On a évoqué les subprimes
avec le dernier Connelly, on reste dans les questions de finance internationale
avec un roman qui revisite un classique de la littérature française pour aborder
la question des grandes banques d’affaires et de leur gouvernance parfois…
douteuse… L’auteur de ce roman sait parfaitement de quoi il parle, puisque, si
l’on sait qu’il a choisi un pseudonyme, la quatrième de couverture nous apprend
également qu’il est un des directeurs d’une grande banque internationale. Je ne
spéculerai pas quant au succès de ce livre, mais je l’ai dévoré en quelques
heures, regrettant presque sa brièveté. Mais c’est aussi un roman à clés qui
joue sur des thèmes aussi fort que l’ambition et la cupidité, mais aussi la
primauté croissante de la finance sur le politique. Entrez, poussez les portes
de la « Zalbac Brothers », un roman signé Karel de la Renaudière et
publié, en grand format, chez Albin Michel.
Jean Demester est un jeune Français qui a très tôt quitté
son pays natal pour s’installer aux Etats-Unis. Ce joueur de violon émérite,
amoureux de musique classique, y a vécu ces dernières années de différents
petits boulots. Comme, par exemple, chauffeur de maître. C’est cet emploi qu’il
occupe quand, un soir, il va faire la rencontre qui va changer sa vie…
Alors qu’il est arrêté et descendu de la limousine dans
laquelle il conduit ses clients, une autre luxueuse voiture vient se ranger
avec lui. Lorsque la vitre arrière descend, Jean entend un air de violon qu’il
reconnaît. La discussion s’engage alors autour du violon et se termine par une
invitation : Jean, qui a fait des études de finances et de maths avant de
traverser l’Atlantique, est convoqué au bureau de l’inconnu pour le lendemain.
L’inconnu, il ne le reste pas longtemps… Il s’appelle
Bruce Zalbac, surnommé « le King », et dirige la prestigieuse banque
qui porte son nom, la Zalbac Brothers. Son siège se trouve au Rockfeller Center
et, à son arrivée, Jean est pris en charge par Paul Donovan. Celui-ci va
prendre en charge les destinées de Jean au sein de la banque. En effet, le
voilà embauché pour 6 fois son salaire de chauffeur, alors qu’il démarre tout
en bas de l’échelle. De quoi tolérer l’insupportable Donovan et son intarissable
logorrhée…
Une information importante, tout de même, dans ce
laïus : chez Zalbac Brothers, il y a donc le King, tout en haut de
l’organigramme et, sous ses ordres, sept managing
partners, comprenez les associés, ceux qui décident des orientations de la
banque, de ses choix stratégiques et qui commandent aux grouillots comme
Donovan et Jean.
Pour Jean, changement violent de décor : dès les
premiers jours, il doit bosser à un rythme de dingue, stagiaire dans la journée
et en formation pour découvrir les arcanes de la finance américaine, le soir…
Au bout de ce marathon, une alternative claire : réussir ses examens et
grimper d’un échelon dans la hiérarchie ou… prendre la porte.
Mais Jean est un coriace, doté d’un caractère bien
trempé. Il s’accroche et va même saisir la première opportunité qui va se
présenter à lui pour se faire remarquer. Alors qu’il travaille sous les ordres
de Tim Dickens, un des soixante vice-présidents de la banque, qui a en charge
la préparation des dossiers de présentation des opérations de
fusion-acquisition aux clients.
C’est justement lors d’une de ses présentations que Jean
va remplacer Dickens au pied levé et décrocher la timbale. Oh, pas de quoi se
réjouir, cela ne va pas faire de lui du jour au lendemain l’étoile montante de
la Zalbac Brothers, pire, il frôle même le renvoi pour avoir pris une
initiative qui ne lui revenait pas, mais le voilà sur les bons rails.
A partir de là, l’ascension du jeune Français va être
fulgurante. Une ascension au cours de laquelle il va prendre tout le monde de
vitesse, y compris le très ambitieux Paul Donovan, pas du tout ravi de voir son
stagiaire lui griller la politesse en matière de promotion… Pourtant, les faits
sont têtus, Jean Demester saute les échelons plus qu’il ne les monte et on le
voit bientôt comme le chouchou du King, pardon pour la trivialité de
l’expression.
