jeudi 8 août 2013

"Miami the base and the sunset glow, everyday like a mardi gras, everybody party all day, no work, all play, okay..."

Bienvenue à Miami, dit Will Smith dans un de ses titres, dont est tiré l'extrait qui sert de titre à ce billet. C'est presque le sous-titre du roman du jour, même si il vaudrait peut-être mieux prendre le titre du prologue du roman : "Issi on est à Mee-AH-mee Quoâ !", dans la traduction d'Odile Demange. Oui, nous allons plonger dans cette ville de Miami, que plusieurs séries télévisées récentes nous ont fait voir sous des jours exotiques quoi que pas toujours avantageux. Mais, avec "Bloody Miami" (publié en grand format dans la collection Pavillons chez Robert Laffont), Tom Wolfe, un des géants de la littérature contemporaine américaine, nous propose une satire virulente de cette ville à travers un roman choral dont il a le secret. En croquant les stéréotypes culturels de la cité floridienne, il met en exergue les dérives d'une société américaine où le principe fondateur du melting-pot ne fonctionne plus... C'est féroce, cynique, drôle, mais c'est aussi plein d'interrogations quant à l'avenir d'une société américaine en pleine mutation...





Nestor Camacho est un beau garçon, un costaud, il a d'ailleurs tout fait pour entretenir sa musculature dans une salle de gym de Hialeah, une ville de la métropole de Miami, où il vit chez ses parents, des immigrés cubains installés là avant sa naissance. Nestor est donc un américain, même s'il a été élevé dans une culture plus cubaine qu'américaine. Mais, son ambition, c'est de devenir policier...

Son premier poste l'envoie au sein de la patrouille maritime de Miami, dans laquelle il rejoint une équipe où il est un des rares latinos, comme on dit. Et, pour sa première mission, il va devoir mettre à l'épreuve ses qualités physiques impressionnantes. En effet, son équipe est appelé près du pont qui relie l'île de Key Biscayne à Miami. Là, un homme a grimpé en haut du mât d'un bateau, au grand dam de ses passagers...

Pour le bizut Camacho, la mission est de faire descendre cet homme de là, coûte que coûte, car, sur le pont, la foule s'est rassemblée, les médias ont rappliqué et tout cela fait mauvais genre... Alors, Nestor, incapable de persuader cet homme, dont il ignore les motivations, depuis le pont, va faire jouer ses biscotos et s'adonner à un de ses exercices favoris : le monter à la corde.

Le voilà qui, à son tour, monte le long du mât pour rejoindre l'homme, à la simple force de ses bras. Arrivé à une certaine hauteur, il parvient enfin à entendre l'homme et comprend qu'il s'agit d'un réfugié cubain et qu'il réclame le droit d'asile... Après des négociations ardues, surtout si l'on considère qu'il est suspendu dans le vide, il réussit à convaincre l'homme de redescendre avec lui. Mais l'homme panique et Nestor doit, en plus de s'occuper de la corde, supporter le poids du réfugier...

La scène est terriblement visuel, on ressent même le souffle coupé de la foule assistant à cette descente sans filet... Sauf que Nestor commence à peiner et que le réfugié s'agite, de plus en plus... Au point de les déséquilibrer tout les deux... Nestor n'a alors plus qu'une solution : se laisser tomber dans l'océan avec l'homme pour éviter de s'écraser sur le pont du bateau...

Plouf...

Un plongeon qui les sauve, mais qui va tout changer. Explication : une loi américaine garantit automatiquement le permis de résidence aux émigrés cubains qui parviennent à poser le pied sur le sol américain ; ceux qui sont interceptés en mer, en revanche, sont aussi automatiquement renvoyés à Cuba, sans pouvoir demander asile... On parle de pieds secs et de pieds mouillés...

