Attention, voici un premier roman remarquable à plus d’un
titre ! D’abord, par son gabarit, 880 pages, ensuite, par son ambition
narrative et romanesque, enfin, parce que c’est très réussi, qu’on ne le lâche
plus une fois qu’on l’a commencé et qu’on a là un vrai roman d’anticipation et
d’aventure signé par un Français. Bravo aux éditions Critic qui ont déniché une
perle rare avec « Point Zéro », d’Antoine Tracqui, médecin légiste à
Strasbourg et, apparemment, homme fort érudit et fort curieux, à l’imagination
débordante. Vous voulez vous dépayser ? Vous souhaitez vivre des montées
d’adrénaline ? Vous avez envie de vous poser un tas de questions qui
trouveront réponse au fil des pages ? Vous voulez être surpris par un
amusant coup de théâtre final ? Alors, « Point Zéro » est fait
pour vous !
Caleb McKay est écossais, comme son nom l’indique,
dernier descendant d’un clan ancestral. Après avoir fait carrière dans les SAS,
les commandos britanniques, McKay a pris du recul et surtout investi argent et
savoir-faire dans une société spécialisée dans les sauvetages à risques, la Hard Rescues. Autour de lui, une petite
structure composée de personnes de confiance, et dans ce métier, c’est quand
même mieux, non ?
McKay travaille donc avec la ravissante Gretchen Vogt,
spécialiste en explosif, avec Joshua Tewaru, lui aussi ex-commando, mais pour
le compte de la Nouvelle-Zélande, et spécialiste des langues, et avec Vassili
Hautamäki, un colosse finlandais, aussi fine gâchette qu’il est baraqué, ce qui
lui a valu le délicat surnom de One-Shot… Un quatuor de choc qui a fait son
trou en quelques années dans ce milieu si particulier des sauvetages à risques…
Une réputation qui va leur valoir d’attirer l’attention
d’un nouveau client, et pas des moindres. Alors que McKay et son équipe
travaillent dans une mine d’or au Zimbabwé, la K2, un énorme conglomérat qui
brasse des milliards à travers le monde dans à peu près toutes les activités
humaines, du soda à l’armement de pointe, lui envoie des émissaires pour les
convaincre de travailler pour eux.
Vandell Richardson, un ex-marine, lui, on n’en sort pas,
et Poppy Borghese, une jeune femme au caractère bien trempé, c’est peu de le
dire, font partie du cercle restreint des hommes de confiance du fondateur de
la K2, Kendall Kjölsrud, un vieillard aussi riche qu’il est excentrique et
déterminé à obtenir ce qu’il veut.
Une arrivée qui tombe à pic, car McKay est porté disparu.
Même ses amis doutent qu’il puisse se sortir de la galerie creusée très
profondément sous terre où il a été enseveli par un éboulement au cours de leur
dernière intervention. Mais, comme je l’ai dit, quand Kendall Kjölstrud a
décidé quelque chose, alors, rien n’est impossible et le sauveteur va être sauvé
par une Poppy capable des pires folies, apparemment…
Une fois revenu de ses émotions, McKay s’entend proposer
un nouveau contrat, forcément juteux quand on connaît son commanditaire. Mais
un contrat à propos duquel Kjölstrud, son bras droit Viktor Bernstein, et les
proches du milliardaire semblent vouloir dire le minimum… Un vieux truc de
marketing, toujours efficace : aiguiser la curiosité de son interlocuteur
pour mieux le convaincre…
Et ça fonctionne ! Malgré le peu d’informations dont
McKay et ses potes disposent, ils acceptent la proposition du patron de la K2.
Direction l’Antarctique pour une mission qui n’a pas grand-chose à voir avec un
sauvetage, mais qui saura mettre à contribution, Kendall Kjölstrud n’en doute
pas, toutes les compétences de chacun des membres de la Hard Rescues. Y compris certaines compétences plutôt inattendues…
Dans cette expédition au pays des grands froids, Kjölsrud
est accompagné par les personnages déjà cités, ainsi qu’un certain nombre
d’hommes de main, chargés d’assurer la sécurité du Boss en toutes
circonstances. Et puis, il y a une section scientifique aussi, embarquée dans
cette histoire. Sarah Miller, spécialiste en glaciologie et qui travaille sur
l’interaction du réchauffement climatique sur l’état des glaces polaires et le
jeune Sanjiv, un surdoué aux talents considérables, allez, disons-le, un
véritable génie mais également un jeune homme fragile, souffrant de la maladie
d’Asperger…
Vous vous doutez bien que je ne vais pas dire ici ce que
tout ce beau monde va chercher dans les glaces du plus austral des continents,
le secret est d’ailleurs remarquablement gardé aussi pour le lecteur, mais ce
que je peux vous dire c’est que c’est justement la fonte des glaces et plus
particulièrement la formation d’énormes icebergs qui se détachent de la
banquise à cause du réchauffement climatique, qu’a été faite une découverte
extraordinaire.
Une découverte qui, en soi, pourrait parfaitement
justifier un tel déploiement de moyens humains et matériels pour aller voir de
plus près. Mais, et là aussi, vous vous en rendrez compte peu à peu, ce que la
K2 entend explorer de plus près recèle un grand nombre de secrets, des secrets
qui remontent à près de 75 ans en arrière…
Sachant que l’action se déroule en 2018, faites vos
calculs, cela vous donnera une idée de l’époque dont l’ombre sera omniprésente
tout au long de ce livre. Autre aura planant sur cette affaire, un mystérieux
jeune homme, un Italien, qu’on voit évoluer dans les premières pages du roman,
sans connaître son nom.
On le voit juste traqué par la police politique de
Mussolini et parvenir, in extremis et dans des conditions rocambolesques, à
fuir son pays natal pour une destination inconnue… Avec lui, une mallette dont
il refuse de se séparer… Sans doute contient-elle un grand nombre de réponses
aux questions que se posent, et avec de plus en plus de curiosité, McKay et ses
amis, et le lecteur avec.
Des zones d’ombre qui vont encore se renforcer quand on
découvre un autre vieil homme quitter en urgence son pays, toutes affaires
cessantes, accompagné, lui aussi, d’une escorte musclée, armée jusqu’aux dents
et n’ayant rien à envier à McKay, Tewaru ou One-Shot… Mais, aux côtés de ce
vieillard acariâtre et autoritaire, se trouve aussi une créature, je ne vois
pas quel autre qualificatif employer, primitive et féroce, dotée d’une force
surhumaine, d’une colère inextinguible et d’autres qualités plus
extraordinaires encore…
Vous allez me demander pourquoi ce vieillard agit de
cette façon ? D’abord, parce qu’il a eu vent de l’expédition menée par la
K2 et son richissime patron. Ensuite, parce que ce vieil homme n’est pas
n’importe qui. Bien que sortant tout droit d’une époque désormais révolue, en
tout cas, c’est ce que disent les livres d’Histoire, l’homme conserve un réseau
d’informations d’une redoutable efficacité, des moyens conséquents et une
autorité incontestable.
Lui aussi pense savoir avec précision ce que Kendall
Kjölsrud vient chercher en Antarctique et il entend bien lui brûler la
politesse, par tous les moyens… Il sait qu’à son âge, alors qu’il se sait
condamné par la maladie, ce sera sa dernière mission, un dernier coup d’éclat
qui fera briller à nouveau son étoile et le fera définitivement entrer dans la
légende. Oh, pas une légende très grand public, mais celle qui compte le plus à
ses yeux, une légende de l’ombre…
Vous avez maintenant (presque) tous les acteurs du roman
à disposition, il ne reste plus qu’à vous dire que ces deux camps vont se
livrer une lutte terrible, pleine de rebondissements, d’action, de baston, de
claustrophobie, d’incertitudes, de réactions dos au mur, de sauvetages plus que
risqués (mais n’est-ce justement pas la spécialité de certains de nos
acteurs ?) et surtout de dangers dépassant l’entendement…
Car, si McKay avait déjà failli laisser sa peau en
Afrique, au fin fond d’une mine en pleine décrépitude, ce qui l’attend, lui et
ses amis, ses alliés et même ses ennemis (à se demander si ces deux dernières
catégories ne se recoupent pas, parfois…) est bien plus effroyable et fascinant
à la fois, quelque chose capable de révolutionner nos sociétés, nos modes de
vie, notre avenir… ou de détruire tout cela à jamais.
Arrêtons-nous là pour ce résumé plein de trous, je vous
rassure, et parlons de ce roman qui m’a scotché à mon siège pendant 3 jours.
D’abord, commençons par quelque chose que j’aime énormément, les fidèles de
blog le savent déjà, le jeu de l’auteur de fiction avec la réalité historique.
Antoine Tracqui a su se saisir de faits et des zones d’ombre qui les accompagnent
pour tresser une remarquable intrigue, qui tient en haleine sur 880 pages,
excusez du peu !
Et là, je ne parle que du cœur de cette histoire, son
noyau, mais si j’évoque la pirouette finale, à la fois drôle et intelligente,
alors là, on atteint des sommets, croyez-moi ! Avec un joli paradoxe à la
clé : faire revivre les antagonismes du passé, qu’on croyait, si ce n’est
résolu, au moins éteints, dans un monde futuriste… Comme un volcan, les
rivalités d’hier se réveillent et leur éruption va faire de sacrés dégâts…
Au passage, Tracqui nous rappelle que ce n’est pas parce
qu’un pays change de régime politique, et de façon radicale, en apparence,
qu’il perd aussi tôt ses vieilles (et mauvaises) habitudes. Ce fond
d’espionnage qu’un Fleming, un Le Carré ou un Clancy ne renieraient pas n’est
pas forcément l’aspect le plus important du roman, après tout, il faut bien des
« méchants », mais la manière dont les relations internationales sont
affectées par l’expédition K2 et son objectif et se dégradent jusqu’à arriver
au bord du chaos, m’a passionné.
Je l’ai discrètement signalé, l’intrigue principale se
déroule en 2018. Dans seulement 5 ans… Et pourtant, j’ai eu, par moments, du
mal à reconnaître le monde dans lequel je vis. Non que les façons de vivre, de
penser et d’agir aient tellement changé, mais parce qu’on découvre en abondance
des développements technologiques, avant tout militaires, c’est vrai, mais
ayant aussi des applications civiles, qui sont tout à fait impressionnantes…
Oh, je ne vais pas tout évoquer, mais, et parce que c’est
à la fois un point de détail, mais aussi une façon de bien planter le décor, je
voulais évoquer ici l’omniprésence de l’intelligence artificielle, sous
différentes formes et avec toujours un souci d’efficacité et d’ergonomie. Je
pourrais aussi parler des asimovs et des hobbits, sortes d’automates également
dotés d’une intelligence artificielle dernier cri et bien utile dans bon nombre
de domaines…
Là encore, je ne peux pas ne pas évoquer Tom Clancy, pour
la précision avec laquelle Antoine Tracqui nous parle des différentes
technologies impliqués dans son histoire, de l’armement léger à l’aviation de
guerre, en passant par des précisions sur tel outil, telle technique ou tel
moyen de transport. Didactique sans jamais être ennuyeux, passionnant et
stimulant, assez souvent pour l’imaginaire.
Car, ne vous y trompez pas, nous sommes bien dans un
techno-thriller d’anticipation. Tous les éléments sont réunis dans ce livre
pour que nous ayons un très bon cru du genre entre les mains. Rassurez-vous, si
comme moi vous n’êtes pas scientifique pour deux sous, tout est toujours
clairement expliqué, voire sous-titré, quand le besoin s’en fait sentir. Car,
sans en dire trop, je peux révéler cela, les découvertes faites dans le roman
sont à caractère historique mais, et surtout, scientifique. Et du niveau prix
Nobel, attention !
Alors, quand on allie science et futur, on n’est jamais
très loin de la science-fiction. Certains éléments, en tout cas pour le profane
que je suis, relève clairement de ce genre littéraire, même si je pense que
tout n’est pas issu de l’esprit (un brin torturé) de l’auteur et que certaines
applications sont sans doute, à l’heure où vous lisez ces lignes, dans les
cartons ou en voie de développement… Certains vous feront rêver, d’autres flipper,
d’autres encore… les deux à la fois ! Comme ce « numéro » un peu
spéciale de voltige aérienne auquel le lecteur assiste médusé…
La dimension scientifique ne se retrouve pas que dans le
matériel. Un certain nombre de personnages de « Point Zéro », on va
le découvrir au fur et à mesure, ont des signes particuliers plutôt hors du
commun. Pour certains, on le devine assez rapidement, ce qui ne veut pas dire
qu’on tient le fin mot de l’histoire, pour d’autres, cela fera partie des
surprises que nous réserve le facétieux Antoine Tracqui…
Et puis, il y a la créature… Elle aussi relève de la
catégorie science, mais dans sa facette dévoyée, sans conscience ni morale…
Puisque j’ai déjà ouvert le bal des références possibles un peu plus haut,
pourquoi ne pas continuer ? Il y a du HG Wells, là-dedans, dans le côté
« tâtonnements » qu’on devine et qui débouche sur des erreurs
terribles. Il y a un effrayant contraste entre le côté rudimentaire, primitif,
de cette créature sortie d’un passé lointain, et la débauche de moyens
technologiques dernier cri qui est présent d’un bout à l’autre de « Point
Zéro ».