Désormais installé au poste de vice-président, Jean
continue de prendre des initiatives parfois courageuses, voire franchement
osées, mais il a toujours l’appui du Bruce qui va même finir par lui confier un
dossier et par n’importe lequel : préparer l’entrée en bourse d’un grand
groupe de luxe français, « Hermitage », à la réputation mondiale. Une
entreprise familiale qui traverse quelques turbulences quant à son avenir…
Jean est flatté, mais bientôt, le voilà fort
embarrassé : la personne avec laquelle il doit travailler est la jeune
héritière du groupe, Charlotte Lancier, une jeune femme qu’on décrit partout
comme étant aussi ambitieuse que déjantée. Elle défraye souvent la chronique
people par ses mœurs libérées et sa tendance à picoler un peu trop lors des
soirées auxquelles elle participe…
Tout cela, Jean est bien placé pour le savoir, il en a
été témoin peu de temps auparavant, chez lui, sans savoir qui était cette jeune
femme délurée et court vêtue qui a failli déclencher une émeute dans son
appartement… Une soirée d’autant plus mémorable qu’ils avaient fini la nuit
ensemble, une nuit torride qui les a profondément marqués tous les deux.
Comment, alors, s’occuper de ce dossier quand on est
amoureux de sa relation de travail ? On frôle le conflit d’intérêt,
non ? Peu importe, Jean poursuit sa tâche, espérant profiter de cela pour
voir régulièrement Charlotte. Mais, celle-ci est toujours entre deux avions et
ne sort jamais sans son chaperon, Stéphane d’Aubry, un énarque, chef de cabinet
à Bercy et, accessoirement, ami d’enfance de Jean…
Les deux hommes sont très différents, Aubry est lui aussi
un dévoré d’ambition, et, au fil des pages, se dessine le profil non pas d’un
chevalier servant pour Charlotte, mais d’un homme qui aimerait bien profiter
d’elle pour asseoir sa fortune et ses objectifs politiques élevés… Tout le
contraire de Jean qui, malgré sa réussite encore naissante, reste assez naïf et
les pieds sur terre (pas si facile quand on se retrouve avec le train de vie
des gens qu’on transportait encore il y a peu…).
Le dossier Hermitage, qui aurait dû être le dernier
tremplin de Jean avant la reconnaissance professionnelle, sera en fait la cause
de sa chute, aussi brutale que son ascension. L’entrée en bourse du groupe de
luxe est devenue un enjeu majeur de la part d’autres acteurs qui ourdissent
dans l’ombre un vrai putsch pour prendre les commandes de la société…
Coincé entre la loyauté envers Bruce Zalbac et son amour
pour Charlotte Lancier, Jean va se faire piéger et devenir personna non grata au sein de la banque même qui l’a vu éclore… Il
fait surtout l’objet de terribles pressions, d’une grande violence (pas
physique, plutôt des attaques personnelles) et se retrouve en position d’accusé,
bouc émissaire des comploteurs, qui, après Hermitage, se verraient bien
contrôler aussi Zalbac Brothers…
A Jean de trouver les ressources pour contrer ceux qui
ont voulu salir sa réputation et leur montrer que le naïf petit Français a plus
d’un tour dans son sac et qu’il sait lui aussi, sortir des sentiers battus pour
porter des coups bas… Dans sa lutte pour retrouver honneur et position sociale,
il va bénéficier d’un coup du sort et de coups de main assez inattendus…
Arrêtons-nous là en ce qui concerne l’histoire elle –même
et attaquons bille en tête le cœur de ce billet. Je ne pense pas qu’il faille
être grand clerc pour remarquer que la grande banque qui sert de cadre à ce
roman porte un nom pour le moins évocateur… Zalbac… Ca ne vous rappelle pas un
célèbre écrivain ? Eh oui, Balzac, choix qui est tout sauf un hasard tant
la carrière météorique de Jean Demester rappelle un certain Rastignac.
A quelques différences : Rastignac est présenté
comme l’archétype de l’ambitieux, du parvenu, je ne trouve pas que Jean,
surtout comparé à certains de ses collègues, corresponde à ce point à ce modèle
littéraire. En revanche, nul doute que le garçon est talentueux, culotté,
plutôt chanceux, mais surtout doué d’un opportunisme remarquable : il sait
saisir les occasions de progresser quand elles se présentent, sans hésitation
ni doute.