En se jetant à l'eau pour sauver sa vie et celle du réfugié, il a fait de l'homme du mât un pied mouillé, scellant son sort aux yeux de l'administration américaine... Et voilà comment, le lendemain, Nestor Camacho fait la une de toute la presse locale, devenant un héros pour les uns (le Miami Herald en tête) et, pour les autres (dont el Nuevo Herald, journal équivalent à l'autre mais écrit en espagnol et destiné à la communauté cubaine de la ville), un traître...

Ce statut étrange, Nestor va avoir du mal à le concevoir... C'est en découvrant la façon dont sa propre famille va l'accueillir, le matin au petit-déjeuner puis lors d'un repas d'anniversaire, qu'il va comprendre que quelque chose cloche... Oui, un paria, voilà ce qu'il est devenu pour avoir fait son job du mieux possible et empêcher qu'un pauvre bougre désespéré ne perde la vie...

Ce qu'il ignore aussi, c'est que cet événement va également influer sur sa vie professionnelle, car son cas est débattu en haut lieu. Dans le bureau du maire de Miami, pour être précis, où son cas embête bien le maire tout-puissant, Dionisio Cruz, et son chef de la police, l'afro-américain Cy Booker... Que faire d'un garçon qui a rempli sa mission de son mieux, mais qui a froissé la majorité des habitants de la ville (et électeurs potentiels ?)...

Nestor Camacho et sa carrière complexe, entre héroïsme et disgrâce, vont être un des fils conducteurs du roman de Tom Wolfe. L'autre, ce sera la vie amoureuse mouvementée de Magdalena Otero, elle aussi enfant de la communauté cubaine de Miami, elle aussi élevée à Hialeah, elle aussi ayant une idée précise de ce qu'elle veut faire dans la vie.

Quand on la découvre, elle est au coeur d'une dispute homérique avec sa mère, à qui elle entend bien dire ses quatre vérités. Peu lui importe, elle sait où elle va, et ce n'est pas à Hialeah. Alors, après sa mère, elle va rompre une dernière attache, sa relation avec... Nestor Camacho, dont elle est la petite amie depuis un certain temps. Non, elle a d'autres ambitions, loin de la vie toute tracée qu'on destine aux petites latinas dans son genre...

Magdalena est infirmière dans le cabinet d'un psychiatre, un "américano", Norman Lewis, une sommité, affirme-t-il, dans son domaine, la lutte contre la porno-dépendance. Magdalena est presque naturellement devenue la maîtresse du grand homme et, s'il est ne vit pas avec lui, mais toujours dans un appartement en colocation avec une amie, Amelia, force est de reconnaître que la jeune latina a tout d'une femme entretenue...

Mais ce n'est qu'une première étape, Magdalena compte bien sur cette relation pour l'extirper de son milieu social originel et l'aider à monter dans l'ascenseur social qui l'emmènera vers les sommets, l'aisance, peut-être la reconnaissance, la haute société et tous ses avantages, où, elle en est sûre, avec son avantageux physique, elle saura briller et tirer son épingle du jeu... Mais Magdalena n'est pas au bout de ses surprises et, toute armée qu'elle se croit être pour cette aventure, elle va vite comprendre qu'elle est une vraie oie blanche...

Autour de Magdalena et Nestor, quelques personnages secondaires qu'il faut rapidement vous présenter. On commence par Edward T. Topping IV, classe n'est-ce pas ? Il est le patron du Miami Herald, un patron parachuté là par le hedge fund qui a récemment racheté le journal. Il ne connaît pas Miami, pas plus qu'au journalisme, qu'il pratique surtout en fonction des intérêts de ses investisseurs, tout ce qui va se passer n'a pas fini de le décontenancer...

Sous ses ordres, John Smith (eh oui, comme dans la légende de Pocahontas !), un jeune journaliste plein d'ambition et surtout d'idéal. Oh, n'allez pas croire que le jeune homme court après le scoop, non, lui, il fait son job : cherchez des informations pertinentes, les recouper, et ficeler un article aux petits oignons pour présenter le tout aux lecteurs.

