lundi 1 juillet 2013

« Vivre la vie merveilleuse. Mais oui. La merveilleuse vie du renégat, du traître ».

Vous me connaissez, maintenant, je suis un adepte du billet au long cours… Je ne pars jamais dans l’idée de faire long (enfin, si, un peu, quand même…) mais ensuite, je me laisse emporter par l’élan et je fais long… Voici un roman fleuve, une saga historique passionnante, avec une kyrielle de personnages et des événements nombreux qui se déroulent sur une période de trente années… Comme je n’ai pas l’intention de vous donner un cours détaillé d’histoire italienne, je me disais que j’allais parler des personnages… Or, vous allez comprendre mon dilemme : voici un roman épique et violent, signé par l’auteur de « Romanzo criminale », Giancarlo de Cataldo, intitulé « les traîtres » (en poche chez Points Seuil). Je me disais que j’allais mettre en exergue ces traîtres, sauf… qu’il n’y a que ça, dans ce roman ! Ou presque… Différentes formes de trahisons, mais qui ont un point commun : elles font partie intégrante d’une période fondamentale de l’histoire de l’Italie.




A la chute de Napoléon Ier, la majorité des Etats Italiens (le pays est encore une mosaïque désunie) sont sous la tutelle austro-hongroise, même le sud de la Botte, pourtant monarchie indépendante où règnent des Bourbons. Mais, progressivement, apparaît l’idée d’une Italie unifiée, de Turin à la Sicile, de Venise à Naples, sans oublier Rome, sous domination papale.

Cette idée d’unification est défendue par deux camps aux vues et aux idées clairement opposés : d’un côté, le Royaume de Piémont-Sardaigne, de l’autre côté, des groupes d’hommes aux idées progressistes, qu’on désigne par le nom de sociétés révolutionnaires démocratiques. Ces sociétés agissent dans le sillage d’un homme, surnommé le Maestro : Giuseppe Mazzini.

On va y revenir, car ce Mazzini est le personnage central du roman. Mais « les traîtres », c’est d’abord le récit, mêlant événements historiques et personnages de fiction, de tous les événements, souvent violents et dramatiques, qui vont permettre à l’Italie moderne de naître. Je ne peux pas tout vous raconter, bien sûr, ce serait fastidieux, mais je vais m’intéresser à quelques-uns des nombreux personnages qui gravitent autour de Mazzini.

Commençons par Lorenzo di Vallelaura. Issu d’une noble famille vénitienne, ce jeune homme blond aux yeux bleus est l’autre personnage central du livre, celui qui fait véritablement le lien entre les faits historiques et la fiction. Très jeune, il se tourne vers les idées révolutionnaires, contre l’avis de son père, lieutenant-général de la marine austro-hongroise, pour qui l’idée d’une Italie unifiée est une absurdité.

La rupture est consommée lorsque Lorenzo, en 1844, débarque en Calabre, région appartenant au royaume Bourbon des Deux-Siciles, pour y mener un coup de force. Les assaillants ne sont que 17, soutenus, de loin, par Mazzini, qui vit en Angleterre après avoir été condamné à mort 10 ans plus tôt pour avoir fomenté un attentat contre le roi de Piémont-Sardaigne.

Mais, l’expédition calabraise de Lorenzo tourne rapidement au fiasco, suite à la trahison d’un des brigands calabrais censés aider les révolutionnaires… Après un procès sommaires, les responsables de l’expédition sont condamnés à mort. Mais pas Lorenzo. Son père est intervenu auprès des autorités locales pour venir défendre un fils qu’il blâme pourtant de ses actions.