Il est également, je l’ai déjà signalé, assez naïf, pour
un homme appelé à nager au milieu des requins de la finance. Il ne se méfie pas
assez de ceux qui ne se gêneront pas pour lui planter quelques couteaux dans le
dos, et pas des couteaux à beurre, croyez-moi. Cette naïveté provoquera en
partie sa chute, mais cette expérience lui ouvrira les yeux et désormais, Jean
ne sera plus naïf, il va même découvrir le plaisir d’un certain cynisme, tandis
que son idéalisme va laisser la place à un pragmatisme qui lui permettra d’agir
sans état d’âme pour se venger…
Si le début du roman fait clairement penser au personnage de Balzac, tel qu'on le découvre dans le Père Goriot, le Rastignac de Karel de la Renaudière va tout de même suivre des chemins différents. L'arrivisme de Demester, encore une fois, n'est pas aussi évident que celui de son modèle involontaire. Et puis, chez le banquier du XXIème siècle, il y a quelque chose d'un autre fameux héros du XIXème : le Comte de Monte-Cristo... Emergence, chute et renaissance... Mais pour le cynisme, là, aucun doute, il est très balzacien !
L’autre dimension capitale du roman de Karel de la
Renaudière, c’est la banque elle-même. Si Rastignac devait, au XXIème siècle,
intégrer une banque d’affaires, une seule serait à sa dimension : Lehmann
Brothers. Oh, ce nom vous dit forcément quelque chose, si vous avez suivi les
actualités politiques et économiques de ces dernières années.
Lehmann Brothers, qu’on reconnaît à travers Zalbac
Brothers par certains événements clés qui interviennent dans le roman, c’est,
pour beaucoup, le diable incarné. Le fossoyeur de l’économie grecque, entre
autres, par son travail de spéculation forcené. Zalbac, c’est une puissance
financière gigantesque né d’un empire
familiale que certains essayent de dévoyer peu à peu afin d’asseoir leur propre
puissance
Là encore, comme dans le roman de Jeffrey Archer,
« Kane & Abel », évoqué l’été dernier sur ce blog, on a une
banque familiale, gérée comme telle et respectueuse de son histoire et de son
passé, où se posera forcément à un moment une guerre de succession. Bruce
Zalbac, qui n’est pas un vieillard en bout de course, mais un homme mûr, n’a
pas de descendant connu et, lorsqu’il passera la main, Zalbac Brothers ne sera
plus dirigée par la famille.
Or, comme ce fut le cas pour beaucoup d’entreprises
presque patrimoniales, en particulier en France, les fameuses 200 familles, on
a vu un changement radical de gouvernance quand des personnalités extérieures
ont commencé à prendre les commandes d’entreprises qui ne leur appartenaient
pas. J’ai aussi évoqué cet aspect dans le billet consacré au roman de Richard
Powers, « Gains ».
Les managing
partners de Zalbac Brothers s’agitent à l’idée de voir s’installer à la
tête de la banque un nouveau King, très différent de l’actuel, et qui aura une
vision très différente de la finance. Un de ces associés, appelons cela ainsi,
Chuck DeJarnette, le doyen de ces sept personnages, résume d’ailleurs très bien
cela dans une conversation avec un autre personnage (je ne vous dis pas lequel)
aux ambitions de plus en plus clairement affichées…
Il décrit l’affrontement de deux visions, d’abord celle
de Bruce Zalbac, patriarcale, reposant sur l’intuition, l’audace, le carnet
d’adresses et la connaissance des marchés. Une vision où le risque tient une
place importante, mais qui, aujourd’hui, est dépassé et remplacée par l’autre
vision, celle défendue par l’autre personnage présent dans ce chapitre.
Cette vision nouvelle de la finance ne repose plus sur de
l’humain, mais sur des algorithmes mathématiques, sur l’anticipation des
mouvements du marchés grâce aux projections réalisées par des ordinateurs de
plus en plus puissants. Ici, plus vraiment de place au risque, puisque on ne
mise pas sur ce qui n’apparaît pas comme gagné d’avance. Disons que le risque
est calculé, dans tous les sens du terme.