Smith est le premier journaliste à avoir pu interviewer Nestor à peine celui-ci remonté de l'eau après son sauvetage spectaculaire et sa trajectoire personnelle va curieusement épouser celle du jeune policier, pour le meilleur et pour le pire. Ces deux-là vont sacrément secouer la vie mondaine pépère et bien réglée de Miami. Et John Smith va devoir se montrer sacrément convaincant pour que son travail soit reconnu à sa juste valeur. Comprenez : pour qu'il soit publié et non mis sous le boisseau...

Topping et Smith sont les deux seuls WASPs à tenir un rôle dans le roman de Tom Wolfe, le premier symbolisant l'Amérique d'hier, historique, tant par ses attitudes et son pedigree, que par la certitude qu'il a de dominer... En clair, il se fourre le doigt dans l'oeil jusqu'à l'omoplate : à Miami, il n'est pas grand chose, mais il a du mal à le comprendre...

Le second ressemble sans doute comme deux gouttes d'eau à ce que fut Wolfe lui-même dans sa jeunesse : un journaliste d'investigation qui ne se pose pas la question des intérêts des uns et des autres, mais cherche simplement à retranscrire dans ses articles, la réalité des faits et des milieux sociaux qu'il explore, avec objectivité et sans fioriture ni commentaire superflu... Bref, tout ce qui se perd dans l'Amérique d'aujourd'hui où, et on le voit bien avec la scène initiale sur le bateau, privilégie volontiers le sensationnalisme et l'immédiateté sur la profondeur des enquêtes...

Nestor va aussi faire la connaissance d'une famille haïtienne, autre communauté assez nombreuse à Miami, même si c'est bien inférieur à la communauté cubaine. Les Lantier. Le père est professeur à l'Institut Français, où il enseigne cette langue et, à son grand dam, le créole. Car Lantier multiplie les signes d'acculturation pour laisser derrière lui des origines qu'il juge sans doute peu glorieuses... Ainsi, quand on lui demande, de présente-t-il comme Français et non Haïtien et il multiplie les signes extérieurs d'appartenance à la culture bourgeoise, comme cette maison Art Déco dont il est si fier...

Son fils, Philippe, est un adolescent en pleine rébellion, logique à son âge. Contrairement à son père, il fait tout pour mettre en valeur son identité noire, parle créole, s'habille et pratique les codes de groupes de jeunes afro-américains au point qu'on redoute qu'il fricote avec des gangs... Son père est furieux de ce comportement qu'il juge inconséquent, dévalorisant...

Sa fille, Ghislaine, fait quelque part le lien entre les deux. Son père tient à elle comme à la prunelle de ses yeux, elle le tempère, protège son frère, tout en redoutant que tout cela aille trop loin. Mais, elle aussi garde contact avec sa communauté d'origine en faisant du bénévolat au sein du programme d'action sociale de South Beach. Elle travaille là auprès des noirs les plus pauvres, là où la drogue fait des ravages et crée des situations familiales plus que difficiles...

Toute timide, discrète et effacée qu'elle soit, c'est pourtant bien Ghilaisne qui, des trois membres de la famille Lantier, va avoir, presque sans le faire exprès, le rôle le plus important. Mais, comme avec les deux latinos, principaux protagonistes du roman, la famille Lantier vient parfaitement nourrir un des axes du récit de Tom Wolfe, sur lequel nous dirons un mot un peu plus loin.

J'ai déjà évoqué le maire, Dionisio Cruz, et son chef de la police, Cy Booker. Ces deux-là fonctionnent en tandem à chacune de leurs apparitions, mais peu à peu, il va y avoir de l'eau dans le gaz. La malice de Tom Wolfe, c'est de les mettre dans une situation impossible, complètement paradoxale à travers la toujours épineuse question du racisme.

En effet, Dio, comme on le surnomme, dirige la ville par et pour la communauté cubaine, mais il a aussi besoin, pour faire de Miami, une ville qui compte, d'une image immaculée. Or, les événements vont le mettre face à un cas de conscience qui va quasiment le mettre sur la sellette. A ses côtés, un chef de la police quasi inamovible, apprécié de tous. A son arrivée, fusent les saluts et les "Chef !", auxquels il répond.