On continue les références, non pas celles revendiquées
par l’auteur, enfin, pas toutes, mais celles que j’ai cru apercevoir ici et là…
Les deux plus évidentes, et d’ailleurs, on retrouve ces noms en quatrième de
couverture, ce sont Clive Cussler et David Gibbins (même si je dois reconnaître
que je préfère largement le premier au second, qui ne m’a pas toujours
convaincu…).
D’ailleurs, alors que je n’avais pas vu la référence à
Cussler au dos du livre, je m’étais dit, en cours de lecture, que Caleb McKay me
rappelait Dirk Pitt, autre fameux aventurier livresque, mais sans les yeux
couleur d’émeraude. On retrouve chez Tracqui tous les ingrédients qu’on a
apprécié chez ces deux auteurs, grands spécialistes des thrillers d’aventure.
La partie antarctique du livre m’a rappelé deux lectures
passées : « Prison de glace », de Dean Koontz, un roman des
années 70 que Pocket avait réédité il y a quelques années déjà (peut-être même
au siècle dernier, eh oui), où l’on retrouvait l’angoisse liée aux étendues
glacées, désertiques, hostiles et imprévisibles des régions polaires ; et
« Deception Point », de Dan Brown, oui, oui, le Dan Brown, qui est,
je l’affirme, définitivement meilleur dans le techno-thriller que dans le
thriller ésotérique…
Vraiment, de belles fées littéraires se sont penchées sur
le berceau d’Antoine Tracqui. Le livre regorge de tant de détails pointus, de
concepts précis, de clins d’œil mathématiques (ah, ce nombre 313, si
particulier !), le tout sans jamais perdre le fil d’une intrigue complexe,
que je me demande combien de temps a pris la gestation de « Point
Zéro »…
Un travail d’orfèvre, en tout cas, et qui s’appuie aussi
sur des scènes d’action particulièrement efficaces, de bagarres et de combats
franchement impressionnants. Le courage des personnages rend modeste, si, si,
et le suspense est toujours présent, même quand le rythme semble se relâcher un
peu. On sait alors que, dans quelques pages, non, quelques lignes, il va se
produire quelque chose qui va nous clouer à notre fauteuil.
J’évoquais l’imagination de Tracqui en ouverture, son
talent est aussi de la partager avec nous, de nous donner à voir. Que ce soit
dans les scènes se déroulant (argh, je ne peux pas trop en dire) au cap Norvegia,
à la station baleinière de Grytviken, en Géorgie du sud, que ce soit sur glace,
sur terre, sous terre, sur mer, dans les airs, partout il se passe des choses
qui décoiffent et dont on se sent partie prenante…
Je pense en particulier à une poursuite en avion assez
particulière et terriblement spectaculaire qui est à déconseiller à ceux à qui
l’avion fait un peu peur… Parce que ça tangue, ça subit des turbulences, et pas
des petites, ça manœuvre en urgence permanente… Et tout cela n’est que le
moindre des dangers encourus !
Attention aussi si vous êtes claustrophobes, nos amis ont
une fâcheuse tendance à se retrouver coincés dans des endroits où le luxe et le
confort ne sont pas les préoccupations premières… Pour être franc, l’idée même
de mettre les pieds dans ce genre d’endroit ne me traverserait sans doute pas
l’esprit, où alors dans des conditions bien particulières, comme celles qui
vont pousser les personnages à s’y réfugier…
Et puisque j’évoque les personnages, ils sont
passionnants, on les découvre peu à peu, ils se dévoilent ou sont dévoilés par
les événements et ce que l’on apprend d’un certain nombre d’entre eux ou de
leurs relations, de leur passé, aussi, nourrit l’intrigue, apporte de nouveaux
éléments au lecteur et contribue aussi aux questions qu’on se pose, car on a
beaucoup de choses à cacher, dans ce groupe pourtant fort honorable…
On les voit aussi subir les événements, devoir se
décarcasser pour se sortir de situations graves mais pas (complètement)
désespérées, afficher des faiblesses, de la peur, des ambitions aussi (je parle
là pour tous les camps, sans distinction)… La cupidité, l’appât du gain et la
soif de pouvoir ne sont jamais bien loin non plus, et, avec tout cela, leur
éternel corolaire, la trahison…
Bien sûr, le héros, selon les critères en vigueur, c’est
Caleb McKay. Pourtant, comment ne pas s’intéresser à ce personnage étrange
qu’est Kendall Kjölsrud, un homme âgé qui possède tout (au sens propre du
terme), qui a atteint tous ses objectifs au cours de sa longue vie et qui
continue à se démener pour en atteindre de nouveaux…
Et puis, il a ce côté excentrique qui est tout à fait
décalé dans un contexte dramatique, dangereux. Je le dis comme je l’ai
ressenti, malgré les risques, physiques, financiers, Kjölsrud a l’air de
s’amuser comme un petit fou ! Cette expédition a sur lui l’effet d’une
cure de jouvence et il va même trouver le moyen, en pleine tourmente, de
s’adonner à quelques passions personnelles, sans pour autant en avoir toujours
le talent…
Ca, c’est la facette sympathique… Parce qu’il y a aussi
un aspect plus inquiétant chez ce magnat. Comme je l’ai déjà dit, la K2 est un
conglomérat tentaculaire qui semble posséder au mieux des parts partout, au
pire, des participations majoritaires partout… Anecdote : la K2 a lancé un
soda au cola qui a détrôné les leaders du marché depuis un bail… Mais, c’est
une entité qui a la solution à tous les problèmes qui se présentent : une
puissance financière sans limite.