Au-delà du simple cas de la Zalbac Brothers, c’est
l’évolution du monde de la finance dans sa globalité que décrit Karel de la
Renaudière avec cet affrontement. Un monde qui se globalise, se mondialise,
choisissez le terme que vous préférez, et qui réagit en temps réel à la moindre
fluctuation d’un marché ou d’un cours, mais surtout qui se déshumanise de plus
en plus et, par conséquent, perd peu à peu toute forme de morale pour ne
devenir que l’outil d’une recherche effrénée de profits par n’importe quels
moyens.
Nul doute que, si Machiavel vivait dans notre époque, il
n’écrirait pas « le Prince », mais « le Banquier » ou
« le Trader », qui ont supplanté les élites politiques. C’est un
autre point important de « Zalbac Brothers » : la domination de
la finance sur le politique. Non seulement, au sein de la banque, on prend des
décisions qui influent sur l’ensemble de l’économie mondiale (y compris,
parfois, de façon volontairement hostile, comme la spéculation sur les
monnaies), mais les politiques sont à la remorque…
En cela, le personnage de Stéphane d’Aubry est très
intéressant. Cet aristo, énarque aux dents longues, occupe déjà un poste important
à Bercy, au cabinet du ministre. Pourtant, que ce soit dans sa manière
d’accompagner Charlotte Lancier ou, par la suite, d’entrer dans les manœuvres
clandestines de la Zalbac Brothers, jamais il n’a la main. Pire, on le voit
envoyer des SMS pour se tenir au courant des décisions des banquiers, et pas
pour en référer à son ministre…
Non, vraiment, il y a quelque chose de pourri au royaume
des banques d’affaires mondiales… La fin du roman laisse penser que les choses
pourraient changer, qu’une nouvelle ère pourrait débuter à la Zalbac Brothers,
pavée de bonnes intentions, mais, à peine le temps de dire ouf, et on se rend
compte qu’à cynisme, cynisme et demi, et qu’on peut parfaitement, sous des
apparences de colombe, conserver des attitudes de faucon…
Je crois qu’il faut bien dissocier les deux aspects qui
cohabitent dans ce roman : la partie balzacienne, autour de ce Rastignac
d’aujourd’hui, qui tient plus de la fable et de la satire que d’un calque de la
réalité ; et puis, cet état des lieux sur les tendances lourdes de la
finance mondiale, avec leurs conséquences néfastes clairement exposées (et,
n’en doutez pas, il y aura d’autres coups tordus !), qui là, sonnent comme
un signal d’alarme aux oreilles du lecteur…
N’ayez pas peur de vous lancer dans cette lecture, il n’y
a pas dedans de cours d’économie et de finance ardu, obtus… Tout est facile à
suivre, on ne rentre pas dans le jargon technique ou dans le cœur des
opérations en cours. Mais l’on voit parfaitement les guerres d’influence et de
pouvoir qui se déroule un peu partout, pour que les plus ambitieux (ceux qui
ont le moins de scrupules aussi, c’est vrai), puissent obtenir leur petit coin
de ciel vert (comme le dollar). Et, tant qu’il y aura de tels prédateurs en
passe d’accéder aux commandes, nous aurons tous du souci à nous faire, je
pense…
Un dernier aspect sur « Zalbac Brothers », et
plus léger, pour finir. Il concerne la musique. Jean, je l’ai signalé d’entrée,
est violoniste et, lorsqu’il doit conjurer le stress ou prendre une décision importante,
il se plonge dans la musique. Il s’isole pour jouer et cela l’aide énormément…
C’est grâce à ce goût pour le violon qu’il va nouer le lien avec Bruce Zalbac
mais aussi l’entretenir, jusqu’à la fin du livre.
Le King aussi, malgré son surnom rock’n’roll (remarquez,
avec un personnage prénommé Bruce, on aurait pu aussi le surnommer le Boss,
non ?), est un passionné de musique classique et en particulier de violon.
Lui n’en joue pas mais écoute toujours des concertos pour cet instrument quand
il le peut. Et il possède une discothèque dans laquelle le même morceau peut se
retrouver dans une multitude de versions, toutes différentes pour ce mélomane
accompli.
Si je parle de cette thématique musicale, ne croyez pas
que c’est par lubie personnelle. Je ne suis pas aussi mélomane que Bruce et
Jean, même si écouter de la musique classique est un plaisir. Non, si j’en
parle, c’est parce que la musique est au cœur du roman de Karel de la
Renaudière et le choix du violon est tout sauf un hasard.