Afro-américain, il est aussi une espèce de caution pour Dio. Or, quand les choses vont se compliquer et qu'il va falloir prendre des décisions, même si elles fâchent, la belle entente entre les deux va exploser et Chef va se retrouver écartelé entre ses origines et sa déontologie de flic... D'où une révolte, aux antipodes du fonctionnaire zélé et docile qu'il a toujours été jusque-là. Un choix sur lequel il va miser gros, en sachant bien que, dans tous les cas, c'est sans doute Dio qui ramassera la mise... A moins que...

J'ai évoqué Norman Lewis, le psy, spécialiste des thérapies contre la porno-dépendance, un job lucratif, sans doute, dans une époque où la pornographie est partout et les tentations nombreuses... Mais, Lewis est surtout un incroyable arriviste, qui profite gentiment de sa clientèle, caressée dans le sens du poil (euh... aucun sous-entendu pornographique ici, je précise) pour avoir ses entrées dans la haute... Dans le genre hypocrite magnifique, lui, il vise le titre olympique !

Enfin, dernière catégorie de notre tour d'horizon, les Russes. On en présentera deux : Sergueï Koroliov et Igor Droukovitch. Le premier est ce qu'on appelle un oligarque, appellation qui l'amuse beaucoup. En fait, c'est surtout un Russe au passé obscur qui a fait fortune, et pas qu'un peu, après la chute du régime soviétique. Il est blindé de thunes, le Sergueï et il sait en faire bon usage, en particulier lorsqu'il offre gracieusement au nouveau musée de Miami des tableaux de maître pour environ 70 millions de dollars, excusez du peu... Mais, derrière le philanthrope, l'homme a des côtés bien moins sympathiques.

Igor Droukovitch, oh, je vais faire simple, car je ne veux pas en dire trop sur son rôle précis. Sachez que, contrairement à Koroliov et les autres Russes riches installés à Miami, lui se verrait bien épouser le rêve américain... Mais il a besoin d'argent pour ça, surtout que sa passion pour les boîtes de striptease peut vite devenir onéreuse... Alcoolique et fanfaron, il a cette truculence de l'âme slave qui en fait un bon compagnon... mais aussi, parfois, un boulet...

Comment tous ces personnages s'agencent-ils dans "Bloody Miami" ? Eh bien, il vous faudra le lire pour le savoir. Mais, ce roman choral de Tom Wolfe en rappellera forcément un autre à ses lecteurs fidèles : "le bûcher des vanités". Construit sur le même modèle romanesque, il forme avec son devancier sorti il y a près d'un quart de siècle un étonnant diptyque à travers lequel on voit évoluer la société américaine comme un entomologiste regarderait ses insectes dans un terrarium.

On y voit surtout posée la question d'un communautarisme évident en train de s'installer dans un pays dont le modèle migratoire a toujours chercher à intégrer les nouveaux arrivants à son modèle. Mais, les exilés cubains, eux, on recréé Cuba à Miami, comme si de rien était et ils contrôlent finalement la ville aujourd'hui, majoritaire en nombre, occupant les postes économiques et politiques clés. L'espagnol y est la langue dominante, et non l'anglais, bref, comme Guantanamo est une enclave US à Cuba, Miami devient une enclave cubaine en Amérique...

Mais Wolfe constate juste, son raisonnement ne stigmatise pas les Latinos (car tous les émigrés d'Amérique Centrale, en Californie, par exemple, sont sur la même voie), il fait juste le point sur une évolution qui pose question : la difficulté de plus en plus grande pour ces communautés à se mêler les unes aux autres, comme l'huile et l'eau ne parviendront jamais à se mélanger... D'où des tensions raciales fortes, mais aussi un certain paradoxe, après avoir vu les difficultés pour la communauté afro-américaine à trouver sa place, même bien longtemps après la fin de la ségrégation.