Un obstacle se présente ? Pas de souci, aucun
obstacle qu’un gros chèque ne peut effacer… Il y a dans ce potentat quelque chose
d’inquiétant, comme si on se sentait presque déjà racheté par la K2… Mais, le
pire, c’est ce qui motive Kjölsrud dans cette aventure, et le pouvoir
gigantesque qui pourrait se retrouver entre ses mains…
Je ne le crois pas forcément foncièrement mal intentionné,
comprenez-moi bien, mais la philanthropie a aussi des limites. Et, surtout,
lorsqu’on joue avec des allumettes, on risque bien de mettre le feu, avec des
conséquences qui pourraient être cataclysmique (on en a d’ailleurs un aperçu
dans le cours du roman).
Au final, je me suis passionné pour « Point
Zéro », je ne voulais pas décrocher, connaître les fins mots de cette
histoire aux nombreuses ramifications. On ne cesse de se demander comment ils
vont pouvoir se sortir des pièges, survivre, même, puis comment ils vont faire
avancer leurs projets, comprendre, maîtriser tous les paramètres, et enfin,
résoudre l’équation qui leur était posée…
On s’attache aux personnages, le coriace highlander
McKay, le vieil excentrique Kjölsrud, le rigolard One-Shot, la mystérieuse et
coléreuse Poppy… Sans oublier les autres, bien sûr, mais je suis le maître à
bord ici, alors, je mets en avant mes préférés, et puis c’est tout ! On
tremble pour eux, on est épuisé, à bout de souffle et de nerfs avec eux, on est
abasourdi comme eux devant les révélations qui nous apparaissent…
Et on se dit qu’on les retrouverait bien pour de
nouvelles aventures, tout aussi palpitantes et dangereuses…
Un dernier mot pour saluer les éditions Critic. D’abord,
c’est une habitude maintenant, pour saluer la qualité de leur production, et
pas seulement en thriller, d’ailleurs. Ensuite, parce que c’est une petite
structure qu’il convient d’encourager, une pépinière de talents avec un pif
extraordinaire pour nous sortir de leur chapeau de nouveaux auteurs. Enfin,
parce qu’en ces temps difficiles, être à la fois libraire spécialisé dans les
genres de l’imaginaire et éditeur, c’est loin d’être une sinécure. La mise
n’est pas énorme, mais les résultats toujours de qualité.
Et avec recul et humour, comme en témoigne la courte
biographie d’Antoine Tracqui en quatrième de couverture : « Antoine
Tracqui est médecin légiste (…) Si d’aventure vous mourez en Alsace – de
préférence de façon violente -, il se fera une joie de disséquer votre
cadavre… »
Je ne vous cacherai pas que ce finir sur la table
d’autopsie de Tracqui n’est pas ma priorité, ou alors, pas avant un certain
temps, mais rencontrer cet écrivain qui, je pense, est plein d’avenir, pour le
saluer, le féliciter et parler de « Point Zéro », alors là, je dis
oui, cent fois oui ! Et, d’ores et déjà, je suis impatient de découvrir ce
qu’il nous réservera à l’avenir, car je suis certain qu’il saura encore me
faire voyager et me procurer toute une palette d’émotions.
Je viens de le finir et ne pouvant faire mieux que ta critique, je vais juste dire :"respect, ce livre est fabuleux!!!". Un tout grand merci à l'auteur!!
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