Dans un orchestre, il y a le chef d’orchestre qui dicte
le tempo, les nuances, décide de tout et fait appliquer sa vision de la
partition aux musiciens qu’il a sous ses ordres. Le chef d’orchestre, dans
« Zalbac Brothers », c’est Bruce Zalbac. Et cette métaphore, vous le
verrez en lisant le livre, va bien plus loin que les élucubrations du blogueur
que je suis…
Mais, parmi les musiciens, l’un d’entre eux se détache et
a un rôle bien particulier, légèrement au-dessus des autres : le premier
violon. Il est le lien entre le chef d’orchestre et les musiciens, celui qui
mène la danse, si je puis dire, mais aussi celui qui peut porter le message des
autres musiciens auprès du chef quand des clarifications sont nécessaires…
Le violon est donc tout sauf un choix fait au hasard par
l’auteur. C’est un instrument qui détient du pouvoir dans
« l’organigramme » de l’orchestre. Et puis, ce n’est pas tout. Car,
si le premier violon est un musicien parmi les autres, on peut aussi faire
jouer un soliste. Et, lorsqu’un violoniste (ou tout autre instrumentiste, mais
ici, conservons notre logique) joue accompagné par un orchestre, nous avons un
concerto pour violon.
Ici, le soliste, c’est Jean, bien sûr. Il y a aussi un
premier violon, dans cette histoire, mais donner son nom en dirait un peu trop
sur l’intrigue, donc, je le laisse sous silence. En revanche, je vais parler de
ce soliste, incarné par le jeune banquier Français. Car, dans un concerto,
c’est lui qui donne le rythme à tous les autres, chef d’orchestre et musiciens.
Jean Demester, personnage central de « Zalbac
Brothers », est ce violon solo qu’on suit, nous aussi, lecteurs, note
après note. Et l’on se rend alors compte que l’histoire est construite comme un
concerto… En trois mouvements, un premier rapide, un second plus lent et un
dernier mouvement en feu d’artifice, sur un rythme plus soutenu. Je ne peux
encore pas trop rentrer dans les détails, mais cette similitude m’a vraiment
frappé au cours de ma lecture.
Et j’aimerais vous parler d’un autre événement fort
symbolique qui se déroule dans la dernière partie du roman et qui prend tout
son sens dans les dernières pages, mais là encore, ce serait vraiment trop en
révéler sur l’intrigue du roman. Mais, si vous avez suivi ce raisonnement
musical, alors, vous comprendrez aisément où je veux en venir…
« Zalbac Brothers » est un roman qualifié de
thriller sur sa quatrième de couverture. On peut le voir ainsi pour des
questions de rythme, mais c’est un pur thriller financier qui ne tourne
qu’autour des activités de la banque. Mais il est construit comme un page turner,
phrases et chapitres courts, et de l’intrigue, tendue sans être sanglante, naît
un vrai suspense.
Pourtant, le roman compte moins de 320 pages, avec une
police en gros caractères et des interlignes pas trop serrés. Ca va vite, oui,
mais peut-être un peu trop. A chaque étape, peut-être Karel de la Renaudière
aurait-il pu approfondir son récit, le rendre plus consistant. Attention, sans
tomber dans quelque chose de répétitif ou d’ennuyeux, mais en creusant certains
aspects…
Quand je dis que l’ascension et la chute de Jean sont
fulgurantes, par exemple, ce n’est pas seulement vrai dans les faits, mais
aussi dans la manière de les raconter. Quant à la fin, elle repose
effectivement sur une course contre le temps, avec un date-butoir qui impose
d’aller vite pour tous les personnages. Mais, là encore, un développement un
peu plus touffu n’aurait pas forcément été désagréable…
Allez, je chipote, au-delà du clin d’œil littéraire et
musical, « Zalbac Brothers » est aussi le regard un brin désenchanté
d’un homme sur le métier qu’il exerce et son évolution qu’il juge manifestement
inquiétante. Et pas que pour lui, pour nous tous. Sa démonstration est
convaincante, je trouve, et je serai assez curieux de voir évoluer le
personnage de Jean Demester dans un autre contexte romanesque…
Il y a certainement matière à creuser la question, ce ne
sont pas les vicissitudes de la haute finance qui manquent pour trouver
l’inspiration, Monsieur de la Renaudière !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire