu’il recherche.
Au fil des pages et des événements, Obrigan prend des
allures de héros grec. Et qui dit héros grec, dit héros tragique, forcément. Je
vois Obrigan un peu à la façon d’Enée, sur qui repose l’avenir du peuple
troyen. Le druide, sans forcément devoir s’exiler, devient le dépositaire du
futur des druides. En fait, si exil il doit y avoir, il est intellectuel :
quitter le Pacte Ancien pour refonder un monde voisin mais sur de nouvelles
bases.
Autour de lui, une Forêt pas loin d’être dévastée, des
druides dont le nombre a fondu comme neige au soleil, un enseignement qui, aux
yeux d’Obrigan, pourrait être remis en cause… Tout est à reconstruire et ceux
qui le feront n’ont rien de héros, bien au contraire, ce seront des survivants,
des druides qui devront assumer un nouveau statut de maître pour que la
population druidique soit régénérée…
Les martyrs, eux, ils sont innombrables, sans doute pas
seulement parmi les druides. Hommage leur est rendu, en grande pompe dans le
roman. Ils sont les victimes innocentes d’enjeux qui les dépassent, dont la
plupart ne sauront jamais rien. Des martyrs, on en découvre ailleurs, pire, des
damnés, eux aussi victimes de conflits sans doute inutiles…
Cette phrase, je crois qu’on peut la sortir de son
contexte livresque. Elle pourrait s’appliquer à bien des noms inscrits sur nos
monuments aux morts… Ne voyez pas dans ce mot « martyr » le sens que
voudraient lui donner certains, ces temps-ci, un sens justement empreint d’un
héroïsme de mauvais aloi… « Martyr », c’est d’abord le synonyme de
« victime », ne l’oublions jamais…
Et puis, parce qu’on ne va pas rester sur cette note
grave, « Martyrs », c’est aussi le titre du nouveau roman d’Olivier
Peru ! Une lecture qui se fera dans les prochains mois, sans doute, avec,
dans le viseur, la venue comme invité d’honneur du romancier au Festival Zone
Franche, de Bagneux. Et je ne doute pas que cette lecture sera parfaite pour un
nouveau billet…
Tu te régaleras avec Martyrs, j'en suis certaine ! :)
RépondreSupprimerUn livre que j'ai envie de lire depuis un bon moment maintenant^^
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