Le baron de Vallelaura a le bras long, il a réussi à obtenir l’intercession de l’Empereur d’Autriche en personne pour que Lorenzo soit gracié. Mais, cela s’accompagne d’une condition, et pas des moindres… S’il veut vivre, Lorenzo doit renier ses idéaux pour devenir un espion du camp qu’il combattait jusque-là. Et, comble du déshonneur, sa mission sera de renseigner l’Empire sur les projets à venir de Mazzini…

Lorenzo hésite, mais accepte finalement ce contrat. Appelez cela de la lâcheté ou une terrible envie de vivre… Toujours est-il que Lorenzo ne finira pas comme ses acolytes devant le peloton d’exécution et ne se suicidera pas. Pour autant, ne croyez pas que sa décision est facile à digérer : le jeune homme nourrira alors une haine de lui-même qui ne cessera de s’amplifier au fil des années…

Pourtant, il accomplira sa vilaine besogne auprès de Mazzini, en triant les informations qu’il livrera à l’ennemi, c’est vrai, mais il agira contre les intérêts qu’il était venu défendre en Calabre. Et ce, avec une redoutable habileté qui l’empêchera d’être pris, malgré les doutes et les soupçons... Le plus étonnant, c’est que le seul qui ne sera sans doute jamais dupe du double jeu de Lorenzo, c’est Mazzini lui-même. « Notre destin est inéluctable, mon brave », lui dira-t-il même bien plus tard, sans pour autant sembler lui en vouloir, ni le dénoncer…

Durant ce quart de siècle, entre « le printemps des peuples », de 1848, embryon de révolution populaire qui touchera Paris, Vienne, mais aussi la Sicile ou Milan, jusqu’à ce que Rome rejoigne l’Italie unifiée et en devienne sa capitale, Lorenzo sera partout où les choses se passent, en Angleterre auprès de Mazzini, en Italie pour pousser à la révolte, trafiquer ou faire capoter les projets des factieux.

Au cours de ces années, il va croiser de nombreux autres personnages, dont la ravissante Lady Violet Cosgrave, fille d’un lord anglais et d’une indienne, et dont il tombera fou amoureux. Un amour non partagé, et de toute façon impossible, car incompatible avec ses activités d’espion. Lady Violet, elle, malgré ses origines sociales, a embrassé les causes progressistes en Angleterre et soutient également les Républicains italiens.

Parmi ceux qui se battent pour une Italie unie, il y a le mystérieux combattant sarde, condamné à mort dans son île natale et qui a pris le nom de Terra di Nessuno (Terre de Personne, traduit littéralement), un combattant redoutable, un militant fervent et un homme qui connaîtra un incroyable destin.

Mario Tozzi, lui aussi républicain, enfin, quand ça l’arrange. Car, bien vite, il va se désintéresser du combat en tant que tel pour essayer de faire prospérer des affaires lucratives. Lui qui est tailleur de formation aura du mal à se faire accepter en Angleterre, pays de la mode, déjà, dans cette profession, alors il deviendra importateur de Marsala, un vin sicilien… Une vie compliquée, faite de hauts et de bas, placée sous le signe du profit, bien loin des idéaux des autres exilés italiens… Pourtant, c’est lui qui ravira le cœur de Lady Violet…

Mario s’alliera en affaires avec un baron sicilien, Michele Liberato de Villagrazia. Comme Lorenzo, Michele a choisi les idées révolutionnaires contre l’avis de son père et a rompu avec lui. Pourtant, il va conserver de solides attaches dans son île, même une fois installé en Angleterre, grâce à un étrange personnage, Salvo Matranga, homme de main et de confiance. On reviendra plus tard au rôle de ce garçon, il est loin d’être anodin.

Enfin, je ne voudrais pas oublier le personnage le plus étonnant de ce roman. On ne la connaîtra jamais autrement que sous le nom de Striga, autrement dit, la Sorcière. Cette flamboyante rousse, au regard envoûtant, apparaît pour la première fois dans le roman en Calabre, lors de la mésaventure qui va pousser Lorenzo à se damner. Ensuite, suivant un chemin chaotique, passant par des aventures dignes de Dickens, elle se retrouvera dans cette société italo-anglaise où elle épatera vite son monde.

Car, bien que muette, Striga est un véritable génie. Si pouvoir magique elle a, il concerne les chiffres, qui semblent habiter son esprit en permanence et qu’elle maîtrise mieux que personne. Lors de son passage londonien, elle aidera sir Charles Babbage et Lady Ada Lovelace dans leurs recherches visant à fabriquer une machine capable de traiter les informations mieux que quiconque (en fait, l’ancêtre de nos ordinateurs).

