Julien n’est plus le même depuis que son père, un avocat américain, est mort dans le crash de l’avion qui a touché le Pentagone le 11 septembre 2001. Perdu, confus, désabusé, en perte de repères, il ne sait plus vraiment comment mener sa vie, comment entretenir ses relations avec sa mère, une Française, avec ses amantes, comment continuer à travailler… Un flou total.
Seule lumière dans cette période obscure, Carolyn Gerritsen. Cette femme, âgée d’une cinquantaine d’années et atteinte de sclérose en plaques, est depuis quelques années un des fleurons de la littérature américaine. Julien a dévoré tous ses premiers livres et a décidé de lui consacrer un travail biographique…
C’est donc avec une certaine impatience qu’il se rend dans une grande librairie de New York pour faire dédicacer par l’auteur un de ses romans, mais aussi pour essayer de nouer un dialogue avec elle qui puisse nourrir sa notice. De fil en aiguille, le courant va passer et ils vont communiquer et se voir à plusieurs reprises, jusqu’à instaurer une relation de confiance.
Une relation qui va culminer avec une offre de l’écrivain au jeune Français : accepterait-il, contre rémunération (et ma foi, fort coquette, la rémunération…) devenir le précepteur de son fils, afin que celui-ci apprenne à parler la langue française du mieux possible ? Pour cela, Julien devra quitter la côte est car Ryan vit avec son père à Los Angeles…
Après un moment d’hésitation, Julien finit par accepter la proposition, sans vraiment comprendre sa portée… Précisons que Ryan a 22 ans, il est donc à peine plus jeune que Julien. Il vit donc avec son père, Larry Gordon, depuis le divorce de ses parents. Larry Gordon est un producteur en vue pour le cinéma et la télé et son dernier carton en date est une émission de télé-réalité à laquelle il a fait participer Ryan et dans laquelle il a rencontré sa nouvelle épouse, Ashley, 23 ans, jeune, jolie et prometteuse chanteuse…
Larry, Ashley et Ryan vivent donc dans une immense propriété baptisée « Blue Jay Way », mais ils n’y sont pas seuls. Bien sûr, il y a du personnel pour entretenir tout ça. Seulement 5 de ces employés sont des permanents, assistant, cuisinier, jardinier, responsable du ménage et un chauffeur. Mais, ce n’es toujours pas tout : Ryan vit entouré d’une espèce de cour dont il serait le roi, ou plutôt le paon, faisant la roue en permanence…
Ses amis, ce sont Aaron, qui porte la kippa, lit Time magazine et multiplie les phrases sibyllines, Tyler, gay et fier de l’être, cynique à souhait et qui flashe sur Julien dès leur première rencontre, Richard, le plus souvent vêtu de cuir, le costaud de la bande, pas plus sûr de lui pour autant, et Crystal, punkette et gentiment déjantée, girlfriend de Richard bien qu’envisageant plus l’amour sous un angle très libre…
Enfin, le décor ne serait pas complet sans citer Curtis Hayden, l’avocat de Ryan. Or, défendre les intérêts d’un tel client, bambocheur, porté sur l’alcool, la drogue, les provocations et les blagues de potaches, mais aussi sur les projets capables de lui mettre à dos le tout-Hollywood, croyez-moi, c’est un métier à plein temps. Un sacerdoce, presque. Ce qui explique sans doute que Hayden, bien que ne vivant pas à « Blue Jay Way », y passe une bonne partie de son temps…
La distribution est présentée, le décor est esquissé, mais imaginez ces baraques ahurissantes qu’on voit dans pas mal de films ou de séries, dans les magazines people aussi, eh oui, quoi que « Blue Jay Way » semble encore plus impressionnante que n’importe quelle villa de star… Voilà le lieu paradisiaque dans lequel va vivre Julien… Ou pas…
D’abord, parce que l’ambiance n’est pas vraiment au travail, que Julien, en découvrant Ryan, a aussitôt compris que le Français était le cadet des soucis du garçon et qu’il préférait n’e faire qu’à sa tête avec sa bande, enfin, qu’il va falloir s’habituer à cette vie de luxe, mode alcool, sexe, drogue et rock’n’roll, qu’il ne connaissait que de loin jusque-là.