Ici, Cubains, Haïtiens ou Russes, aucun ne se sent Américain et aucun ne semble vouloir l'être. Juste vivre là et profiter de ce que peut offrir le pays. Alors, après le melting-pot, qui fut si symbolique des questions migratoires aux Etats-Unis, et si on assistait à une transformation en une mosaïque ethnique du pays ? A plusieurs reprises, Wolfe emploie le mot tribu, plus que celui de communauté, pour qualifier le fonctionnement de ces groupes de population.

Nestor et Magdalena sont d'ailleurs deux exemples très intéressants, car on a vraiment l'impression qu'ils n'ont aucune idée de ce qu'il y a en dehors de leur quartier d'Hileah, qu'ils découvrent la vie à Miami, ce qui s'y passent, son actualité aussi bien que son mode de vie. Comme s'il y avait un sas à franchir entre leur univers quotidien et le reste de la métropole... A tel point que leur naïveté première finit par ressembler un peu à une ignorance crasse...

Je vais vite pour aborder les derniers points de ce très long billet, encore une fois, mais l'art et la pornographie sont des thématiques importantes de ce roman. L'art comme moyen de s'affirmer socialement. Oh, pas par goût ou culture, non, la plupart des collectionneurs ont besoin de conseillers pour savoir quoi acheter, quoi montrer... Non, là encore, on est dans une inculture profonde, ou plutôt dans la culture du signe extérieur de richesse et de pouvoir, et l'art en est devenu un : plus c'est cher, même affreux, et mieux c'est. Les artistes contemporains ont, à ce train-là, un avenir radieux devant eux, en continuant à "expérimenter"...

La pornographie, je l'ai déjà évoquée, elle est omniprésente... Un vrai monde freudien où tout est sexe et où le sexe, exactement comme l'art, devient un moyen d'affirmer sa puissance et sa position sociale... Jusqu'à l'obsession, ou plutôt l'addiction... Il y a un personnage aussi drôle que désolant, atteint de cette addiction, atteint de véritables tocs à caractère sexuel et qui, le pauvre, est manipulé sans vergogne parce qu'il peut être utile aux ambitions de son thérapeute... Quant à Magdalena, elle va très vite comprendre que le sexe est un outil parfait pour booster son ascension sociale, mais, elle oublie son corollaire : plus dure sera la chute...

Voilà, j'en finis avec un mot sur les scènes d'anthologie qui sont nombreuses dans le roman et qui permettent à Wolfe de jeter tout son fiel et de nous offrir des descriptions au vitriol de ce que devient la société américaine... J'en citerai 3 : la régate du Colombus Day, une espèce d'orgie maritime pour yuppies wasps friqués et leur progéniture (j'ai beaucoup ri, vraiment...) ; la visite dans une résidences pour retraités venus couler leur vieux jours sous la chaleur floridienne ("tout le monde ici est de New York, la ville toute entière a déménagé ici !") ; enfin, "les Maîtres du Désastre", une émission de télé-réalité dont nous allons découvrir les coulisses du tournage (délicieux...)...

Ne vous privez pas de lire "Bloody Miami", vraiment. A plus de 80 ans, et alors qu'il n'est pas prêt de finir dans une des résidences dont je viens de parler, Tom Wolfe a conservé toute sa verve, son impertinence, une certaine méchanceté, parfois, mais aussi sa capacité à nous offrir un livre sans temps mort, sans doute par ce recours au roman choral.

Il nous décrit l'Amérique telle qu'il la voit, dans ses évolutions, pas toujours rassurantes, avec la même malice, l'oeil qui frise toujours, mais aussi avec un grand sérieux derrière la façade de son humour corrosif et pince-sans-rire. Son adaptation à la modernité du langage est aussi assez étonnante : jamais on n'a l'impression qu'il singe, non, il reproduit, fidèlement, consciencieusement, et ça renforce l'efficacité du propos, parfaitement dans l'air du temps.


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