Lorenzo, de son côté, fréquente assidument cette société qui gravite autour de Mazzini, utilisant les uns, aidant parfois les autres, mais toujours agissant dans l’ombre contre leurs intérêts. Mais pas toujours pour le même maître… En 1856, son supérieur autrichien, victime d’une cabale, se suicide. Lorenzo se croit libérer… Mais, c’est sans compter avec le responsable de la cabale, un certain Paolo Vittorelli de la Morgière…

Lorenzo et lui se sont déjà croisés auparavant, et Vitorelli en conserve une profonde rancoeur. Sa vengeance, il va la tenir en partie en contraignant Lorenzo à travailler pour lui. Or, Vittorelli est le chef des services secrets piémontais et travaille directement sous les ordres du Comte de Cavour, l’homme fort du Royaume du Piémont.

Ce ministre du Roi va travailler d’arrache-pied à l’union de l’Italie, qui serait alors placé sous la tutelle de la couronne de Piémont-Sardaigne, et pas sous forme d’une République sociale, comme le rêve Mazzini. Là encore, je ne développe pas le jeu d'alliances politiques, de rivalités, de guerres et de trahisons que cela recèle, tout est dans le roman.

Je peux quand même vous dire que cette fameuse unité de l’Italie, elle sera faite en 1861, lorsque le roi Emmanuel II, qui contrôle désormais tout le nord du pays, va annexer le Royaume des Deux-Siciles. Ne manquent plus à l’Italie, telle que nous la connaissons, que Venise et Rome, qui rejoindront le pays unifié dans la décennie qui suit.

Pourtant, cette unification n’arrêtera pas la lutte menée par Mazzini. Son rêve d’unification est devenu réalité, c’est vrai, à une différence de taille : Mazzini rêvait d’une République là où un royaume a été constitué… S’il est le vrai initiateur de l’idée, force est de reconnaître que d’autres ont su tirer les marrons du feu, Garibaldi, la tête brûlée, quand Mazzini est plus penseur et rechigne à aller sur le terrain, à la bagarre, et le falot Emmanuel II en tête.

En fait, si Giancarlo de Cataldo avait complètement centré son roman sur Mazzini, il aurait pu l’appeler « le Trahi », plutôt que « les traîtres », car, au final, Mazzini fait partie de ces cocus de l’histoire. Ces personnages dont l’influence fut immense en leur temps, qui firent changer les choses et qui, finalement, meurent oubliés de tous, dans la misère et sont rejetés en bas des pages des livres d’histoire.

Même si Cataldo ne semble pas forcément en phase avec ce que fut Mazzini, en particulier ses recours aux complots, au terrorisme (il est sans doute à l’origine du meurtrier attentat qui visa Napoléon III, rue Lepelletier, à Paris, en 1858, par exemple), il nourrit une admiration pour ce personnage qui lui semble plus méritant que Garibaldi, par exemple.

Mais, trop naïf, trop idéaliste, trop utopiste, pas assez à l’écoute du peuple, grand absent, bien souvent, des actions révolutionnaires, mais qui en payent souvent les pots cassés, Mazzini a laisser son rêver s’échapper et n’a jamais pu le mettre en place et le voir fonctionner. Le XIXème siècle sera celui de l’unification mais pas celui de la République…

En fin de roman, sous la plume de Vitorello, Giancarlo de Cataldo écrit : « Mazzini est le seul Homme qui, sans changer, en restant toujours fidèle à lui-même, n’est pas mort et n’a jamais été un idiot. Par chance, il est unique en son genre… » Une phrase qui conclut une comparaison entre Mazzini et Cavour (décédé au début des années 1860). Et Vitorello de songer à ce que l’alliance entre les deux grands hommes, Cavour, l’homme d’Etat, et Mazzini, l’idéologue, aurait pu donner…

Si le roman de Giancarlo de Cataldo nous en apprend beaucoup sur la période, l’Histoire de l’Italie et sa constitution en Etat uni et indépendant, ainsi que sur Mazzini, qui traverse le livre dans ses ambiguïtés, dans son mystère, presque, il aborde en creux un autre phénomène particulièrement intéressant… Celui de l’émergence de sociétés, puisque l’une d’entre elle se fait appeler ainsi, très structurées et qui, peu à peu, vont étendre leur influence non plus seulement à leur territoire d’origine, mais, par le biais de l’unification, à tout le pays.

Oh, vous allez vite comprendre. J’ai parlé de Michele Liberato, baron sicilien. Lorsqu’il commence son commerce de vin avec l’Angleterre, il explique à Mario, son associé, que le projet est lancé et qu’il devrait, d’ici quelques années, donner de confortables bénéfices. Puis, dans une phrase sibylline, Michele laisse entendre que ce sera plus important encore quand l’Italie sera unifiée et républicaine. Mais, lui, ne le dit pas ainsi. Non, il dit : « quand l’Italie sera notre chose ». En Italien : Cosa Nostra.

Dans « les traîtres », Giancarlo de Cataldo qui, avant d’être écrivain, est juge, évoque donc l’émergence de la mafia sicilienne, mais aussi de la Camorra napolitaine. Il décrit comment ces organisations, pas encore tentaculaires, comme nous les connaissons de nos jours, mais déjà capable de dicter leurs lois sur leurs territoires, ont profité de l’unification pour asseoir leur influence.

En Sicile, c’est à cette époque qu’apparaît le mot « Mafia » en Sicile, d’ailleurs. Mais, le plus ahurissant, c’est ce que de Cataldo raconte sur la Camorra. En 1857, Terra di Nessuno participe activement à un débarquement révolutionnaire dans le royaume de Deux-Siciles, sous le commandement de Carlo Pisacane, un socialiste pur et dur.

Là encore, l’opération est un échec total, Pisacane est tué, les survivants de son corps expéditionnaire, dont Tessa di Nessuno, sont envoyés à la prison de Favignana, un îlot sicilien où sont détenus quelques gros poissons de la Camorra, qui en fait, commandent carrément les lieux. Tessa di Nessuno aura bien des démêlés avec ces fiers à bras, mais il ne cédera pas.

Pourtant, déjà, on peut voir sur une prison, comment la Camorra étend son pouvoir sur tous, détenus, matons, administrateurs… Mais, la démonstration est plus éclatante encore quand Naples tombe en 1860, lors de l’expédition des Mille. A la tête de mille volontaires, Garibaldi a d’abord conquis la Sicile et la Calabre. Naples se rendra sans combattre.

Et, pour assurer l’ordre nouveau, Liborio Romano, préfet nommé à Naples par Garibaldi, va désigner la Camorra pour devenir… garde royale ! Voilà les pires voyous, les assassins, les ex-taulards en charge de faire respecter l’ordre public dans la ville de Naples ! Une ville que la Camorra tenait déjà en sous-main, mais avouez que la situation est piquante ! les voilà en position de poursuivre leurs exactions en toute légitimité, avec la bénédiction de ce grand homme qu’est Garibaldi ! De quoi faire dire à un camorriste que c’est le monde à l’envers…

« Les traîtres » est une véritable saga historique, presque un roman russe, d’une certaine façon. Un roman fleuve plein de bruit et de fureur, de combats mais aussi de négociations, d’espionnage et de coups d’éclats, d’amours pas toujours heureuses et de désillusions. La version poche que j’ai en mains compte 620 pages, qu’on lit sans difficulté, avec grand plaisir.

On ne peut pas dire qu’on est à proprement parler dans un roman à suspense, puisque ce sont des faits historiques (d’ailleurs présentés d’emblée, avec une très bonne chronologie dans les premières pages du livre) qui constitue sa trame. Mais, on s’attache aux destins des personnages fictifs que nous présente Giancarlo de Cataldo et on a envie de voir où va les mener leurs vies aventureuses, leurs engagements plus ou moins sincères, leurs volontés de voir l’Italie de leurs rêves se faire.

Si vous n’aimez pas les romans foisonnants, avec de nombreux personnages, de nombreux théâtres d’opérations, si je puis dire, ou encore les vicissitudes politiques d’un continent en pleine effervescence, ce livre n’est pas fait pour vous, c’est une évidence. Mais, c’est d’abord et avant tout un vrai roman d’aventures, très bien fait, qui en apprend beaucoup, et pas seulement sur l’Italie.

Bien sûr, c’est le cœur de l’histoire et l’on découvre cet accouchement douloureux et imparfait (en tout cas, du point de vue révolutionnaire, qui est celui adopté par l’auteur). Mais ce qui s’est passé en Italie a aussi focalisé l’attention de toute l’Europe. L’Angleterre, qui accueille les révolutionnaires, mais sans leur laisser trop les coudées franches pour ne pas risquer de déplaire aux autres pays impliqués, l’Empire Austro-Hongrois et la France sont directement concernés. Sans oublier le Vatican et les différents Etats italiens, dont les dirigeants s’opposeront de toutes leurs forces à ces projets d’unification…

Les fragiles équilibres géopolitiques européens sont au cœur de ce roman. Là encore, il y a des trahisons, sans cesse, des renversements d’alliance ou des intérêts cachés qui poussent les uns ou les autres à agir. La position de la France du Second Empire, est d’ailleurs particulièrement trouble. Car, si les troupes françaises sauront parfaitement appuyer le royaume de Piémont-Sardaigne dans sa guerre d’indépendance contre les Autrichiens, première étape de l’unification, ce n’est pas sans arrière-pensée, vous vous en doutez…

Oui, « les traîtres » est un roman d’une incroyable richesse, rempli de personnages parfois détestables mais qu’on a du mal à détester, Lorenzo en tête. Etonnant de voir le jeune homme vivre avec la marque indélébile et pourtant invisible, en ce qui le concerne du traître. Il se débat d’un bout à l’autre du livre dans des affres de culpabilité dont rien ne pourrait le sortir, si ce n’est la mort, qui se refuse toujours à lui.

Je n’ai pas parlé, dans les personnages du roman, car il est assez secondaire, de Lord Chatam. Un aristocrate anglais aux mœurs dissolues et aux perversions abominables. Pourtant, au contact de Striga, il va revenir à une certaine humanité, jusqu’à ce que ce pessimiste ne replonge de plus belle dans ses déviances…

Si j’en parle, c’est parce que Lorenzo suivra un peu la même descente aux enfers, dans la dernière partie du roman. Une entreprise d’autodestruction terrible, menée avec un soin et une application sans faille, qui ne lui permettra même pas d’oublier son sinistre sort. Or, que ce soit Chatam ou Lorenzo, il y a dans ces moments (et plus encore chez l’Anglais) un côté Dorian Gray que j’ai trouvé frappant. C’est d’ailleurs un tableau qui sera à l’origine de la chute de Chatam…

Je termine cette digression pour en arriver à la conclusion. « Les traîtres », peut-on faire titre plus clair ? En effet, à tous les niveaux, les trahisons se multiplient tout au long du récit, véritables moteurs des événements qui se déroulent sous nos yeux. Que ce soit des trahisons intimes ou à lourde portée historique et politique, que ce soit les personnages réels ou fictifs, que ce soit les anonymes ou les puissants, tous trahissent quelqu’un ou quelque chose à un moment donné.

Tous, sauf Mazzini, droit dans ses bottes jusqu’au bout et, comme je le disais plus haut, victime, directe ou indirecte, de toutes les trahisons…  D’ailleurs, Giancarlo de Cataldo joue de cette situation à merveille, tous les propos tenus par Mazzini dans le roman ne sont jamais anodins. Exemple, lorsqu’il dit à Terra di Nessuno : « la trahison est une vilénie, mais si vous pouviez imaginer, mon ami, combien elle peut se révéler utile en certaines situations… »

Et, sur la même page, quelques lignes plus haut, alors qu’on lui demande si, oui ou non, il fait punir les traîtres repérés dans son entourage, il élude en répondant : « c’est l’Histoire qui s’occupera d’eux. Le poignard est réservé au tyran ». Venant d’un personnage que l’Histoire a justement bien souvent reléguer au second plan, c’est visionnaire !


Pourtant, je me suis demandé pourquoi Mazzini était le seul qui n’avait jamais trahi, ni homme, ni idées… Et si, tout simplement, cela venait du fait qu’il n’avait justement jamais pu mettre en application ses idées ? Car, lorsque l’on défend une utopie, ne la trahit-on pas forcément lorsqu’on en fait une réalité ?


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