D’ailleurs, une des premières impressions que Julien va pouvoir se faire de cette élite sera une soirée d’anniversaire grandiose organisé pour et par Ryan dans la villa. Au programme budget illimité et alcool à gogo, concert des Strokes, rien que ça, galerie de tout ce qui se fait de plus riche et de plus fêtard autour de la piscine, avec, excusez du peu, Bruce Willis, Sean Penn et même James Ellroy, tout… hum… disons, en pleine forme, si vous voyez ce que je veux dire…
On se croirait dans un roman de Brett Easton Ellis, description au vitriol de cette riche société décadente, avec « name dropping », description des marques des fringues les plus tendances du moment, ambiance destroy à souhait et, au milieu de tout ça, un Julien qui se sent comme un poisson… dans un mixeur…
Mais, en dehors de ces montées d’ambiance soudaines, assez courtes et qui ont tendance à faire sacrément mal aux cheveux, force est de reconnaître que, la plupart du temps, à « Blue Jay Way », on s’ennuie… Larry bosse du soir au matin et ne rentre pas toujours le soir, Ryan vaque à ses mystérieuses occupations avec sa troupe, mais sans rien en dire à Julien et sans le convier… Ne reste finalement qu’Ashley pour discuter…
… Et plus si affinités… Eh oui, le sage et gentil Julien, neurasthénique et misanthrope va succomber aux charmes fort appétissants de la brûlante Ashley… Une liaison adultère torride, dans la maison même du mari, qui, affirme la jeune femme, ne se gêne pas pour la tromper de son côté… Une liaison que les amants veulent tout de même garder clandestine. Mais, leur libido est telle que leur discrétion va s’en ressentir…
Ashley s’en moque, elle commence à parler de divorce, peut-être même de partir avec Julien loin de Larry et de « Blue Jay Way », lui est plus circonspect, prudent, inquiet… Parano, même, persuadé qu’il est que leurs ébats n’ont pas pu rester secrets et que, si ce n’est Larry, d’autres dans la maison sont au courant… A commencer par Ryan, ce que redoute plus que tout le Français…
A ce point, il faut donner quelques éléments sur Ryan. Comme évoqué plus haut, il a donc participé comme candidat à l’émission produite par son père (une énième resucée de Big Brother…) et cette expérience ne paraît pas lui avoir fait du bien… Depuis qu’il a quitté le show, il est très remonté contre son père et se comporte avec de plus en plus de désinvolture, négligeant ses études, jetant l’argent par les fenêtres, entretenant ses amis, multipliant les frasques…
Il faut dire que le jeune homme était tombé amoureux d’une de ses camarades de jeu et qu’il s’est retrouvé fort marri quand celle-ci lui a préféré son père… Eh oui, Ryan aussi en pince pour Ashley, voilà essentiellement pourquoi Julien, voulant à tout prix éviter de se mettre à dos un garçon avec qui il a déjà bien du mal à communiquer, souhaitait que sa relation avec Ashley reste très discrète…
Pas besoin de ça pour que l’ambiance à « Blue Jay Way » soit oppressante. Pour Julien, je l’ai ressenti comme ça, la villa devient une prison dorée dont il ne sort pratiquement jamais. Le voilà presque coupé du reste du monde, malgré les appels au secours de sa mère, malade, qui voudrait le voir rentrer en France…
Mais Julien s’entête. Alors qu’il commence à mettre son grain de sel dans l’ambiance assez délétère qui règne dans la maison, en cocufiant le proprio et attisant la jalousie de son fils à qui il est censé donner des cours, il ne peut se résoudre à partir. Sans doute faut-il y voir une pointe d’orgueil, qui le pousse à rester tant qu’il n’aura pas rempli la mission que lui a confiée Carolyn, qu’il ne veut absolument pas décevoir…
Alors, il assiste lentement à la dégradation de la relation entre un Ryan de moins en moins facile à contrôler et son père, aux doutes qui naissent autour d’Ashley et lui, aux messes basses de Ryan et de ses amis, dont les comportements sont de plus en plus intrigants… « Blue Jay Way » devient petit à petit une poudrière qui n’attend plus qu’une étincelle pour projeter des éclats partout…
L’étincelle, c’est la brusque disparition d’Ashley…
A partir de là, la situation déjà vacillante va sombrer dans un chaos indescriptible… La peur règne sur « Blue Jay Way ». Ou plutôt, elle étreint Julien, qui, encore une fois, pourrait fuir le navire, partir loin de tout cela et reprendre une vie plus tranquille, mais son attachement à Ashley va le pousser à rester. Il ne sait pas encore qu’il est un pion de plus sur un diabolique échiquier.
Avant d’aller plus loin, petite parenthèse, mais qui, vous le verrez si vous lisez le roman, aura son importance. Les chapitres dont Julien est le narrateur n’ont pas de titre, mais, dans le cours du récit, apparaissent des chapitres qui possèdent un titre et dont le contenu semble bien étranger à tout ce que je viens de vous raconter…
Tout cela est normal. Enfin, presque. Evidemment, vous vous doutez que cette « bizarrerie » va s’éclairer à un moment donné de l’histoire. Oui, c’est vrai, mais, si je le signale, c’est parce que ces chapitres ont également un rôle précis dans la construction du livre et dans un contexte plus global que je vais essayer d’expliquer sans trop en dévoiler de l’histoire… Une volonté de ne pas spoiler qui passera d’ailleurs par l’absence totale d’évocation du contenu de ces chapitres baptisés.
En fait, « Blue Jay Way », je parle du roman, pas de la maison, est une réflexion sur le réel et la fiction dans une société où tout se mélange tellement qu’on finit par ne plus voir la limite entre les deux. Larry produit des séries qui se veulent de plus en plus réaliste et des émissions qu’on présente comme de la réalité alors que tout y est en toc, en trompe-l’œil, des participants briefés aux montages scénarisés en passant par des situations complètement factices présentées à un public qui finit par penser que la réalité ressemble à la vie de ces gens-là…
D’ailleurs, la vie de Larry, Ryan et des autres pourraient parfaitement coller à ce qu’on voit dans les shows mettant en scène des « stars » comme la famille Osborne, les Kardashian ou Paris Hilton. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la jet-set sans jamais oser le demander ! Et, en prime, l’impression qu’on vous grave au fer rouge dans le crâne que cela peut-être un modèle de référence pour construire sa vie…
Mais, allons plus loin. La littérature a meilleure presse, croit-on, que ces programmes navrants qui libèrent du temps de cerveau disponible, comme dirait l’autre. Assurément, c’est le cas, mais Carolyn Gerritsen, adoubée, dit le roman, par Philip Roth en personne, est l’image d’une littérature sérieuse, mainstream, de qualité, reconnue par une certaine intelligentsia…
Or, que fait Carolyn quand elle écrit ? De quoi s’inspire-t-elle ? Où trouve-t-elle les idées de départ de ses romans ? Dans sa propre vie… Pourtant, les romans de Caroyn Gerritsen ne sont pas des autofictions, loin de là. Mais, dans chacun de ses romans, et entre le début du récit de Julien et le dénouement, il en sort plusieurs, la romancière injecte des épisodes de sa propre vie ou de la vie de certains proches, qu’elle intègre à ses fictions…
Là encore, comment faire la part des choses ? Ne brouille-t-on pas encore la limite entre fiction et réalité ? Bon, je le reconnais, je joue l’avocat du diable, c’est vrai. Pourtant, la réflexion mérite d’être faite lorsqu’on a fini de lire le roman de Fabrice Colin. J’ai écrit plus haut que Julien était un pion sur un échiquier, c’est exactement cela aussi de la part d’un auteur avec ses personnages, non ?
On a beau entendre très souvent les écrivains nous dire qu’ils partent avec une idée, mais que cela bifurque souvent en route, que c’est le roman qui décide et mène l’auteur et pas l’inverse (ne généralisons pas, mais on l’entend, et souvent de la part d’auteurs de thrillers ou de littératures d’imaginaire)…
Et si ce qui était une fiction pour l’un d’entre nous était une vérité pour un autre ? Et si la réalité, mise en fiction, était plus crédible que son récit brut ? Autrement dit, plutôt qu’une biographie, pas très attractive, pas forcément accessible par le plus grand nombre, on substituait une espèce de « livre dont vous êtes le héros », sans dé, dragon, magie, ni combats, mais un récit romancé de faits réels qui prendraient alors toute leur ampleur, comme la corolle d’une fleur qui s’ouvre au soleil (oui, je fais dans la métaphore lyrique, aussi…) ?
Et si l’histoire d’un livre et d’un auteur, c’était comme l’histoire de la poule et de l’œuf ?
Et si les personnages existaient avant que l’écrivain n’ait l’idée de son livre et prennent les commandes de son inspiration, de son esprit, de son écriture pour le faire aller là où ils veulent ? Et si un écrivain n’était pas un démiurge tout puissant ayant droit de vie et de mort sur les personnages à qui il donne vie sur le papier ?
Et si… Et si la vérité était plutôt tout le contraire de ce que je viens de dire ?
Fabrice Colin nous entraîne dans cette histoire et manipule joyeusement son lecteur de la première à la dernière page, non pas en posant toutes les questions que je viens d’énumérer, mais en les faisant germer dans l’esprit du lecteur, déjà bien déboussolé par les 550 pages qu’il vient d’ingurgiter, grâce à une fin ouverte qui pose question…
Qu’avons-nous dans les mains, au juste ?
Qui est Fabrice Colin ? Est-il le grand marionnettiste de tout cela ou bien est-il, au même titre que nous, la victime de la manipulation de ses propres personnages (d’un de ses personnages en particulier, pour être exact) ? Comment prendre, interpréter et comprendre ce qu’il nous raconte dans « Blue Jay Way » ?
Voilà tout l’enjeu de ce roman noir qui commence, je l’ai dit, comme du Brett Easton Ellis puis qui lorgne vers celui qui fait partie du casting, oh, brièvement, mais qui connaît si bien ces collines hollywoodiennes pour en avoir fait le cadre de plusieurs de ses livres : James Ellroy.
Attention, je parle en termes de construction de la tension dramatique et de la mise en place de son intrigue. L’élève ne cherche pas à singer le style fleuri et imagé du maître, le disciple est encore un petit scarabée, mais il est sur la bonne voie. En effet, on se laisse emporter ou plutôt, on se laisse emprisonner par ce roman, exactement comme le personnage de Julien.
Nous n’avons pas de chaînes aux pieds ni aux poignets, on peut refermer le livre, le laisser de côté, on est totalement libre de la manière dont on va le lire, et pourtant, on est comme hypnotisé par cette histoire qui va crescendo. Jusqu’à la disparition d’Ashley, on n’est pas vraiment dans une drame de polar ou de thriller, on découvre les personnages, on prend la mesure du décor et on se pose déjà un nombre fou de questions…
Qui est Julien, que vient-il faire là (je signale que le titre de ce billet, s’il résume, je pense, assez bien l’état d’esprit de Julien, est un slogan pour la future série produite par Larry… Là encore, croisons réalité et fiction, si vous le voulez bien !) ? Pourquoi Carolyn l’a-t-elle envoyé dans cette galère ? A quoi jouent Larry, Ashley et Ryan ? Qui sont vraiment les amis de ce dernier et à quoi jouent-ils quand ils disparaissent sans rien dire ? Pourquoi ces tatouages, ces masques à gaz, cette volonté de choquer le bourgeois ?
Et puis, que viennent faire là les fameux chapitres qui portent un nom, bien évidemment ?
Vous voulez les réponses ? Elles sont dans le roman, évidemment, et je ne vais pas y répondre ici. Pourtant, il faut, après toutes mes élucubrations, bien dire un mot de Julien. Julien, c’est Alice. Il a traversé le miroir en arrivant à « Blue Jay Way » et il ne contrôle plus rien du tout ensuite, perdant même jusqu’à l’envie de retourner de son côté du miroir…
Ce n’est quand même pas aussi simple. Le roman de Fabrice Colin est placé sous le sceau du mensonge… Tout le monde ment, par action, par omission, par paroles, dans ce livre. On se cache des choses, on complote, on raconte ce qu’on a envie de raconter aux autres… Tout ce que dit Julien le premier est d’ailleurs à géométrie variable en fonction de ses interlocuteurs.
Lui aussi ment énormément tout au long du roman et, puisqu’il en est le narrateur principal, on peut même se demander s’il ne nous ment pas aussi à nous, lecteurs, avec ses airs de garçons perdu, largué, décontenancé, sans cesse à la remorque des événements et des personnages, comme privé de sa volonté propre…
Oh, rassurez-vous, il est certain aussi qu’on lui ment et que tous ceux qui gravitent autour de « Blue Jay Way » sont peut-être même d’un calibre bien supérieur à lui dans ce mode de communication moderne qu’est le mensonge… Reste à savoir qui ment le plus, le mieux et, surtout, qui a le plus à cacher, dans cette histoire…
« Je n’ai jamais voulu être ici », fais-je penser, dans un hurlement muet, à ce garçon… Mais, moi-même, ne suis-je pas en train de vous mentir en disant cela ? Et Colin ne réussit-il pas l’imposture de nous faire croire que Julien est complètement à la masse ? Il y a une phrase dans le roman, dite à Julien par un autre personnage qui dissimule aussi beaucoup : « les mensonges vont-ils définir votre ligne de conduite ? »
A croire que ce garçon n’est pas très doué et que ses mensonges sont très vite éventés… Quant à sa capacité à remarquer quand on lui ment, elle ne paraît pas toujours très fiable… On le berne facilement, le petit frenchie, dans ce monde de requins… C’est peut-être son ex, Stéphanie, qui avait raison, alors, quand elle disait à Julien : « ta naïveté est un rempart »…
Un rempart contre quoi ? Contre les mensonges des autres qu’il gobe sans trop se poser de questions, avant de réaliser, mais un peu tard, qu’on s’est joué de lui ? Et de jurer, évidemment, qu’on ne l’y reprendrait plus, jusqu’à la fois suivante… Alors, Julien, cible idéale d’un manipulateur ou remarquable bluffeur, capable de cacher son jeu à la perfection ?
Et, s’il est manipulé, dans quel but exactement ?
Je vais m’arrêter là et vous laisser méditer (vous n’oublierez pas de cocher le formulaire de fin pour signaler si vous avez compris quelque chose à ce billet un peu… déjanté !). « Blue Jay Way » est un roman noir, sombre et violent, qui égratigne cette société hollywoodienne fondée sur le paraître et dans laquelle l’être, la profondeur de la personnalité est en voie d’effacement au profit de l’image.
Certes, le dénouement et le fin mot de l’histoire sont sans doute un peu trop tarabiscotés, mais, encore une fois, il convient de lire le roman jusqu’au bout pour accrocher son raisonnement et se faire sa propre idée sur ce qu’on vient de lire. Quant à l’ambiance et à la tension, chapeau, monsieur Colin, on se croirait dans un scénario pour un roman de David Lynch (d’où, peut-être, le tarabiscotage… Rien n’est simple, chez ce réalisateur !).
Ce n’est sans doute pas le roman parfait, mais, alors qu’on se demande un temps quand cela va démarrer, une fois que c’est parti, la tension monte de plusieurs crans, sans jamais baisser par la suite et chaque événement devient une raison de plus de se demander qui fait quoi dans ce jeu de Cluedo grandeur nature où l’on ne sait pas qui est le Colonel Moutarde, mais où l’on s’attend à ce qu’il trucide quelqu’un dans la piscine avec un raffinement dans la cruauté, physique et mentale, digne des plus magnifiques pervers de la littérature !
Ah, dernier point : la bande originale du roman, 100% rock indé anglo-saxon (sauf le chauffeur qui écoute Jay-Z, mais bon…), de Talk Talk à Gorillaz, en passant par les Strokes, les Killers et pas mal d’autres… Une play-list sans faute de goût et qui vient agréablement rythmer la lecture. Avec, au début du roman, une situation amusante, rétrospectivement : un ami de Julien veut mettre Sergent Pepper’s, le mythique album des Beatles sur la platine, mais le Français l’en empêche avec un lapidaire : « je n’écoute plus les Beatles »…
Et, devinez quoi ? « Blue Jay Way » ce n'est pas que le nom de la rue où se trouve la maison… c’est aussi une chanson des Fab Four !!
Et, à lire les paroles de ce titre (sur l'album "Magical Mystery Tour"), pas sûr que tout cela ne soit qu'un hasard... Facétieux, l'ami Fabrice Colin !
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